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Crise syrienne : Thierry-Medhi, coordinateur régional, témoigne

Urgence
Syrie

Thierry-Mehdi Benlahsen, coordonnateur régional des opérations d’urgence de Handicap International, explique l’importance d’inclure les personnes les plus vulnérables - y compris celles en situation de handicap - dans les réponses humanitaires.

Un petit patient réfugié au Liban, soigné par Omar, kiné

Thierry-Mehdi Benlahsen, coordonnateur régional des opérations d’urgence de Handicap International, explique l’importance d’inclure les personnes les plus vulnérables - y compris celles en situation de handicap - dans les réponses humanitaires.

Quelle est la situation actuelle en Syrie et aux alentours ? Quelle réponse Handicap International apporte-t-elle à cette situation?
Les Syriens que nous aidons, dans la région d’Idlib, et dans les pays où ils se réfugient, nous disent que la situation continue de se dégrader. Au Liban et en Jordanie, ceux qui sont arrivés dans les premiers temps avaient fait le choix de partir, ceux qui arrivent maintenant n’avaient plus d’autre option – ils arrivent sans ressources et beaucoup moins préparés. Beaucoup d’entre eux souffrent de blessures physiques, mais ceux traumatisés par ce qu’ils ont vécu sont encore plus nombreux.

Comment adaptez-vous vos actions ?
Nous avons renforcé nos équipes mobiles qui viennent en aide aux réfugiés les plus vulnérables et leur apportent l’information et le soutien dont ils ont besoin. Nous voulons à tout prix éviter que ces personnes (blessées, victimes de torture, en situation de handicap, isolées, âgées ou enceintes) n’aient pas accès à l’aide humanitaire. Cela arrive souvent dans des opérations humanitaires de grande envergure, parce que ces personnes nécessitent une réponse spécifique que les grandes organisations humanitaires ne sont souvent pas en mesure d’apporter.

Nous avons également adapté notre réponse pour prendre en compte la détresse psychologique croissante des réfugiés. Il est clair, d’après les évaluations que nous menons, qu’il est indispensable de permettre aux réfugiés de disposer d’espaces qui leur permettent de recréer des liens sociaux et de parler de ce qu’ils ont vécu. Nous avons recruté du personnel spécialisé qui a organise des activités récréatives pour les enfants des communautés que nous visitons. Nous avons ouvert des espaces de discussion avec les personnes identifiées comme étant particulièrement fragiles, ainsi qu’avec leur famille et communauté. Ces discussions nous ont permis de favoriser l’inclusion de ces personnes vulnérables et à une acceptation de leur situation, le cas échéant. Ces petits forums permettent également aux communautés de partager leurs expériences et d’identifier des manières de s’entre-aider dans un cadre propice à l’échange.

Pourquoi l’inclusion est-elle si importante lorsqu’il s’agit d’aide humanitaire ?
Dans une situation d’urgence telle que celle-ci, presque tout le monde est vulnérable. La réponse humanitaire générique cible donc l’ensemble des réfugiés, sur la base de leur statut. Mais nous constatons que certaines catégories de personnes peinent à accéder à l’aide humanitaire et nous faisons tout ce que nous pouvons pour y remédier. Les personnes en situation de vulnérabilité accrue nécessitent une attention particulière. Pourtant, elles sont souvent négligées lors les opérations d’urgence.

C’est pour cela que nous avons travaillé, par exemple, avec les agences des Nations unies en Jordanie pour que la conception des installations des camps de réfugiés permettent l’accès aux personnes ayant des besoins spécifiques, notamment une mobilité réduite.

Les étrangers qui vivaient en Syrie ne sont pas éligibles au statut de réfugié lorsqu’ils arrivent dans des pays voisins. Parmi nos bénéficiaires, on compte donc un nombre significatif de rapatriés libanais et jordaniens, mais également les communautés qui accueillent les réfugiés. Toutes ces personnes doivent être soutenues en fonction de leurs besoins, pas de leur statut.

Que fait Handicap International pour venir en aide aux personnes handicapées ?
Nous nous assurons que les personnes en situation de handicap reçoivent les soins de réadaptation, l’appui psychosocial et les équipements (prothèses, orthèses, aides à la mobilité) leur permettant de s’adapter à leur nouvelle situation et de limiter leur handicap.

Mais dans une situation telle que celle-ci, il est également très important d’intervenir au stade où il est encore possible d’empêcher le développement d’un handicap permanent. Par conséquent, nous travaillons dans des cliniques et hôpitaux pour apporter des soins de réadaptation aux personnes blessées qui risquent de développer un handicap. Nous le faisons en Jordanie et au Liban, mais depuis le début de l’année 2013 nous avons également commencé faire ce travail en Syrie. Nous pouvons nous appuyer sur de formidables ressources humaines dans ces trois pays, que nous mobilisons pour appuyer des hôpitaux surchargés, et qui concentrent leurs efforts sur les opérations les plus urgentes. Si ce travail de rééducation n’est pas fait, un grand nombre de blessés garderont toute leur vie des handicaps lourds que nous pouvons éviter. 

 

 

 

 

 

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