Gaza : soigner les blessures physiques et psychologiques
Ahmed a 15 ans. Il a été blessé à la cuisse droite juste au-dessus du genou lors d’une manifestation à la frontière entre Gaza et Israël. Dès que sa blessure sera cicatrisée, il pourra commencer les séances de revalidation. En attendant, il bénéficie déjà d'un soutien psychologique.
Ahmed a 15 ans. Il a été blessé à la cuisse droite juste au-dessus du genou lors d’une manifestation à la frontière entre Gaza et Israël. Dès que sa blessure sera cicatrisée, il pourra commencer les séances de revalidation. En attendant, il bénéficie déjà d'un soutien psychologique.
Fils d’une famille de quatre enfants, Ahmed vit dans le district de Khan Younis. Son père vit d’expédients ; sa mère est femme de ménage. C’est un quartier difficile où ne vont pas les transports publics. Pour emmener Ahmed à l'hopital, ses parents n'ont pas le choix : ils doivent payer un taxi alors que la famille a déjà beaucoup de mal à survivre avec ses faibles revenus.
De nombreux cousins vivent avec eux dans leur appartement et la promiscuité est la règle. Depuis sa blessure, Ahmed reste allongé sur un vieux canapé dans le salon.
Blessé par balle
Ahmed a été blessé à la jambe droite [1], juste au-dessus du genou, lors d’une manifestation. Il est encore marqué lorsqu'il raconte l'incident : « J’ai senti comme un coup violent à ma jambe et puis j’ai vu du sang. J'ai crié et je suis tombé. J'ai perdu toute sensation dans tout mon corps pendant plusieurs secondes. »
En attendant le feu vert du médecin pour commencer les séances de réadaptation, l'équipe de Handicap International a déjà commencé des séances de soutien psychologique. Elles sont importantes car, comme dans le cas d’Ahmed, un patient peut connaitre une phase de dépression causée par le traumatisme et l’invalidité que lui impose une blessure, ainsi que la peur de ne pas totalement récupérer sa mobilité d’avant. Ce soutien psychologique est également essentiel pour motiver le patient à suivre son traitement de kinésithérapie.
« Je veux revenir à ma vie ordinaire. Actuellement, je ne peux pas bouger tout seul..., explique Ahmed, un peu anxieux. Je ne peux pas utiliser les toilettes comme avant. Je dois demander à mon frère de m'accompagner. C’est gênant. Je veux me débarrasser du fixateur externe sur ma jambe… »
Intervention de l'équipe mobile
Les hôpitaux étant débordés, les patients doivent en sortir très rapidement, ce qui ne permet pas d’assurer le suivi post-opératoire nécessaire. Un patient risque alors de développer des infections et des complications qui peuvent entrainer des séquelles invalidantes et causer un handicap permanent.
Pour faire face à l’urgence, HI et ses partenaires locaux ont mis en place 10 équipes mobiles composées de professionnels de la réadaptation, des psychologues et des travailleurs sociaux. Elles ont pour mission d’assurer les soins en réadaptation et soutien psychosocial des blessés et de leurs familles.
La prise en charge proposée à Ahmed par l'équipe mobile porte déjà ses fruits et l'adolescent est moins déprimé. Il aura encore besoin de beaucoup de soutien pendant sa convalescence, pour mener le travail de réadaptation fonctionnelle qui lui permettra de retrouver toute sa mobilité et lui évitera de développer une invalidité permanente.
[1] En tout, 13 900 personnes ont été blessées- dont plus de 3 700 par balles – depuis le début des manifestations en mars dernier. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 15 % des blessés par balle sont des enfants. L’OMS estime que 11% des blessés depuis le début des manifestations risquent de développer un handicap permanent, soit plus de 1 000 personnes.