« Mon avenir est bloqué »
Originaire de Deraa, en Syrie, Ahmad a 24 ans. En 2013, il fuyait sa ville bombardée et assiégée, quand il a perdu son pied droit en marchant sur une mine. Il a été appareillé d’une prothèse par Handicap International en Jordanie, mais il peine à imaginer le futur.
© P.Poulpiquet
« Avant, on était bien. On vivait, on travaillait, on ne manquait de rien », raconte Ahmad lorsqu’il se rappelle de sa vie en Syrie. « Et puis, la guerre est arrivée dans nos vies. Les avions dans le ciel aussi… Notre ville a été assiégée. Et les bombardements ont commencé à être quotidiens. » A cette époque, Ahmad et d’autres personnes de son quartier décident de fuir. Ils se déplacent alors d’un quartier à un autre, pour trouver un endroit où ils seraient en sécurité.
« Un jour, alors que nous fuyions l’endroit où nous nous trouvions, j’ai marché sur une mine et elle a explosé. Mon pied a été arraché sur le coup. J’ai été transporté dans un centre de santé, puis directement en Jordanie pour m’y faire soigner. On m’a opéré 5 fois avant que je ne puisse sortir de l’hôpital. Après, je suis arrivé ici, à Zaatari. Je vis dans ce camp depuis trois ans maintenant », raconte-t-il.
Suivi par Handicap International depuis son arrivée en Jordanie, Ahmad a été appareillé d’une prothèse et bénéficie de soins de réadaptation de la part de l’association. « Avant, je ne pouvais pas bouger ma jambe. Maintenant, je peux me déplacer à nouveau. » Mais s’il est plus à l’aise dans ses mouvements, il regrette le manque d’opportunités dans le camp. « Ici, c’est très dur de travailler. J’aimerais partir à l’étranger car j’ai l’impression que mon avenir est bloqué. Cela fait six ans que la guerre dure, nous sommes fatigués. Six ans, ça suffit ! »