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We Move Together avec Erwin

Consultez ici la retranscription complète du podcast d'Erwin Telemans, directeur de Handicap International en Belgique, qui nous explique toute l'importance de l'accès aux soins de réadaptation, en prenant l'exemple du pied bot.

 

 

Junior : Bonjour Erwin !

 

Erwin : Bonjour !

 

Junior : Qui es-tu ? Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

 

Erwin : Je m’appelle Erwin. Je suis kiné de formation. Et aujourd’hui, je suis directeur de l’association belge de Handicap International.

 

Junior : Pourquoi avoir choisi la kiné ?

 

Erwin : Kiné ? C’est le plus beau des métiers que je pouvais imaginer. C’est un bon mélange entre le social, l’humain et la technologie.

 

Junior : Pourquoi es-tu retourné en Afrique après tes études ?

 

Erwin : Je suis né au Congo, à Kalanga. J’ai grandi à Bujumbura au Burundi, et c’est là où j’ai été confronté avec ce qu’un kiné peut signifier.

 

Junior : Quel est ton rôle aujourd’hui ?

 

Erwin : Aujourd’hui, comme directeur, je coache une superbe et belle équipe afin de faire grandir cette association ici en Belgique. On fait tellement de belles choses dans le monde… On a tous les outils nécessaires pour faire un beau trajet en Belgique.

 

Junior : À propos de ton parcours, veux-tu nous parler d’un projet en particulier ?

 

Erwin : Ce que j’ai fait dans le monde du pied bot, qui est une malformation congénitale, présente à la naissance du pied, le pied est tourné vers l’intérieur. Et si cette malformation n’est pas traitée directement après la naissance, ça mène à un grand handicap.

 

Junior : Pourquoi le pied bot ?

 

Erwin : Même en Belgique, des enfants naissent avec un pied bot. En moyenne, pour 1.000 naissances en Belgique, 1,5% de bébés naissent avec un ou deux pieds bots. Mais en Belgique, le bébé est directement pris en charge.

 

Junior : Dans quels pays as-tu pu implémenter des solutions pour traiter cette malformation ?

 

Erwin : J’ai travaillé 24 ans en Afrique, dans différents pays : le Soudan, le Congo, le Rwanda, le Kenya et la Tanzanie. Et dans tous ces pays, j’ai mis en place un programme de traitement de cette malformation.

 

Junior : Beaucoup de gens sont concernés ?

 

Erwin : 200.000 enfants naissent chaque année avec des pieds bots. Contrairement à la Belgique, en Afrique, les enfants ne sont pas directement pris en charge. Et si un enfant reste handicapé, il n’a pas de scolarité, il n’aura pas de job, pas de construction d’une belle famille…

 

Junior : Quelles sont les solutions durables pour soigner le pied bot ?

 

Erwin : Avec quelques bandes de plâtre, on peut remobiliser les pieds directement après la naissance. Avec peu de coût et peu d’efforts, on arrive à corriger cette malformation.

 

Junior : Quel est le rôle d’une sage-femme ou d’un agent communautaire pour aider à traiter le pied bot ?

 

Erwin : Le rôle de Handicap International est de former des agents sociaux communautaires mais aussi des sages-femmes, et des médecins, dans le cadre médical et paramédical, à tout d’abord reconnaître cette malformation au moment de la naissance. En Belgique, à chaque naissance, un test du corps est effectué : les yeux, les pieds… Et ces enfants sont directement pris en charge. En Afrique, ces tests ne prennent pas place et donc ces enfants rentrent à la maison sans que la malformation présente n’ait été identifiée. Ces enfants ne viennent à l’hôpital que quelques années plus tard quand l’enfant a vraiment mal.

 

Junior : Tu as vécu au Soudan. Qu’est-ce que cela représente de vivre avec le pied bot au Soudan ?

 

Erwin : Vivre avec un pied bot signifie ne pas avoir de futur. L’enfant a un handicap, il n’arrive pas tout de suite à marcher. Suite à cette malformation, l’enfant terminera sans éducation, donc souvent sans emploi, sans vie sociale… Et donc sans futur. Et pourtant une simple intervention peut vraiment faire la différence.

 

Junior : Est-ce compliqué de traiter un enfant qui a un pied bot ?

 

Erwin : Non ! C’est très simple. C’est un traitement peu couteux. Avec quelques bandes de plâtre qu’on achète chez le pharmacien, on arrive en 5 semaines à corriger cette malformation.

 

Junior : Et vivre avec le pied bot dans certaines régions du monde, est-ce un peu tabou ?

 

Erwin : Il y a beaucoup de tabous autour du handicap dans ces pays où j’ai travaillé. On cache son enfant handicapé, on ne sort pas avec… Certaines cultures croient que le handicap est une punition de Dieu ou que la maman a eu une relation avec un autre homme… Il y a beaucoup d’histoires qui circulent. Ensuite, les gens ne savent pas que cette malformation peut être traitée. C’est donc très important pour Handicap International de faire de la sensibilisation autour du handicap. Il y a des malformations qu’on peut vraiment traiter.

 

Junior : Comment ça se passe exactement chez Handicap International pour aider ces personnes ?

 

Erwin : Handicap International intervient dans les pays pour former le corps médical. En Belgique, le corps médical est bien formé. Dans les pays où nous intervenons, il y a peu de techniciens, peu d’experts présents. Premièrement, on forme tout le corps médical, les thérapeutes mais aussi les agents sociaux communautaires. Deuxièmement, on fait de la sensibilisation. Et troisièmement, on fournit du matériel : des bandes de plâtre et d’autres matières premières.

 

Junior : Comment vois-tu le futur de Handicap International en Belgique ?

 

Erwin : Avec la belle équipe de Handicap International en Belgique, on fait de la sensibilisation comme sur le terrain. Dans ce monde, il y a encore trop de différences. En Belgique, chaque enfant né avec un pied bot reçoit son traitement. On ne va jamais voir cette malformation quand on se balade dans la rue neuve à Bruxelles. Dans beaucoup de pays où on intervient, c’est le contraire, on voit ces enfants qui deviennent ensuite mendiants avec des conditions terribles. Quand on n’intervient pas rapidement, ces enfants ont besoin d’une chirurgie chère et compliquée. Il faut dire à tous les Belges que Handicap International intervient dans 60 pays et que notre ONG est présente pour promouvoir l’accès à la rééducation de qualité. Chaque enfant, aujourd’hui, a le droit de recevoir ce traitement.