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Mbetsa Mingera (35 ans)

République démocratique du Congo

Mbetsa a peint en rouge les ongles du pied de sa prothèse. De loin, on voit à peine la différence avec son vrai pied. Mbetsa est une femme fière, malgré les nombreux événements douloureux qu'elle a connus. 

Mbetsa a peint en rouge les ongles du pied de sa prothèse. De loin, on voit à peine la différence avec son vrai pied. Mbetsa est une femme fière, malgré les nombreux événements douloureux qu'elle a connus. 

Pour se rendre à sa formation de couturière, Mbetsa revêt sa plus belle robe. Dès l'aurore, elle quitte sa maison située dans le quartier de Bukaku (au centre de Masisi), où elle habite avec ses trois adolescents. Bâton à la main, les épaules droites, le menton haut. Et pourtant la vie de Mbetsa est une succession d’événements douloureux qui auraient pu briser son optimisme.
Il y a onze ans, elle a accouché de jumeaux qui sont morts au cours de la naissance. “Quand je suis arrivée chez moi, j'ai eu une crise d'hystérie. Dans ma chute, j'ai entraîné un pot d'eau bouillante qui a abouti sur ma jambe. Elle était entièrement brûlée. J'ai séjourné toute une année dans plusieurs hôpitaux avant de pouvoir retourner chez moi.”

“Trois ans plus tard, il y a eu de violents combats dans mon village. Tout le monde s'est immédiatement enfui dans la forêt. J'ai fui aussi mais, comme les plaies de mes brûlures s'étaient rouvertes, j'avais du mal à courir et ne pouvais pas suivre les autres. Partout autour de moi, j'entendais des coups de fusils. Une balle a atteint ma jambe. Des habitants du secteur ont fini par me trouver, ils ont prévenu mon mari. A l'hôpital, les médecins m’ont amputé d’une jambe. “

En 2011, Mbetsa entre en contact avec une équipe de Handicap International qui la conduit au centre de réadaptation à Goma. Elle y reçoit des soins médicaux avant d’être appareillée d’une prothèse . En 2012, Mbetsa est inscrite dans le projet ‘assistance aux victimes’ de Handicap International. Elle peut alors suivre une formation en coupe et couture, avant de recevoir le matériel nécessaire, dont une machine à coudre adaptée pour débuter une activité. A terme, elle devrait pouvoir ouvrir son propre atelier de couture pour gagner sa vie.

“Tout début est difficile”, concède la jeune femme. “Il ne m'est pas toujours facile de me plonger entièrement dans cette formation. Mon premier souci est de survivre et de m'occuper des enfants.” Devant sa maisonnette, elle possède un tout petit terrain où elle cultive des haricots et du manioc. Elle utilise une partie de sa récolte pour manger et vend le restant sur les marchés.
Elle est seule à s'occuper des trois enfants. “Quand j'ai perdu ma jambe, mon mari m'a laissée tomber et a choisi une autre femme. J'étais bouchère, mais il ne m'était plus possible de faire ce métier-là. Je ne pouvais plus non plus porter du bois ni accomplir des travaux physiques, donc je n'étais plus utile. J'avais aussi beaucoup maigri. Il disait qu’il ne voulait pas vivre avec un squelette, il croyait que j'allais mourir.”

Depuis qu’elle a été appareillée et qu’elle est rétablie, son ancien mari vient la voir de nouveau de temps en temps. Elle lance d’un clin d’œil : « qu'il le fasse donc. Ce n'est pas si grave car, depuis ma fausse couche, je ne pourrais plus être enceinte. »
Son ancien mari ne l’aide pas, mais Mbetsa est convaincue qu’elle sera bientôt autonome. “Provisoirement, je confectionne et répare seule les vêtements de mes enfants, mais je n'en suis encore qu'à mes débuts. Lorsque j'aurai terminé ma formation, je vais lancer mon activité professionnelle. J'espère alors que les soucis financiers ne seront enfin plus qu'un mauvais souvenir.
 

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