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Une épicerie et une nouvelle vie pour Oberney

Insertion Mines et autres armes
Colombie

Depuis qu’une explosion de mine lui a laissé des cicatrices impressionnantes, Oberney ne peut plus cultiver son champ. C'est pourquoi l'ancien agriculteur colombien a fondé une épicerie en partenariat avec Handicap International. Il récolte désormais des revenus de son commerce plutôt que de la terre et épargne de l'argent pour l’avenir de ses deux enfants, qui sont sa plus grande motivation pour continuer dans la vie. Les éclats dont son corps est toujours ciblé lui causent beaucoup de douleurs encore aujourd’hui. 

Oberney, assis à une table, regarde devant lui avec sérieux. Sa petite fille a posé sa tête sur l'épaule droite de son papa et a un regard triste. Le garçon est assis à côté de sa soeur, les bras posé sur la table

Depuis qu’une explosion de mine lui a laissé des cicatrices impressionnantes, Oberney ne peut plus cultiver son champ. C'est pourquoi l'ancien agriculteur colombien a fondé une épicerie en partenariat avec Handicap International. Il récolte désormais des revenus de son commerce plutôt que de la terre et épargne de l'argent pour l’avenir de ses deux enfants, qui sont sa plus grande motivation pour continuer dans la vie. Les éclats dont son corps est toujours ciblé lui causent beaucoup de douleurs encore aujourd’hui. 

Août 2013. Dans la commune occidentale de Timba, Oberney est en train de cultiver son champ lorsque d'autres agriculteurs viennent discuter avec lui pour l'inciter à participer à une manifestation. L'enjeu : plus de droits et de meilleurs prix pour les paysans colombiens. Oberney, qui a deux petits enfants et une épouse à sa charge, est assez tenté et décide d'assister à une réunion sur un barrage routier. Quand il se rend au barrage qui bloque la rue principale le jour de la manifestation, le vingt-cinq août, il fait un pas fatal sur une mine. Une explosion retentit. Pour le reste, Oberney ne se rappelle plus rien.

Le Colombien, aujourd’hui âgé de trente-trois ans, se réveille à l'hôpital après avoir passé huit jours dans le coma. « J'ai vu le médecin et la mère de mes enfants à côté de mon lit. Je voulais me rapprocher d'eux, mais je n'y arrivais pas. Mon corps ne voulait pas bouger. Je ne sentais rien. » Sa voix tremble, ses mains s’agitent nerveusement et son regard fixe le sol. Une attitude qui en dit long.

A quelque chose malheur est bon

Contrairement à de nombreuses victimes de mines qui survivent à un accident, Oberney a eu la chance que l'explosion ne lui ait pas coûté de jambe ou de bras. Il a cependant dû demeurer à l'hôpital pendant plus de deux mois pour se remettre de ses blessures, dont de graves brûlures.

C’est durant cette période que Beatriz Guerrero, psychologue et coordinatrice de Terra de Paz, une organisation colombienne partenaire de Handicap International, a découvert Oberney. Aujourd’hui encore, elle lui fournit un soutien psychologique en organisant des groupes de paroles pour les victimes de mines. Oberney dit qu'il puise beaucoup de force dans le dialogue avec d'autres survivants : « Les groupes de paroles me font vraiment du bien. Dans les moments où je me sens mal, les autres me remontent le moral, ou inversement. Nous nous donnons de l'espoir l'un à l'autre. »

Son fils Juan (huit ans) et sa fille Camila (quatre ans) sont toujours son plus grand soutien et sa providence. Pendant notre entretien, ses enfants ne le quittent pratiquement pas. Oberney se montre un papa patient qui prête beaucoup d'attention à ses jeunes enfants. Cette proximité chaleureuse entre le père et ses enfants est émouvante.

Toutefois, il arrive que l’absence de la mère soit trop pesante. Elle a abandonné la famille juste après l'accident d'Oberney. « Je dois être un papa et une maman pour Juan et Camila », dit-il avec des yeux brillants de larmes contenues. « Depuis que leur mère est partie, je dois assumer les deux rôles. Cela me fait du mal parfois. »

Plus qu’une simple source de revenus

Le Colombien veut cependant progresser dans la vie et Juan et Camila en sont la raison principale. Il veut les élever le mieux possible et les considère comme sa plus grande motivation.

L'ancien agriculteur n’a pas hésité lorsqu'on lui a proposé d'ouvrir une épicerie, dont le lancement serait appuyé financièrement par Handicap International. L'organisation a également offert à notre patron en herbe la chance de participer à des cours de gestion. En effet, à cause de l'accident de mine, il ne pouvait plus cultiver son champ : le corps d'Oberney est toujours plein d'éclats de mine et les cicatrices sur son bras et son dos ne peuvent pas supporter l’impitoyable soleil colombien.

Grâce au magasin, ouvert le premier janvier 2015, Oberney est désormais à nouveau capable de générer des revenus et de s'occuper de son ménage. « Mais ce n'est pas le seul avantage de ce projet socioéconomique de Handicap International », explique la coordinatrice Beatriz Guerrero. « Souvent, les victimes de mines sont obligées d'arrêter leur travail. Elles ont honte de ne plus être productives et de ne plus pouvoir assumer leurs responsabilités vis-à-vis de leur famille. Grâce à un nouvel emploi, elles regagnent donc également leur dignité. Cela a ses effets sur leur entourage, qui remarque qu'elles sont redevenues des acteurs et ne sont plus des victimes. Nous constatons  que tout le monde est de plus en plus conscient du fait que des personnes moins valides sont également capables de mener une vie autonome. »

Une tirelire

Dans l'épicerie d'Oberney, ce sont surtout le riz, le sucre, la farine et le café qui se vendent comme des petits pains. Il achète ces produits à la métropole et les fait transporter jusqu'à chez lui. La plupart du temps, il se déplace à pied, parce que le bus, qui doit passer par des routes en très mauvais état, engendre des chocs douloureux et insupportables pour lui.

Le Colombien espère qu'un médecin pourra rapidement localiser les raisons de sa douleur par le biais d'un scanner. « L'examen doit se faire par scanner parce que, mon corps étant  plein de shrapnels, je ne peux pas passer un examen radiologique ordinaire », explique-t-il.

Il envisage cependant une solution : une motocyclette. Ainsi, il pourrait se déplacer rapidement et confortablement, le véhicule étant plus sûr et plus doux qu’un bus. « Je voudrais surtout l'utiliser pour amener Juan et Camila à l'école. Actuellement, j'ai deux heures de route à marcher, deux fois par jour, pour les accompagner. Et quand il y a beaucoup de soleil, mes cicatrices me font mal après un certain temps et je dois envoyer les enfants avec quelqu'un d'autre. »

Depuis l'ouverture de son magasin, Oberney est discipliné et parvient à mettre une petite somme de côté pour s’acheter sa motocyclette. Au moment où il montre sa tirelire pour le prouver, son visage s’illumine d’un sourire et ses yeux étincellent pour la première fois.

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