Syrie : le long combat d’Haya
Réfugiée à Irbid, en Jordanie, depuis novembre 2013, Haya sort tout doucement aujourd’hui d’une période terriblement douloureuse.
Réfugiée à Irbid, en Jordanie, depuis novembre 2013, Haya sort tout doucement aujourd’hui d’une période terriblement douloureuse.
En novembre 2012, alors qu’elle circule avec ses enfants en taxi dans les rues de Deraa en Syrie, une balle perdue traverse la carrosserie du véhicule et l’atteint à la colonne vertébrale. Elle est tout d’abord conduite dans un dispensaire, dont le personnel totalement démuni ne peut intervenir, puis dans un hôpital de la région. L’opération pour retirer la balle prend plusieurs heures. Haya subit une ablation de la rate et de l’un de ses reins touchés par l’impact, des éclats subsisteront dans la colonne vertébrale. C’est à ce moment-là que les médecins lui apprennent qu’elle a une paraplégie irréversible.
Trouver un refuge
Tandis qu’elle est à l’hôpital, le mari d’Haya décide qu’ils vont fuir la Syrie. Il agit alors très vite. Il rassemble leurs documents d’identité, va chercher Haya à l’hôpital et avec leurs deux enfants, ils fuient vers la frontière jordanienne. Leur tentative de passage se soldera par un échec, puis quelques jours plus tard, ils réussiront à entrer en Jordanie.
A leur arrivée, Haya subira une nouvelle intervention chirurgicale pour enlever les éclats restants dans sa colonne, puis deux autres encore.
Le père trouve rapidement un appartement à Irbid, suffisamment accueillant pour redonner un peu de réconfort à sa femme et à ses enfants. A ce moment-là, Haya est totalement désespérée par son handicap et les enfants traumatisés d’avoir vécu tant d’événements dangereux.
Une planche de salut
La rencontre avec les équipes de Handicap International a lieu en mars 2013. Un proche de la famille qui vit aux Etats-Unis contacte le bureau américain de l’association. Celui-ci informe immédiatement l’équipe basée à Irbid et une équipe mobile se rend au domicile d’Haya.
L’évaluation de l'état d'Haya, aussi bien physique que psychologique, réalisée par le kinésithérapeute et le travailleur social de l’association, augure de longs mois de travail. Haya est une jeune femme de 30 ans dont l’avenir semblait particulièrement prometteur. En Syrie, elle achevait des études pour devenir puéricultrice, son rêve. Entourée de deux enfants plein de vie et d’un mari particulièrement attentionné, elle pensait totalement s’accomplir grâce à l’obtention de son diplôme et sa rentrée dans la vie active. Aujourd’hui, son handicap lui impose de tout réapprendre, de repartir à zéro.
L’équipe de Handicap International commence alors les séances de rééducation pour tonifier ses muscles, lui apprendre à poser sa sonde urinaire… Puis progressivement, en fonction de ses progrès physiques, elle lui apporte des aides à la mobilité : un fauteuil roulant, des béquilles, un déambulateur. Les séances de rééducation se succèdent et Haya apprend à passer de son lit au fauteuil et à se déplacer avec sa chaise roulante. Le kinésithérapeute lui enseigne également des exercices à faire seule. Le mari d’Haya reçoit des conseils pour qu’il soit en mesure de l’aider et de l’encourager. Les séances de kiné sont suivies d’échanges autour de la compréhension du handicap et de son acceptation.
Reprendre le cours de sa vie
Aujourd’hui, Haya reprend le cours de sa vie tout doucement. Elle peut de nouveau s’occuper de ses enfants, aider sa fille de 7 ans dans ses exercices scolaires et elle cuisine de nouveau. Comme elle est plus autonome, son mari peut chercher du travail. Il la soutient plus que jamais et est particulièrement heureux de ses énormes progrès. D’ici quelque temps, l’équipe de Handicap International aura fini son travail, fière d’avoir été à leurs côtés dans ces moments douloureux.