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L'accueil des réfugiés syriens vu de l'intérieur

Urgence
Syrie

"Nous disposons d’environ 45 minutes pour identifier les personnes qui ont besoin de notre aide parmi les nouveaux arrivants. Parfois moins. Nous devons aller vite et, surtout, être efficaces. Ces personnes sont épuisées, elles ont tout perdu et n’ont parfois pas dormi depuis plusieurs jours », raconte Mohammed Aqel, kinésithérapeute pour Handicap International.

Photo de groupe d'une équipe de Handicap International dans la petite zone d'accueil du camp.

"Nous disposons d’environ 45 minutes pour identifier les personnes qui ont besoin de notre aide parmi les nouveaux arrivants. Parfois moins. Nous devons aller vite et, surtout, être efficaces. Ces personnes sont épuisées, elles ont tout perdu et n’ont parfois pas dormi depuis plusieurs jours », raconte Mohammed Aqel, kinésithérapeute pour Handicap International.

Azraq a ouvert ses portes en avril 2014 dans le but  de pouvoir accueillir 130.000 nouveaux réfugiés syriens fuyant les combats dans leur pays. Chaque jour, environ deux cent réfugiés y sont conduits après avoir traversé la frontière jordanienne et s’être enregistrés auprès du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR). Depuis mai 2014, Handicap International est présente pour accueillir les plus vulnérables.

Le confort dans le camp reste sommaire, puisque peu d’endroits y sont alimentés en électricité. Les nouveaux arrivants sont préalablement accueillis dans la zone de réception du camp où sont présentes six organisations internationales, dont Handicap International. Le lendemain, ils sont ensuite installés dans le camp.

Afin de venir en aide aux plus vulnérables, l’association a déployé six équipes comprenant chacune un kinésithérapeute et un assistant social. Quatre équipes interviennent à tour de rôle dans la zone de réception du camp, où la présence de Handicap International est assurée 24/24 tous les jours de la semaine. Deux autres équipes assurent une présence de jour dans le camp.

Le premier soir

Une nuit parmi d'autres. Vers 21h, 188 réfugiés descendent des bus avant d’être conduits vers un espace d’accueil fait de simples tôles. Epuisés par plus de trois ans de guerre civile, leurs visages traduisent l’horreur de ce qu’ils ont vécu. Avant de passer la première nuit dans des dortoirs communs, chacun reçoit l’information quant au processus d’installation, ainsi qu’un thé chaud et une couverture. Situé en plein désert, le camp d’Azraq est en proie à de violentes rafales de vent et à de brusques changements de température. Cette nuit ne fait pas exception à la règle.

L’équipe de Handicap International intervient alors pour identifier les plus vulnérables comme les personnes âgées et les mères de famille isolées, les personnes qui présentent un handicap ou qui souffrent de maladies chroniques telles le diabète et l’hypertension. Elle s’entretient avec les familles afin d’identifier les besoins les plus urgents. L’équipe délivre ensuite les premiers services d’assistance comme le prêt d’aides à la mobilité (chaises roulantes ou béquilles) pour permettre à ce qui en ont besoin de se déplacer plus facilement durant la première nuit. L’association donne aussi aux réfugiés le détail des services d’aides disponibles dans le camp, afin qu’ils sachent à qui s’adresser dès le lendemain.

Ce soir-là, Mohammed Mirze, assistant social pour Handicap International, explique : « Nous venons d’identifier huit personnes ayant besoin de notre aide. Parmi elles, des personnes âgées souffrant de maladies chroniques, une personne sourde, une personne aveugle victime de torture, une personne âgée qui présente une fracture à la jambe et une autre dont la mobilité est réduite des suites de rhumatismes. Les trois dernières, identifiées comme extrêmement vulnérables, ainsi que leur famille dormiront dans le dortoir aménagé par Handicap International. » 

"Un accueil efficace obligatoire"

Ce dortoir, à la différence des dortoirs communs de la zone de réception, est équipé de 10 lits, de couvertures et de séparations qui permettent aux familles de retrouver un peu d’intimité après plusieurs jours passés sur les routes. Les personnes les plus fragiles repérées par Handicap International y sont invitées à passer la première nuit. Les familles que nous accompagnons jusqu’au dortoir semble soulagées de se voir offrir un lit et un endroit sûr où passer la nuit.

Le processus d’identification est rapide : « Généralement, nous disposons d’environ  45 minutes pour identifier les personnes qui ont besoin de notre aide parmi les nouveaux arrivants. Parfois moins. Nous devons aller vite et, surtout, être efficaces. Ces personnes sont épuisées, elles ont tout perdu et n’ont parfois pas dormi depuis plusieurs jours », raconte Mohammed Aqel, kinésithérapeute pour Handicap International.

Mohammed M. et Mohammed A., font équipe depuis neuf mois. Avant, ils travaillaient pour Handicap International dans le camp de Za’atari : « Nous nous complétons l’un l’autre et communiquons beaucoup pour le faire le plus efficacement possible. Ici dans la zone de réception, le travail est un peu différent. Selon les cas, nous intervenons à deux. Sinon, nous partons chacun de notre côté pour être certains de rencontrer toutes les familles avant qu’elles ne partent se reposer. Notre présence ici est importante, d’autant plus que ces dernières semaines, nous avons constaté une augmentation des cas graves.»

Le suivi : essentiel mais pas évident

Les personnes identifiées par les équipes de Handicap International dans la zone de réception sont ensuite confiées aux équipes mobiles qui parcourent le camp durant la journée.  Les équipes de jour peuvent ainsi approfondir les besoins de ces personnes au cours d’un second entretien. Elles assurent ensuite des sessions de rééducation physique, de soutien psychosocial et proposent des aides à la mobilité et du matériel spécifique comme des chaises roulantes, des béquilles et des chaises-toilette.

L’association accompagne également les personnes identifiées durant la nuit pour l’octroi de tickets de nourriture, de kits comprenant entre autre du matériel d’hygiène, ainsi que pour l’attribution d’un emplacement et d’un abri adapté à leurs besoins.

Sur les quelques 780 personnes assistées par Handicap International dans la zone de réception, un peu plus de 300 ont bénéficié de l’aide des équipes mobiles dans le camp. Soit 40 %. A l’heure actuelle, plus de 100 personnes continuent de bénéficier de cette aide.  Victor Kabaseke, chargé du projet protection et camps de Handicap International, explique : « Les conditions de vie à Azraq sont particulièrement difficiles. Certaines familles quittent le camp avant même d’avoir eu un premier rendez-vous avec nos équipes mobiles. Aussi, d’autres cas identifiés par nos équipes de nuit sont directement transmis à d’autres organisations internationales afin de répondre au mieux à leurs besoins. Ceci explique la différence entre le nombre de personnes identifiées par nos équipes dans la zone de réception et le nombre de personnes suivies par nos équipes de jour dans le camp. »

Un appui aux autres organisations

En plus de l’assistance directement apportées aux réfugiés, Handicap International intervient également auprès des autres organisations présentes à Azraq pour délivrer des conseils techniques quant à l’accessibilité des espaces communs et des abris, ainsi qu’à l’identification des plus vulnérables.

 

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