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Les humanitaires à Gaza lancent un appel à l'aide

Territoires Palestiniens Occupés

"Comme les deux millions et plus de Palestiniens de la bande de Gaza, nous, travailleurs humanitaires, sommes affamés, déplacés et tués."

Les travailleurs humanitaires de Handicap International Palestine à Gaza lancent un appel à l'aide. Car en plus d'être des travailleurs humanitaires, ils sont, comme tous les Palestiniens, victimes d'une guerre terrible où rien ni personne n'est épargné. Depuis l'invasion de Gaza par Israël il y a deux ans, cinq travailleurs de Handicap International ont déjà été tués à Gaza par les bombardements et autres violences armées de l'armée israélienne.

"Tout comme les deux millions et plus de Palestiniens de la bande de Gaza, nous, travailleurs humanitaires, sommes affamés, déplacés et tués. Depuis près de deux ans, chaque jour, nous devons jongler entre survivre à cette guerre, prendre soin de nous-mêmes et de nos familles, et servir les plus vulnérables. La faim a atteint son paroxysme et des enfants et des bébés meurent de faim.

Il n'y a pas de nourriture, d'eau potable, de médicaments, de carburant ou d'autres besoins fondamentaux. Des centaines de personnes sont tuées sur les sites de distribution d'aide militarisés. Le choix est difficile : mourir de faim ou se faire tuer en essayant d'obtenir de la nourriture. Nous ne pouvons pas fonctionner pleinement ou servir ceux qui sont dans le besoin parce que nous manquons de l'aide et de l'équipement nécessaires en raison du blocus de l'armée israélienne, des bombardements incessants et des déplacements forcés, mais aussi parce que nous nous affaiblissons nous-mêmes à cause de la faim et de la malnutrition.

Vous pouvez voir l'impact sur leur corps et dans leurs yeux - nos employés sont étourdis, faibles et manquent d'énergie. Bien qu'ils restent dévoués à leur mission, ils ne peuvent plus se concentrer ou travailler comme avant. Nombre de nos activités requièrent des mouvements et des efforts physiques, comme nos soins de réadaptation et nos séances de sensibilisation à l'autoprotection contre les explosifs. Les prochains jours seront critiques, si la situation perdure, nous verrons certains travailleurs humanitaires de Handicap International s'effondrer pendant leur service.

Sharaf Al Faqawi, directeur de Handicap International Gaza.

 

 

Plus de 100 organisations tirent la sonnette d'alarme pour que l'aide humanitaire puisse être acheminée

Alors que le siège imposé par le gouvernement israélien affame la population de Gaza, les travailleurs humanitaires font désormais la file aux mêmes distributions alimentaires, risquant d'être abattus simplement pour nourrir leurs familles. Les réserves étant désormais totalement épuisées, les organisations humanitaires voient leur propre personnel et leurs partenaires dépérir sous leurs yeux.

Deux mois exactement après le début des activités de la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation contrôlée par le gouvernement israélien, plus d'une centaine d'organisations tirent la sonnette d'alarme et exhortent les gouvernements à agir pour : faire ouvrir tous les points de passage terrestres ; rétablir l'approvisionnement complet en nourriture, en eau potable, en fournitures médicales, en articles de première nécessité et en carburant à travers un mécanisme fondé sur les principes humanitaires et dirigé par l'ONU ; mettre fin au siège et conclure un cessez-le-feu immédiat.

« Chaque matin, la même question résonne dans toute la bande de Gaza : vais-je manger aujourd'hui ? », a rapporté le représentant de l’une des organisations.

Des massacres ont lieu presque quotidiennement dans les emplacements de distribution alimentaire à Gaza. Au 13 juillet, l'ONU a confirmé que 875 Palestiniens avaient été tués alors qu'ils tentaient d’obtenir de la nourriture, soit 201 sur les routes d'acheminement de l'aide humanitaire et les autres sur les sites de distribution. Des milliers d'autres ont été blessés.

