Retrouver sa force intérieure après de nombreuses épreuves
Violences et déplacements répétés affectent lourdement la santé mentale des habitants de l’Est de la RDC. Avec l’aide des équipes de Handicap International, ils et elles travaillent à leur bien-être psychologique.

Jacqueline Muzimanganya échange avec Léontine Heri Basengo, psychologue de HI, pendant une séance d’accompagnement psychosocial. | © N. Lagrisi Lusilawo / HI
Les lourdes conséquences des violences sur le bien-être psychologique
Au Nord-Kivu, les années de violences ont marqué les habitants. Depuis des décennies, des affrontements réguliers forcent femmes, hommes et enfants à fuir de chez eux. Les conséquences psychologiques de ces déplacements sont lourdes, affectant la santé mentale et le bien-être de nombreuses personnes. C’est le cas par exemple de Jacqueline Muzimanganya, 53 ans, cultivatrice et mère de 12 enfants, image même du courage dans l'adversité. Originaire du village de Kamulonza, situé à l’Est de Goma, elle a été contrainte de fuir avec sa famille il y a un peu plus d’une année à cause des violents affrontements entre les groupes armés et l'armée congolaise.
Dans sa fuite, Jacqueline a tout laissé derrière elle : sa maison, ses champs, son bétail, ses biens matériels et les activités agricoles qui faisaient vivre sa famille. Réfugiée d'abord au camp Munzeze dans la ville de Goma, elle a connu des conditions de vie précaires et un stress extrême.
« Les multiples soucis et inquiétudes m’ont rendue malade, » confie-t-elle. Sans en comprendre la cause, Jacqueline tombait régulièrement malade, souffrant de crises d’hypertension qui l’obligeaient à de fréquentes hospitalisations. À cela s'ajoutaient les tensions au sein de son foyer : son mari, en état d'ivresse, la blâmait durement, augmentant son mal-être.
Accepter et surmonter les épreuves
Grâce à l’intervention des psychologues de Handicap International, Jacqueline a pu bénéficier de soutien en santé mentale. À travers des conseils adaptés et un accompagnement régulier, elle a progressivement appris à comprendre et à gérer son stress.
« Aujourd'hui, je ne tombe plus malade comme avant, » explique Jacqueline. « Je parviens à surmonter certaines épreuves et à accepter que ce que nous vivons est une étape difficile de la vie. » Elle a aussi appris à mieux vivre avec son mari malgré les tensions.
Alors que la famille devait quitter le camp Rego pour rentrer à Kamulonza, l'insécurité persistante dans leur village a rendu ce retour impossible. Jacqueline et sa famille vivent actuellement dans une école à Sake, toujours déplacés mais plus résilients. Ensemble, ils ont réussi à restaurer leur dignité, leur santé mentale et à retrouver espoir, même au cœur d’une situation humanitaire des plus complexes.