«Nous devons maintenir la pression pour éliminer les mines antipersonnel»
Il y a quinze ans, le Traité d'Ottawa entrait en vigueur. Ce traité interdit le commerce, l'utilisation, la production, le stockage et le transport des mines antipersonnel. Gilles Delecourt, Directeur des programmes d'action contre les mines chez Handicap International, évoque la lutte contre les mines.
Il y a quinze ans, le Traité d'Ottawa entrait en vigueur. Ce traité interdit le commerce, l'utilisation, la production, le stockage et le transport des mines antipersonnel. Gilles Delecourt, Directeur des programmes d'action contre les mines chez Handicap International, évoque la lutte contre les mines.
En quoi consistent exactement les actions de lutte contre les mines menées par Handicap International ?
Le déminage et la dépollution des terrains affectés est l’une de nos priorités. Nous intervenons dans les zones contaminées par les mines ou restes explosifs de guerre mais également dans celles qui le deviennent suite à l’explosion d’entrepôts de munitions. Par exemple, en Libye, les activités de dépollution se sont renforcées en 2013 avec le déploiement de deux nouvelles équipes de démineurs près de Misrata dans une zone très contaminée suite à l’explosion de plus de 40 entrepôts contenant des munitions en tous genres. Ces activités permettent de prévenir un grand nombre d’accidents.
En parallèle, nous mettons en œuvre des actions de prévention, pour sensibiliser les populations aux risques qu’elles encourent en présence des restes explosifs de guerre. Nous apprenons les bons gestes à adopter en présence de ces engins non explosés (ne pas les approcher ou les toucher, marquer la zone et prévenir nos équipes ou les autorités). Cela permet notamment de sensibiliser les enfants qui sont bien souvent les premières victimes de ces armes car ils n’ont pas conscience du danger.
Après 15 ans d'existence du Traité d'Ottawa, pourquoi est-il toujours important de mener campagne ?
Le renforcement de la mobilisation est essentiel, par exemple pour condamner les nouvelles utilisations de ces armes, comme en Syrie en 2012 et 2013. De nouvelles preuves attestent également de l’usage de ces armes par le Yémen, pourtant Etat partie, en 2011. Cette violation sans précédent du traité vient malheureusement entacher des résultats par ailleurs très positifs du Traité d’Ottawa : l'Observatoire des mines a en effet enregistré l’année dernière le plus faible nombre de nouvelles victimes, la plus grande surface jamais décontaminée et le plus haut niveau de financement mondial en faveur de la lutte contre les mines.
Il est également primordial de militer pour que le Traité soit universel. Aujourd’hui 161 Etats dans le monde l’ont ratifié, soit 80% des pays de la planète. Mais de grandes puissances comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine refusent toujours d’y adhérer. Handicap International s’appuie sur la mobilisation citoyenne pour leur faire entendre raison et éviter toute possibilité d’utiliser à nouveau ces armes dont la grande majorité des victimes sont des civils.
Les Traités sont des arguments indispensables pour nous aider à mobiliser les Etats à fournir les moyens nécessaires à la disparition de ces armes à travers la planète. En effet, en rejoignant ces conventions internationales, les Etats s’engagent à porter assistance aux pays pollués.