Parallèlement, les forces israéliennes ont déplacé de force près de deux millions de personnes épuisées, le dernier ordre de déplacement massif ayant été lancé le 20 juillet, confinant la population palestinienne dans moins de 12 % du territoire de Gaza. Le Programme alimentaire mondial avertit que les conditions actuelles rendent les opérations intenables. Affamer des civils comme méthode de guerre constitue un crime de guerre.

Juste à l'extérieur de Gaza, dans des entrepôts – et même à l'intérieur de Gaza –, des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, d'articles de première nécessité et de carburant restent intactes, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les distribuer.

Les restrictions, les retards et la fragmentation imposés par le gouvernement israélien en vertu de son siège total ont engendré le chaos, la famine et la mort. Un travailleur humanitaire fournissant un soutien psychosocial a évoqué l'impact dévastateur sur les enfants : « Les enfants disent à leurs parents qu'ils veulent aller au paradis, car au moins là-bas, il y a de quoi manger. »

Les médecins rapportent des taux records de malnutrition aiguë, en particulier chez les enfants et les personnes âgées. Des maladies telles que la diarrhée aiguë se propagent, les marchés sont vides, les déchets s'accumulent et des adultes s'effondrent dans les rues, victimes de la faim et de la déshydratation. Les distributions à Gaza s'élèvent en moyenne à seulement 28 camions par jour, ce qui est loin d'être suffisant pour plus de deux millions de personnes, dont beaucoup n'ont reçu aucune aide depuis des semaines.

Le système humanitaire dirigé par l'ONU n'a pas échoué, il a été empêché de fonctionner.

Les agences humanitaires ont les capacités et les ressources nécessaires pour intervenir à grande échelle. Mais l'accès nous étant refusé, nous ne pouvons venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin, y compris nos propres équipes épuisées et affamées.

Le 10 juillet, l'Union européenne et Israël ont annoncé des mesures visant à renforcer l'aide humanitaire. Mais ces promesses de « progrès » sonnent creux tant qu'il n'y a pas de changement réel sur le terrain. Chaque jour sans aide humanitaire en continu signifie que davantage de personnes meurent de maladies évitables. Des enfants meurent de faim en attendant des promesses qui ne se concrétisent jamais.

Les Palestiniennes et les Palestiniens sont pris au piège dans un cycle d'espoir et de désespoir, attendant de l'aide et un cessez-le-feu, pour se réveiller chaque jour dans des conditions qui ne cessent de se détériorer. Il ne s'agit pas seulement d'une souffrance physique, mais aussi psychologique. La survie est comme un mirage. Le système humanitaire ne peut pas fonctionner sur la base de fausses promesses. Les organisations humanitaires ne peuvent pas travailler avec des calendriers changeants ou attendre des engagements politiques qui échouent à donner accès à la population.

Les gouvernements doivent cesser d'attendre la permission d'agir. Nous ne pouvons pas continuer à espérer que les dispositions actuelles fonctionnent. Il est temps de prendre des mesures décisives : exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent ; lever toutes les restrictions bureaucratiques et administratives ; ouvrir tous les points de passage terrestres ; garantir l'accès à toutes les personnes dans toute la bande de Gaza ; rejeter les modèles de distribution contrôlés par l'armée ; rétablir une réponse humanitaire fondée sur les principes humanitaires et dirigée par l'ONU ; et continuer à financer les organisations humanitaires impartiales et fondées sur les principes humanitaires. Les États doivent prendre des mesures concrètes pour mettre fin au siège, telles que l'arrêt du transfert d'armes et de munitions.

Les mesures fragmentaires et les gestes symboliques, tels que les largages aériens ou les accords d'aide déficients, servent de paravent à l'inaction. Elles ne peuvent remplacer les obligations juridiques et morales des États de protéger les civils palestiniens et de garantir un accès significatif à grande échelle. Les États peuvent et doivent sauver des vies avant qu'il n'y en ait plus à sauver.

