« Nous sommes des survivants »
A 24 ans, Freddy, un agriculteur colombien, est blessé à la main par un reste explosif de guerre. Il doit arrêter de travailler la terre. Après une période sombre, grâce au soutien de Handicap International, il est parvenu à surmonter les conséquences de l'accident.
A 24 ans, Freddy est blessé par un reste explosif de guerre dans le département du Cauca, en Colombie. | ©J.M. Vargas/HI
« J’avais 24 ans. Je vivais avec ma femme et ma fille dans une maison modeste, à la campagne, dans la région de Vereda La Primavera. On fait partie de la communauté indigène Nasa. Je travaillais dans les plantations de café, de yucca et de maïs, avec d’autres membres de la communauté. Les conditions de travail étaient terribles. Nous étions dans l’incertitude permanente d’un nouvel affrontement, sans cesse sur nos gardes. Suite au conflit qui a déchiré notre pays durant des années, de nombreux restes explosifs de guerre ont été abandonnés sur le sol. On ne savait pas ce que c’était.
Un jour, avec mon oncle, on a trouvé un long tube : je l’ai frappé avec un marteau. C’était une mine : elle a explosé, blessant ma main. J’ai été immédiatement emmené à l’hôpital. Je m’en suis sorti, avec deux doigts en moins. Mais je me sentais détruit. Les problèmes se sont enchaînés : j’ai commencé à boire, ma femme m’a quitté, j’ai perdu mon père. J’ai dû arrêter de cultiver – je n’en étais plus capable. Une période très dure. »
Mais Freddy garde courage : « Grâce au soutien de Handicap International (H.I.), j’ai pu reprendre espoir. J’ai reçu un appui pour recevoir des médicaments et avoir droit à des visites médicales, j’ai aussi reçu un soutien psychologique. H.I. m’a aidé afin que je sois capable de m’investir dans l’association de défense des communautés indigènes victimes du conflit. Je suis devenu comptable, puis conseiller pour cette association. J’ai aussi reçu un soutien financier, qui m’a permis d’avoir un petit élevage de poulets. J’ai d’autres envies, comme celle d’enregistrer un second disque de musique. Sans le soutien de Handicap International, je n’aurais jamais repris confiance en la vie, ni développé mes projets. Nos droits ont été bafoués, nous sommes des victimes, des survivants. Mais l’avenir est devant nous. »