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Chapitre 17

Et pourtant elle se raisonne : un risque, ça ne veut pas dire qu’il y a un danger obligatoire. Il faut juste être prudent, et c’est ce qu’elle est.

Elle dépasse l’objet, et tous les autres qui lui ressemblent. Peu à peu, l’étrange oppression qui lui pesait sur les épaules se dissipe. Son cerveau se remet en marche normalement, et elle s’agace toute seule de s’être laissée troubler par un stupide déchet.

— Pff, quel cinéma, souffle-t-elle en baissant les yeux vers le sol.

Elle relâche enfin un peu la pression et se détend, reprenant un rythme normal. La boulangerie n’est plus très loin et son estomac gargouille en imaginant le khobz encore chaud, sa croûte croustillante et son odeur réconfortante.

Elle aurait mieux fait de penser à ça plutôt qu’à des idioties de films d’horreur !

Aïda finit son trajet sans encombre et rentre chez elle, sans jamais repenser à cet instant de doute. L’agitation du repas, les chamailleries avec Samir et les devoirs à finir chassent rapidement ce petit épisode de son esprit. Ça n’était rien, après tout.

Jusqu’au jour où elle apprend qu’un enfant du quartier n’a pas eu sa chance.
Elle sent un frisson désagréable lui traverser l’échine.
Elle aurait pu en parler plus sérieusement. Elle aurait dû insister.
Son regard dérive vers Samir. Il est là, concentré sur son coloriage, totalement inconscient de la réalité qui l’entoure.
Ça aurait pu être lui. Lui qui est tellement tête en l’air qu’il l'oublierait dans son lit le matin ! Imaginer son frère à la place de cet enfant inconnu lui donne mal au ventre.

Que fait-elle ?

Aïda est bouleversée.