Les signataires :

1. American Friends Service Committee (AFSC)
2. A.M. Qattan Foundation
3. A New Policy
4. ACT Alliance
5. Action Against Hunger (ACF)
6. Action for Humanity
7. ActionAid International
8. American Baptist Churches Palestine Justice Network
9. Amnesty International
10. Asamblea de Cooperación por la Paz
11. Associazione Cooperazione e Solidarietà (ACS)
12. Bystanders No More
13. Campain
14. CARE
15. Caritas Germany
16. Caritas Internationalis
17. Caritas Jerusalem
18. Catholic Agency for Overseas Development (CAFOD)
19. Center for Mind-Body Medicine (CMBM)
20. CESVI Fondazione
21. Children Not Numbers
22. Christian Aid
23. Churches for Middle East Peace (CMEP)
24. CIDSE- International Family of Catholic Social Justice Organisations
25. Cooperazione Internazionale Sud Sud (CISS)
26. Council for Arab?British Understanding (CAABU)
27. DanChurchAid (DCA)
28. Danish Refugee Council (DRC)
29. Doctors against Genocide
30. Episcopal Peace Fellowship
31. EuroMed Rights
32. Friends Committee on National Legislation (FCNL)
33. Forum Ziviler Friedensdienst e.V.
34. Gender Action for Peace and Security
35. Global Legal Action Network (GLAN)
36. Global Witness
37. Health Workers 4 Palestine
38. HelpAge International
39. Handicap International
40. Humanity First UK
41. Indiana Center for Middle East Peace
42. Insecurity Insight
43. International Media Support
44. International NGO Safety Organisation
45. Islamic Relief
46. Jahalin Solidarity
47. Japan International Volunteer Center (JVC)
48. Kenya Association of Muslim Medical Professionals (KAMMP)
49. Kvinna till Kvinna Foundation
50. MedGlobal
51. Medico International
52. Medico International Switzerland (medico international schweiz)
53. Medical Aid for Palestinians (MAP)
54. Mennonite Central Committee (MCC)
55. Médecins Sans Frontières (MSF)
56. Médecins du Monde France
57. Médecins du Monde Spain
58. Médecins du Monde Switzerland
59. Mercy Corps
60. Middle East Children’s Alliance (MECA)
61. Movement for Peace (MPDL)
62. Muslim Aid
63. National Justice and Peace Network in England and Wales
64. Nonviolence International
65. Norwegian Aid Committee (NORWAC)
66. Norwegian Church Aid (NCA)
67. Norwegian People’s Aid (NPA)
68. Norwegian Refugee Council (NRC)
69. Oxfam International
70. Pax Christi England and Wales
71. Pax Christi International
72. Pax Christi Merseyside
73. Pax Christi USA
74. Pal Law Commission
75. Palestinian American Medical Association
76. Palestinian Children’s Relief Fund (PCRF)
77. Palestinian Medical Relief Society (PMRS)
78. Peace Direct
79. Peace Winds
80. Pediatricians for Palestine
81. People in Need
82. Plan International
83. Première Urgence Internationale (PUI)
84. Progettomondo
85. Project HOPE
86. Quaker Palestine Israel Network
87. Rebuilding Alliance
88. Refugees International
89. Saferworld
90. Sabeel?Kairos UK
91. Save the Children (SCI)
92. Scottish Catholic International Aid Fund
93. Solidarités International
94. Støtteforeningen Det Danske Hus i Palæstina
95. Swiss Church Aid (HEKS/EPER)
96. Terre des Hommes Italia
97. Terre des Hommes Lausanne
98. Terre des Hommes Nederland
99. The Borgen Project
100. The Center for Mind-Body Medicine (CMBM)
101. The Glia Project
102. The Global Centre for the Responsibility to Protect (GCR2P)
103. The International Development and Relief Foundation
104. The Institute for the Understanding of Anti?Palestinian Racism
105. Un Ponte Per (UPP)
106. United Against Inhumanity (UAI)
107. War Child Alliance
108. War Child UK
109. War on Want
110. Weltfriedensdienst e.V.
111. Welthungerhilfe (WHH)

 

Publié le : 22 juillet 2025

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