Syrie - L’accès des populations aux soins : un enjeu majeur
Depuis la fin du mois de décembre Handicap International intervient auprès des personnes blessées et handicapées à l’intérieur même de la Syrie. Afin d’améliorer leur prise en charge, des équipes mobiles se rendent dans les structures de santé, dans les camps et au sein des communautés accueillant des personnes déplacées. L’intervention de spécialistes de la réadaptation permet souvent d’éviter le développement de handicaps et d’augmenter l’autonomie de personnes comptant parmi les plus vulnérables.
Depuis la fin du mois de décembre Handicap International intervient auprès des personnes blessées et handicapées à l’intérieur même de la Syrie. Afin d’améliorer leur prise en charge, des équipes mobiles se rendent dans les structures de santé, dans les camps et au sein des communautés accueillant des personnes déplacées. L’intervention de spécialistes de la réadaptation permet souvent d’éviter le développement de handicaps et d’augmenter l’autonomie de personnes comptant parmi les plus vulnérables.
Des affrontements, d’une violence inouïe pour les populations, continuent de déchirer la Syrie. Les combats tuent et blessent un nombre incalculable de civils chaque jour que le conflit se poursuit et les blessés n’ont accès qu’à des soins extrêmement sommaires. Ils sont le plus souvent contraints de survivre dans des camps de fortune, ou au sein de communautés qui n’ont pas les moyens de les prendre en charge.
« Le nombre de blessés est impossible à évaluer précisément, mais il est certain que nous parlons en dizaines de milliers », explique Henri Bonnin, ergothérapeute, qui organise au sein d’une équipe d’une dizaine de personnes, la réponse de Handicap International au nord de la ville d’Idlib (N. de la Syrie, non loin de la frontière turque). « Pour vous donner une idée, rien que dans deux hôpitaux de la zone où nous intervenons, nous avons déjà du dispenser des soins urgents en kinésithérapie postopératoire à 58 personnes, dont plus de la moitié auront besoin d’un appareillage dans les semaines qui viennent (orthèse et prothèse)[1]. »
Plus d’un quart de nos bénéficiaires sont des enfants de moins de 12 ans
« Des vies sont détruites, par les combats mais également par l’absence d’une prise en charge médicale adéquate. Parce que les personnes blessées souffrent très souvent de fractures complexes, ou de lésions ayant touché le système nerveux, environ la moitié des blessés aurait besoin de soins de rééducation pour éviter de développer des handicaps lourds et permanents. Aujourd’hui, plus d’un quart de nos bénéficiaires sont des enfants de moins de 12 ans, et parmi eux, certains sévèrement blessés que nous devons aider à se reconstruire, à se déplacer et à vivre différemment. »
C’est le cas d’Ahlam, une jeune fille de 9 ans qui doit aujourd’hui réapprendre à marcher à l’aide d’une prothèse à sa jambe gauche et d’une orthèse à sa jambe droite. « Ahlam vit à Ad Dana, une trentaine de kilomètres à l’Ouest d’Alep, explique Henri Bonnin. En septembre 2012, lorsque les bombardements se sont rapprochés de sa ville, elle s’est réfugiée, avec quinze autres enfants dans un abri souterrain. Mais une bombe a frappé le bâtiment de plein fouet et celui-ci s’est effondré sur les enfants. Plusieurs sont morts dans les décombres, mais Ahlam survécu. Elle a eu la mâchoire et les dents brisées. Elle a dû être amputée de la jambe gauche et a souffert de nombreuses fractures de la jambe droite. C’est un miracle qu’elle soit encore en vie. » Après son amputation, Ahlam a été prise en charge par l’équipe de Handicap International. Elle a pu recevoir une prothèse, des béquilles et des orthèses qui soutiennent son genou et sa cheville droite.
[1] Compte tenu de l’afflux massif de déplacés vers cette première zone d’intervention et du renforcement de nos capacités d’action (augmentation de nos équipes et de la zone de couverture, notamment du nombre d’hôpitaux soutenus - de 2 à 6), le nombre de bénéficiaires devrait rapidement atteindre 300 personnes dans le courant du mois de février, et pourrait être d’un millier dans les mois à venir.