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Gaza: le témoignage de Samah

Urgence

Samah Abu Lamzy vit dans la ville de Gaza et travaille pour Handicap International depuis 2007. Elle décrit le sentiment de terreur de l'ensemble de la population.

Samah tient un enfant IMC sur ses genoux. La maman du garçon est à côté

A Gaza, la situation humanitaire se détériore de jour en jour depuis la reprise des opérations militiares de l'armée israelienne voici deux semaines. Samah Abu Lamzy vit dans la ville de Gaza et travaille pour Handicap International depuis 2007. Elle décrit le sentiment de terreur de l'ensemble de la population.

Quelle est la situation dans la ville de Gaza? Avez-vous dû prendre des mesures pour vous protéger?

La situation est terrifiante; pour tous les habitants. Les bombardements touchent toute la bande de Gaza. Nous avons pensé au début que nous serions en sécurité en restant chez nous, mais les maisons de nombreux civils ont été détruites au cours des deux dernières semaines. Tout le monde cherche à s’informer en regardant les informations à la télévision, afin de savoir où les bombardements ont lieu, mais les coupures d'électricité sont très nombreuses. Hier, les bombardements étaient très proches, mais je n'avais pas d'électricité et il était impossible de savoir exactement où ils se situaient et si ils se rapprocheraient de notre maison. C'est effrayant. Au cours des dernières 24 heures, nous avons eu moins de deux heures d'électricité. Donc, nous entendons les explosions, mais nous ne savons pas ce qu’il se passe, pourquoi cet endroit est ciblé et ainsi de suite...

Heureusement, jusqu'à présent, je n'ai pas eu à quitter mon quartier; mais certains de nos collègues à Handicap International vivaient à Chadjaiya, et ont dû fuir chez des parents plus éloignés des combats. Et eux sont chanceux d’avoir trouvé refuge dans leur famille. Selon les informations que j'ai pu avoir, plus de 110.000 personnes sont maintenant rassemblées dans des abris communs, souvent des écoles, et survivent avec un accès aux services de base très restreint.

Y a-t-il des périodes plus calmes durant lesquelles vous pouvez vous reposer?

Très rarement; et généralement le matin lorsque seuls les drones attaquent. Mais la ville de Gaza est très ramassée, et nous entendons les bombardements toute la journée, toute la nuit. Lorsque les chars attaquent un quartier, nous entendons deux explosions toutes les trois secondes. La nuit, c’est encore pire. A partir de 8 heures du soir, les avions commencent à attaquer et les raids durent normalement pendant environ 12 heures, durant lesquelles il est impossible de dormir. Nous ne nous reposons que quelques heures par jour, généralement le matin après le lever du soleil. Nos enfants ont peur en permanence. Cela fait maintenant deux semaines qu’ils sont coincés à la maison. Ils entendent les explosions, ils entendent les cris des gens, ils voient des images très dures à la télévision tout le temps... Ma fille de 7 ans a commencé à avoir des douleurs à l'estomac, et elle vomit quand elle entend quelqu’un crier... Quand je parle avec des amis ou des membres de ma famille, ils décrivent les mêmes symptômes. Ce que nous vivons est très brutal et le niveau de terreur parmi la population nécessitera un travail important de soutien psychologique quand ce sera fini.

Avez-vous été en mesure de sortir de chez vous depuis le début des attaques?

Oui, pendant les quelques heures de cessez-le feu, j'ai pu aller à l'hôpital Al Shifa, ici dans la ville de Gaza, et discuter avec le département de physiothérapie pour évaluer leurs besoins et offrir une assistance aux blessés. La capacité maximale de l'hôpital avait déjà été dépassée; les blessés étaient soignés à même le sol, les carrelages étaient couverts de sang... La situation était déjà catastrophique avant ces attaques et elle se dégrade de jour en jour. Les hôpitaux sont à court de stocks. Handicap International est actuellement à la recherche de financements supplémentaires pour acheminer du matériel comme des aides à la marche, et pour déployer des équipes de réadaptation dans les cinq gouvernorats de la bande de Gaza. Mais à cause du blocus, je sais que même si nous parvenons à rassembler le matériel nécessaire, il sera très difficile de le faire entrer à Gaza.

Mais ces cessez-le-feu sont très rares. Là où je me trouve, je n’en ai observé que deux au cours des dernières semaines. Les combats sont continus et la population de la bande de Gaza est privée d'accès aux services de base, les familles sont à court de nourriture et se sentent trop en danger pour sortir de chez elles et aller chercher ce dont elles auraient besoin.

Comment voyez-vous les semaines à venir?

Tout le monde a extrêmement peur et au cours des deux dernières semaines, nous n'avons pas reçu la moindre bonne nouvelle. Lors de l’offensive meurtrière sur le quartier de Chadjaiya, toute la ville de Gaza a été couverte par la fumée... Les bombes explosaient de partout, et nous avons vraiment cru que c'était la fin. Nous avons besoin de signes positifs, quelque chose qui nous indique qu’une trêve est possible, que nous serons en mesure de respirer et de nous sentir en sécurité; au moins pendant quelques temps.

 

 

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