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Une course vue par un handbiker

Belgique

Pierre a couru les 20 km de Bruxelles avec l’équipe de Handicap International, dans la catégorie Handbike. Il nous fait vivre son exploit sportif de l’intérieur.

Pierre a couru les 20 km de Bruxelles avec l’équipe de Handicap International, dans la catégorie Handbike. Il nous fait vivre son exploit sportif de l’intérieur.

“ Samedi, préparation technique : pneus bien gonflés, lunettes casque, velcro pour empêcher les pieds de glisser, etc… Je charge déjà le handbike dans la voiture.

Ce dimanche matin, réveil très tôt : à 4.45 h. J’essaye de ne pas faire trop de bruit pour épargner ma belle. Comme je perçois des signes de vie sous sa couette, je me risque à un gentil « Bonjour ma tendre ». Ca s’agite un peu, je vois un petit doigt réagir… A moins que ce ne soit le majeur ? Dehors les oiseaux sont déjà en plein concert, je ne suis donc pas le premier éveillé dans la rue. Allons-y pour le cérémonial matinal : je prends ma tension : 17.5 sur 10.8, c’est beaucoup trop ! Surtout ne rien dire à Madicte…. Je mets ces chiffres sur le compte de mes appréhensions refoulées, sans doute un peu de stress sous des apparences décontractées. Ca passera. Puis je me sonde, je passe sur la toilette, je me rase, je passe sous la douche, je retourne sur le lit pour m’habiller tout ça en un peu moins de 2 heures (« Bonjour ma Tendre, désolé de t’éveiller de si grand matin » - « Tu seras prudent, hein ? On annonce de fortes chaleurs »  -  « T’en fait pas, il y a des stands de la Croix Rouge un peu partout, et tous ne pratiquent pas l’euthanasie »).

Départ

Frédéric arrive vers 6.30 h, nous sommes dans la voiture un peu avant 7.00 h. Route pèpère jusque Bruxelles, parking facile. Nous allons chercher nos dossards (ceux qu’on met sur le ventre), François nous rejoint. L’équipe est complète, on peut se diriger vers le box de départ des moins valides. Je salue des connaissances (c’est un monde très fermé, les handicapés, on connait toujours quelqu’un…). Mes acolytes s’échauffent sur la pelouse, nous sommes prêts ! Départ, en avant ! Cette année nous empruntons la Rue Bélliard (explication personnelle : nous ne passons donc pas devant l’ambassade des Etats Unis… Ne les mettons pas sous pression !). L’énergie est là, la force aussi. Mais les lois de la physique me rappellent que dans une côte,  mon poids part vers l’arrière et ma roue motrice, à l’avant de l’attelage, a tendance à patiner. J’ai donc besoin de mon « push team ». On limite leur aide au strict minimum, je dois le faire le plus possible seul.

Sur la route

Devant le Palais, les pavés ne me posent pas de problème : j’ai fixé mes pieds avec une bande velcro. En route pour le Palais de Justice. Les derniers 100 m demandent encore de l’assistance. Nous franchissons par le tunnel le carrefour entre l’avenue Louise et le petit ring. Tiens, je pensais que ce tunnel était fermé à la circulation à cause d’un risque d’effondrement. Mais non : il est ouvert ! Peut-être à la demande de Maggie Deblock ? En cas d’effondrement, cela pourrait faire faire des économies à la sécurité sociale, quelques dizaines de handicapés rayés des listes… (sans parler de leurs accompagnateurs). Bon, reprenons : sortir des tunnels reste un soucis, je fais appel au « push team ».

Tiens je passe là où le premier piéton m’avait dépassé il y a 3 ans, au km 4,5. Aujourd’hui j’irai jusqu’au km 6,5 avant d’être rattrapé par le premier coureur à pieds. C’est un beau progrès pour moi. Les autres suivent rapidement. Tiens, la première femme ! Ah… non, c’est un homme avec de longs cheveux… Les piétons arrivent maintenant par grappes. Les premiers ont  vraiment des muscles saillants, ils ne sont pas très grands. Cela me rappelle un expression des cousins Renard : « Pas une once de graisse ! », c’est vraiment le cas.

Nous ne formons qu'un !

Les premières tapes sur l’épaule, les encouragements complices : ça fait du bien, tout comme les spectateurs qui nous motivent tout au long du parcours. Il y a les groupes musicaux, les percussionnistes qui donnent l’envie d’avancer au rythme de leurs tambours. Good vibrations !  J’ai un sentiment particulier : nous ne formons qu’un ! Tous rattachés à une grande âme, à une Unité.
Jusqu’ici, dans les descentes ou sur le plat je dépasse pas mal de monde, mais dès la première côte, pas mal de monde me rattrape. C’est un jeu, on se salue en se disant qu’on se reverra soit au pied de la prochaine côte, soit dans la prochaine descente.

De 38 km/h à 2 km/h

Fin de la chaussée de la Hulpe et début du boulevard du Souverain, vers le km 12, je prends le large : ça descend, ou alors c’est plat. Jusqu’au pied le l’Avenue de Tervueren, je fonce (deux fois une pointe à 38 km/h  -  Là on ne rigole pas je dois  être prudent avec tous ces piétons qui courent au milieu de la route). Voilà la côte… Je perds de ma superbe : à peine 2 km/h… Les ravitaillements en eau le long du parcours rendent le sol très humide : ma roue avant patine ! Par deux fois je demande de l’aide pour une courte distance, histoire de m’extraire de la zone humide et de retrouver un peu de vitesse.
Pour les 300 derniers mètres de côte, avant le palais Stoclet,  François m’a rejoint, juste au bon moment. Dernier plat, les derniers 1000 mètres, je repars seul. Je franchis la ligne d’arrivée, ému of course, mais surtout heureux ! Merci Frédéric, merci François !

A l'arrivée

Cette fois j’étais inscrit dans l’organisation de Handicap International. Super team, avec des gens motivants, accueillants ! Belle organisation, tout le monde était pris en compte (juste un truc : les tables hautes pour le sandwich de midi : un peu hautes pour les chaises roulantes…. Ah ah ah). J’ai aussi été étonné du peu de chaises roulantes inscrites pour soutenir Handicap International : nous étions deux… Certes, des dizaines de « marchants » étaient inscrits (près de 400 !). je me dis qu’ici en Belgique nous avons la chance, nous les moins valides, d’avoir du matériel de qualité à notre disposition. Comment ne pas en faire profiter d’autres ailleurs, là où les victimes de conflits sont laissées pour compte ? ”

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