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Inclusion au travail : briser les barrières et ouvrir des portes

Insertion
Madagascar Maroc

À l'échelle mondiale, 386 millions d'adultes en situation de handicap sont en âge de travailler. Pourtant, 80% d'entre eux sont sans emploi.

Colette a fracturé son avant-bras à l'âge de 11 ans. Faute de soins appropriés, il a fallu amputé son avant-bras. Aujourd'hui, elle enseigne l'anglais à Mahy, à Madagascar.

Colette a fracturé son avant-bras à l'âge de 11 ans. Faute de soins appropriés, il a fallu amputé son avant-bras. Aujourd'hui, elle enseigne l'anglais à Mahy, à Madagascar. | © RAKOTONDRAPARANY D. NJARA / HI

Les obstacles à l'emploi sont multiples : accès limité à l'éducation, discrimination sur le marché du travail, faible estime de soi et environnements professionnels inadaptés. Handicap International lutte contre cette réalité en développant des initiatives inclusives pour favoriser l'intégration professionnelle des personnes en situation de handicap.

« Rachid est une personne exceptionnelle. Il est devenu une sorte d'ambassadeur pour les personnes handicapées au Maroc. Son histoire nous inspire énormément », déclare Hassan Safssafi, Responsable de Projet Emploi chez Handicap International Maroc. Hassan s'engage quotidiennement pour un marché du travail plus inclusif. L’une de ses tâches consiste à préparer les candidats handicapés à leurs entretiens d'embauche. Récemment, il a assisté Rachid, un jeune homme de 29 ans atteint de trisomie 21, dans sa démarche pour trouver un emploi.

Grâce au soutien de Hassan, Rachid a eu l'opportunité d'effectuer un stage chez Label'Vie, la société qui gère les supermarchés Carrefour au Maroc. « Dès notre première rencontre, Rachid m'a étonné par son ouverture d'esprit, sa curiosité et son engagement. Il était véritablement exceptionnel », se rappelle Hassan. Label'Vie partageait également cet avis. À la suite de son stage, Rachid s'est vu proposer un contrat à durée indéterminée. Une étape importante pour lui mais pas seulement : il est devenu la première personne atteinte de

Un soutien adapté

À 31 ans et originaire de la région de Fès, Hajar a bénéficié d'un soutien crucial de la part de Handicap International pour parvenir à une indépendance financière. Atteinte de rétinite pigmentaire, une maladie héréditaire affectant gravement la rétine, elle a perdu complètement la vue de son oeil droit. Grâce à l'intervention de Handicap International, Hajar a pu décrocher un emploi chez WebHelp en tant qu'agente d'accueil téléphonique. Cette opportunité impliquait un déménagement à Rabat, la capitale. Un défi majeur pour elle, tant sur le plan physique que financier.

Néanmoins, Hajar a bénéficié d'un soutien continu de la part de l'équipe locale de Handicap International, jusque dans sa recherche d'un logement. L’organisation a pris en charge ses frais de logement et de déplacement pendant sa formation non rémunérée pour son nouveau poste. Ce « coup de pouce » a permis à Hajar d'atteindre une totale autonomie financière.

Une approche en trois étapes

Rachid et Hajar illustrent parfaitement l'efficacité de l'approche en trois étapes déployée par Handicap International. Tout d'abord, les personnes handicapées bénéficient d'un soutien individuel complet. Cela inclut des soins de réadaptation si nécessaire, ainsi que la fourniture d'équipements adaptés, tels qu'un fauteuil roulant ou des béquilles, pour favoriser leur autonomie. Ensuite, ces bénéficiaires ont l'occasion de participer à des formations et de développer leurs compétences personnelles.

Un deuxième aspect crucial est l'accompagnement des employeurs vers une plus grande inclusion sur le lieu de travail. Cela nécessite une sensibilisation tant au niveau de la direction que du personnel existant. Des ajustements peuvent également être nécessaires pour rendre le lieu de travail accessible à tous, comme l'installation de rampes pour les personnes en fauteuil roulant ou la fourniture d'équipements adaptés pour les personnes malvoyantes. « Nous avons également pour objectif de lever les obstacles au niveau politique », souligne Alexandre Goutchkoff, Expert en Inclusion Économique chez Handicap International. « En apportant un soutien aux organisations de la société civile, comme les associations locales de personnes handicapées, nous renforçons leur capacité à plaider en faveur d'une législation du travail plus inclusive à l'échelle nationale. »

Bien plus qu'un simple revenu

L'objectif ultime est d'assister un maximum de personnes en situation de handicap dans leur recherche d'emploi. Cependant, cette démarche va bien au-delà de la simple acquisition d'un revenu personnel. Elle implique également l'intégration au sein d'un groupe, le renforcement de la confiance en soi et l'amélioration du bien-être général. « Ce sont précisément ces aspects que nous suivons de près tout au long du parcours des personnes que nous accompagnons », explique Alexandre.

Même sans emploi, la situation des personnes accompagnées par Handicap International s'améliore. « Dans un projet au Moyen-Orient où nous n’avons finalement pu aider très peu de personnes à trouver un emploi, et qui n'a donc pas produit les résultats escomptés, nous avons néanmoins constaté une augmentation significative du bien-être mental de ces personnes. Le programme d'accompagnement collectif et les formations réalisées avec des personnes non handicapées ont favorisé davantage de contacts sociaux, renforcé leur estime de soi et finalement encouragé une participation plus active à la vie sociale. Sans ce projet, alles auraient simplement été chez elles, sans activité. »

Changer les mentalités

Colette Velosoa, âgée de 42 ans, enseigne l'anglais dans une école à Madagascar. Malgré son bras droit amputé, elle a été confrontée au doute de son entourage quant à sa compétence. « Après mon amputation, j'ai senti un changement dans la manière dont les gens me traitaient », explique Colette. « Mais en tant qu'enseignante, je suis toujours prête à répondre aux questions des élèves sur mon handicap. » Par son travail, Colette démontre sa valeur, brise les tabous et éveille la conscience de ses élèves à l'idée qu'une personne ne se définit pas par son handicap.

Selon Alexandre, cette prise de conscience s'étend également naturellement entre collègues : « Dans la société, les personnes en situation de handicap sont trop souvent perçues comme dépendantes, difficiles à comprendre, voire sont carrément invisibles. Mais grâce aux interactions quotidiennes sur le lieu de travail, un « collègue handicapé » devient rapidement simplement un « collègue », une personne ayant autant, voire plus, de capacités que quiconque. Et c'est peut-être là le résultat le plus marquant de nos initiatives. »

 

Publié le : 30 avril 2024

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