Mali : Des populations chaque jour plus fragiles
Au Mali, l’insécurité et les pillages ont paralysé les services de soins médicaux et empêchent pour l’heure toute intervention humanitaire.
Au Mali, l’insécurité et les pillages ont paralysé les services de soins médicaux et empêchent pour l’heure toute intervention humanitaire.
La crise alimentaire qui affecte le Sahel depuis quelques mois est désormais aggravée par l’instabilité politique et sécuritaire au Mali, où un coup d’Etat et la progression de groupes armés dans le nord du pays fragilise davantage encore la population.
« Nous sommes très préoccupés par les événements qui touchent actuellement le pays, explique Grégory Doucet, en charge des programmes Afrique de l’Ouest chez Handicap International. La situation des populations ayant déjà un accès difficile à des denrées alimentaires trop rares et trop chères, s’est encore aggravée depuis le 22 mars ». Un groupe d’officiers de l’armée malienne a renversé le président Amadou Toumani Touré alors que dans le même temps, des rebelles touarègues et des islamistes d’Ansar Dine progressaient au nord du pays, prenant le contrôle de plusieurs villes importantes, dont Tombouctou.
« L’insécurité et les pillages ont paralysé les services de soins médicaux et empêchent pour l’heure toute intervention humanitaire, souligne Grégory Doucet, y compris les distributions d’aide alimentaire. Nous avons dû faire sortir de Tombouctou nos équipes opérationnelles composées de personnels maliens car le risque d’aggravation des conditions de vie était trop grand ».
Le pays est désormais sous blocus international. Pour Handicap International, présente dans le pays depuis 1996, il faut que la situation évolue rapidement si on veut éviter une crise majeure pour la population. Ces événements interviennent alors que l’association vient tout juste de terminer une mission d’évaluation de la crise alimentaire qui touche le Mali, et plus largement le Sahel (le Niger en particulier), et que nous avions entamé la mise en place des mécanismes de réponse aux besoins des personnes les plus vulnérables.
Selon OCHA[i], près de 100 000 personnes s’étaient déplacées au sein même du pays mi mars avant même le coup d’Etat. Il ne fait pas de doute que ce chiffre est aujourd’hui bien supérieur.
« La situation actuelle paralyse notre intervention. Comme l’ensemble des bâtiments publics et des ONG, nos bureaux ont été pillés, explique Gregory Doucet. Aujourd’hui, comme l’ensemble des acteurs humanitaires présents sur place, nous sommes donc contraints d’attendre que le contexte sécuritaire s’améliore pour pouvoir intervenir, alors que nous savons pertinemment que le temps joue contre nous et que chaque jour supplémentaire fait peser un risque majeur sur des populations déjà fragiles et menacées par une crise alimentaire majeure ».