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«Il passe à côté de son enfance»

Réadaptation

Saw, 12 ans, passe à côté de son enfance. Comme un père, il s’occupe de Kyan, son petit frère handicapé, un travail à temps plein qui ne lui laisse pas le temps de jouer. Et pour Kyan, les possibilités de jouer dans le camp de réfugiés sont encore plus limitées. Heureusement, Handicap International intervient en créant des espaces de jeu inclusifs, pour les enfants avec ou sans handicap.

Kyan sur le dos de Saw, qui marche à côté d'une cabane en bois

Saw, 12 ans, passe à côté de son enfance. Comme un père, il s’occupe de Kyan, son petit frère handicapé, un travail à temps plein qui ne lui laisse pas le temps de jouer. Et pour Kyan, les possibilités de jouer dans le camp de réfugiés sont encore plus limitées. Heureusement, Handicap International intervient en créant des espaces de jeu inclusifs, pour les enfants avec ou sans handicap.

Deux fois par semaine, Saw, 12 ans, emmène son petit frère Kyan, 4 ans, au centre de réadaptation de Handicap International. Il y va à pied, Kyan sur son dos, et s’avance sur des chemins escarpés et souvent  impraticables. Mais Saw persévère, car les séances de réadaptation sont bien trop importantes pour son frère. Et malgré l’effort, ce sont les moments qu’il préfère.

Pour Saw, les séances de réadaptation de son frère, atteint d’infirmité motrice cérébrale, lui donnent un peu de temps libre. Il découvre l’argile, joue avec les puzzles, au ballon et avec les autres enfants. Le matériel ludique du centre de réadaptation est disponible pour les enfants handicapés, mais le personnel est ravi de laisser Saw en profiter. Pour lui, c’est une bouffée d’air frais, avant de retrouver sa vie d’adulte, qui ne laisse aucune place au jeu.

L’école est finie

L’année dernière, Saw a arrêté l’école. « Je voulais m’occuper de mon petit frère », explique-t-il. Son petit frère, qui est en fait son neveu. A sa naissance, Kyan a été abandonné par son père : celui-ci n’a pas accepté le handicap de son enfant. Sa mère est partie l’année dernière, espérant de trouver un emploi. Une décision qui n’est pas sans risque, les réfugiés karens n’ont pas le droit de travailler en Thaïlande, elle risque donc la prison.

Elle a laissé son fils handicapé à ses parents dans le camp de réfugiés, mais ils sont âgés et ont du mal à s’occuper de lui. Leur plus jeune fils, Saw, n’en pouvant plus, a décidé de s’occuper du garçon. 

Inséparables

Saw aide consciencieusement Kyan à faire ses exercices de réadaptation quotidiens. Il masse ses muscles, l’aide à marcher dans la maison avec des supports pour la marche et bouge ses bras et ses jambes pour les empêcher de s’ankyloser. « C’est grâce à Saw que les effets de l’infirmité motrice cérébrale de Kyan n’ont pas empiré », explique Kan, le kinésithérapeute d’Handicap International. « L’enfant peut se mettre assis et se lever sur ses pieds... C’est assez impressionnant. »

Les deux garçons sont inséparables et ne se quittent jamais du regard. Saw décode le langage du corps de Kyan et devine s’il a faim ou soif. « Tout ce que Saw donne pour son frère est admirable. Mais c’est aussi préoccupant, car il passe à côté de sa propre enfance. Il ne joue jamais avec des enfants de son âge », raconte Kan, le kinésithérapeute.

« J’ai du mal à le laisser seul », confie Saw. « Kyan devient nerveux quand il ne me voit pas. J’aimerais l’emmener au terrain de foot, mais c’est trop dangereux. » Il montre le chemin raide et rocailleux en face de la maison. « Les chemins du camp ont plein de cailloux, de trous et de pentes raides. Quand il pleut, tout glisse. J’ai trop peur de porter Saw sur mon dos. Je ne prends le risque que pour aller au centre de réadaptation. Et malheureusement, il n’y a pas d’autre endroit dans le camp où Saw puisse jouer. »

Saw est jeune, mais il parle comme un adulte. Un enfant intelligent. « Mais le fait de ne pas aller à l’école le rend vulnérable », souligne Kan, le kinésitherapeute. Saw le sait. « Je reprendrai l’école dès que la mère de Kyan sera revenue de Bangkok », répond-il.
Mais qui sait quand cela arrivera...

Handicap International dans le camp de réfugiés de Mae La

Aujourd’hui, les enfants handicapés du camp de Mae La peuvent bénéficier des services de réadaptation au centre de réadaptation de Handicap International. Les parents, la famille et les amis de l’enfant  sont formés aux exercices de réadaptation afin de pouvoir assurer la continuité. Beaucoup de ces exercices passent par le jeu. Mais les autres enfants du camp, qui sont eux aussi souvent vulnérables (malnutrition, état de santé dégradé, parents absents, histoire traumatisante…), n’ont pas l’occasion de jouer.

Pourtant, la Convention internationale relative aux droits de l’enfant des Nations unies stipule que chaque enfant a le droit de jouer. En 2016, Handicap International a donc lancé le projet "Growing Together" pour donner à tous les enfants réfugiés la possibilité de jouer et d’être des enfants. Ce projet est financé par la Fondation Ikea. Handicap International va créer des espaces sécurisés ouverts à tous les enfants, valides et handicapés. Le jeu leur permettra de surmonter leurs traumatismes et difficultés. L’association accordera une attention spécifique à tous les  enfants handicapés, souvent exclus, qui restent cloisonnés à la maison.

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