« Je veux juste vivre dignement avec ma famille. »
« J’ai toute la force du monde ! » C’est ainsi que Khaled, une petite boule d’énergie de 4 ans et demi, accueille l’équipe de H.I. dans sa maison.
Esra (au centre de la photo) souhaite simplement que ses enfants puissent vivre dignement et aller à l’école. | © Saleh Aliwa- H.I.
La famille est originaire de Syrie et vit à Zarqa, en Jordanie. Douze ans après le début du conflit, le retour au pays n’est pas encore d’actualité.
La fuite
La famille vit dans un appartement modeste, à Azraq, à une trentaine de minutes d’Amman, la capitale de la Jordanie. Il a Esra, la maman, Sheima, la grande sœur de 13 ans et Khaled. Le papa travaille.
Esra et son mari ont fui la Syrie en 2013. Elle était jeune mariée, enceinte de son premier enfant. Ils ont dû marcher longtemps pour éviter les zones de combat avant de franchir la frontière. Ils ont ensuite séjourné au camp de Zaatari avant de s’installer à Zarqa.
« Nous ne pourrons jamais oublier, cela restera en nous. Encore aujourd’hui, quand j’entends un avion ou des tirs (les fêtes peuvent donner lieu à des tirs de joie), j’ai peur. »
Un soutien psychologique aurait pu aider Esra à surmonter ses traumatismes, mais la seule session à laquelle elle a participé un jour ressemblait plus à une conférence qu’à un véritable échange. Elle n’a jamais réitéré l’expérience.
La vie quotidienne
Entre-temps, Sheima est née, puis Khaled. La famille vit modestement. Les réfugiés syriens ont un accès très limité à l’emploi en Jordanie. Le mari d’Esra travaille comme ouvrier à la journée. Aujourd’hui est un bon jour, il a du travail. Parfois, les jours sont moins bons…
En fait, tout est plus compliqué pour ces exilés : trouver de quoi faire vivre sa famille, avoir accès à l’enseignement, aux soins de santé.
Khaled est atteint de troubles cognitifs. Il a des difficultés à fixer son regard et son attention. C’est grâce à Yasmeen, volontaire du projet de réadaptation à base communautaire de H.I. et amie de la famille que l’enfant a pu être pris en charge.
Deux volontaires, dont Yasmeen, lui rendent visite régulièrement et lui proposent des exercices. Sheima aide son petit frère à se concentrer. Cette prise en charge porte ses fruits et Khaled devrait bientôt pouvoir commencer l’école.
Et l’avenir ?
Aujourd’hui, Esra ne voit pas son avenir ni celui de sa famille en Syrie.
« Il n’y a pas d’endroit où nous puissions revenir. Notre maison est détruite. Et même si elle était toujours debout, pour le moment c’est compliqué. »
Certains réfugiés qui ont pris le chemin du retour ont notamment été inquiétés ou même arrêtés par les autorités. Et même si la vie n’est pas facile tous les jours en Jordanie, les conditions là-bas ne poussent pas au retour.
« Il n’y a pas de moyens de subsistance, pas de services pour les enfants, aucune sécurité » explique Esra.
Les enfants, eux, ne rêvent pas de ce pays qu’ils ne connaissent pas. Ils voudraient une salle de jeu ou un endroit pour jouer dehors.
Esra, quant à elle, demande simplement ce que souhaitent toutes les mamans du monde :
« Je veux juste vivre dignement avec ma famille, dans un endroit sûr, et la possibilité d’aller à l’école pour mes enfants. »