Les héros de Gaza - ‹‹ Chaque service est un petit soulagement dans leur immense douleur ››
Hadil Al Saqqa a rejoint Handicap International en avril dernier. Elle est cheffe de projet santé à Gaza. Elle explique comment elle travaille dans des conditions aussi difficiles.
Hadil Al Saqqa | © HI
Quelle est votre journée type ?
Je suis basée dans la maison d'hôtes/bureau de Handicap International à Gaza centre. Un des principaux défis pour travailler est le manque de connexion Internet. Pour y remédier, nous travaillons parfois tard dans la nuit ou tôt le matin, lorsque la connexion s'améliore. L’insécurité et les ordres d'évacuation ont également un impact sur nos opérations, en nous obligeant à nous adapter rapidement.
Qu'est-ce qui vous aide dans votre travail ?
La solidarité et le soutien de l'équipe Handicap International sont incroyablement encourageants. L’objectif noble de Handicap International - répondre aux situations d'urgence - me motive beaucoup. En outre, les besoins vitaux des personnes que nous aidons me poussent à redoubler d'efforts. Les réactions positives des partenaires et la reconnaissance de Handicap International en tant qu’organisation humanitaire de premier plan m'incitent également à travailler plus dur et à contribuer plus efficacement à notre mission.
Quel est l’impact de tous ces déplacements ?
Avoir été déplacé à plusieurs reprises au cours des neuf derniers mois, cela a été une lutte permanente pour moi et ma famille. Nous avons été déplacés constamment d'un endroit à l'autre pour tenter de survivre et d'obtenir le nécessaire. Cette bataille quotidienne a profondément affecté mes performances professionnelles, entraînant une anxiété et une frustration permanentes. Le fait d'être témoin de la douleur et de la souffrance des autres à Gaza ajoute à cette tension, créant une expérience quotidienne surréaliste au travail. Malgré ces difficultés, nos efforts pour fournir de l’aide aux survivants à Gaza sont alimentés par une profonde empathie. Chaque service que nous fournissons est un petit soulagement dans leur immense douleur, et cela nous motive à poursuivre notre travail. C'est comme si vous appliquiez un garrot sur votre propre blessure et que vous bandiez les blessures des autres, en vous efforçant d'apporter du réconfort au milieu du chaos.
Quelles sont vos relations avec les bénéficiaires ?
Malgré la douleur et la souffrance indescriptibles, il y a toujours des moments d'espoir, des sourires et de la gratitude de la part de ceux qui reçoivent l'aide humanitaire. Ces moments nous incitent à en faire plus, à persévérer et à croire profondément en l'importance de notre travail. Ils renforcent notre conviction qu’aider à survivre et à se rétablir, ce sont des objectifs réalisables.
Quels sont les principaux défis dans votre travail ?
Soigner les blessures importantes nécessitant une rééducation urgente et continue est l'une des principales difficultés. Avoir l’équipement et les ressources nécessaires au milieu d'un conflit pose des problèmes logistiques. Gérer la charge émotionnelle, être témoin de la crise humanitaire tout en maintenant professionnalisme et efficacité est un défi permanent.
Qu’est-ce qui vous motive ?
Ma motivation est personnelle. Il y a des années, mon père a été gravement blessé et a dû faire face à des défis physiques et psychologiques. En voyant ses progrès et l'impact positif qu'ils ont eu sur notre qualité de vie, j'étais encore plus convaincue que les services de réadaptation jouent un rôle essentiel dans la guérison du corps et de l'esprit, dans l'indépendance des survivants. Contribuer à leur réadaptation physique et psychologique donne un but et un sens profond à notre travail, car nous nous efforçons de leur redonner espoir et d'améliorer leur qualité de vie.