« Qui saura qu’elles ont besoin d’aide ? »
Les équipes de Handicap International réalisent une évaluation des besoins dans un centre d’accueil de personnes déplacées, à Yurivka (Ukraine). La majorité d’entre elles, ont été impactées par les bombardements.
Des déplacés Ukrainiens attendent d’être reçus par les équipes de protection de Handicap International dans la bibliothèque pour enfants de Yurivka, dans l’Est de l’Ukraine. | © H. Kostenko / HI
Yurivka est un petit village ukrainien1, entouré de champs de blé, situé dans la région de Dnipro, dans l’Est de l’Ukraine. À partir de février 2022, lorsque la guerre s’est enlisée entre l’Ukraine et la Russie, il a vu arriver des centaines de familles fuyant les combats dans les régions de Kharkiv et Donetsk.
D’un accueil d’urgence à un lieu de vie communautaire
Très vite la population locale s’est organisée pour prêter main forte à ces nouveaux arrivants qui ont tout perdu. En quelques jours à peine, la bibliothèque pour enfants du village s’est transformée en un centre d’hébergement pour personnes déplacées.
Alors que l’Ukraine entre dans sa troisième année après le début de l’escalade du conflit, et que les combats font toujours rage dans l’Est et le Sud, de nombreux déplacés ont finalement décidé de rester vivre à Yurivka, pour tenter d’y construire un nouveau quotidien.
Le centre d’hébergement a progressivement changé de rôle. Il est passé d'un lieu d'urgence à un espace communautaire où se côtoient communauté locale et personnes déplacées. Un véritable lieu de vie et d’entraide où les résidents locaux ont même créé un petit magasin de vente de vêtements d'occasion à prix réduit pour toutes celles et ceux qui en ont besoin.
Inna vient régulièrement dans cette bibliothèque pour enfants. C’est le genre de lieu qu’elle connaissait bien, dans son « ancienne vie ». Lorsqu’elle vivait encore à Bakhmut, dans la région de Donetsk, Inna était enseignante pour enfants handicapés. Elle travaillait avec des enfants malvoyants qu’elle emmenait régulièrement à la bibliothèque et faisait également partie d’un groupe de chants folklorique. Alors, depuis qu’elle est installée ici avec son mari, sa fille de trois ans et sa mère, elle y trouve une sorte de refuge, l’endroit parfait pour se « détendre » et se « changer les idées ».
« La bombe est tombée à 150 mètres de nous »
Inna est arrivée à Yurivka en août 2022, après avoir fui les bombardements massifs sur son quartier :
« Je me souviens que nous étions en train de rentrer à pied de chez mon père, heureusement, on a réussi à se cacher sous une clôture, la bombe est tombée à 150 mètres de nous. Le souffle de l’explosion a tout emporté sur son passage ».
Elle a été approchée par les équipes de protection de Handicap International au mois de juin dernier, dans ce même lieu communautaire. Le but de ces experts de la protection est de procéder à l’évaluation des besoins individuels des personnes impactées par la guerre comme des victimes de bombardements ou la contamination par des munitions explosives, comme Inna. Ainsi, elles peuvent être ensuite orientées vers les personnes compétentes de Handicap International (réadaptation, équipes de soutien psychosocial…) ou d’autres organisations humanitaires internationales ou locales.
« Si on ne fait pas ce travail d’identification des personnes, et l’évaluation méticuleuse de leurs besoins, personne ne peut savoir qu’ils ont besoin d’assistance », explique Olesia, travailleuse sociale spécialisée dans l’assistance aux victimes chez Handicap International.