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Une prothèse oculaire pour Pablo

Mines et autres armes Santé
Colombie

Les années d’adolescence de Pablo venaient de commencer quand il a été victime d'un accident : il a sauté sur une mine et y a perdu un œil. Un coup dur pour le jeune Colombien. Une prothèse oculaire de Handicap International a changé à nouveau sa vie, cette fois de manière positive : « Quand j'ai essayé ma prothèse oculaire pour la première fois et que j'ai regardé dans le miroir, j'avais du mal à le croire : j'avais le même aspect qu'avant ! "

Les années d’adolescence de Pablo venaient de commencer quand il a été victime d'un accident : il a sauté sur une mine et y a perdu un œil. Un coup dur pour le jeune Colombien. Une prothèse oculaire de Handicap International a changé à nouveau sa vie, cette fois de manière positive : « Quand j'ai essayé ma prothèse oculaire pour la première fois et que j'ai regardé dans le miroir, j'avais du mal à le croire : j'avais le même aspect qu'avant ! ”

Pablo entre discrètement dans le petit bureau de Pastoral Social, le partenaire local de Handicap International dans la ville de montagne de Pasto au sud de la Colombie. À première vue, on ne remarque pas que son œil droit a été frappé par un éclat de mine quand il avait quatorze ans. « Je porte une prothèse oculaire », dit-il doucement, mais franchement. Il explique pourquoi d'une manière admirablement calme.

(Pas) un jour comme un autre

Nous sommes en 2012, les jeunes Colombiens sont en vacances. Pablo demeure à la ferme de son père. Le matin, il décide d'aller voir un copain qui habite un peu plus loin. Il prend son raccourci habituel.

« Alors que je marchais, j’ai tout à coup senti quelque chose frôler ma jambe », raconte Pablo. « Tout de suite après, j'ai entendu une forte explosion. J’ai vu de la poussière partout. J'ai touché mon visage et j’ai senti que du liquide coulait sur ma joue. On m’a expliqué plus tard que c’était de l’humeur aqueuse. J'éprouvais également une douleur dans ma main. J’ai dû m'asseoir par terre et ne parvenais plus à bouger. »

Pablo avait touché un petit fil, tendu de manière invisible à travers la route pour faire sauter une mine antipersonnel. Un mauvais pas a fait de lui une victime civile du conflit qui, en Colombie, oppose l’armée, des groupes d'opposition armés et d'autres bandes criminelles, qui utilisent allègrement des mines, souvent des explosifs de fortune.

Son père, qui avait entendu le bruit au loin et qui, inquiet, avait suivi son fils, l’a retrouvé et, voyant ses blessures, l'a porté sur son dos pour l'amener au centre de santé. Ce n'est pas vraiment évident dans la zone rurale colombienne où il habite : si une auto qui passait par hasard ne les avait pas recueillis, ils auraient dû marcher pendant deux heures pour atteindre le centre le plus proche.

Le verdict après vingt-quatre heures

Pour Pablo, ce n’était que le point de départ d’un long et difficile chemin pour obtenir les soins appropriés. Au sein du centre de santé, Pablo a déjà reçu des soins et des calmants, certes, mais le personnel ne disposait pas de l'expertise nécessaire pour traiter sa plaie de manière correcte. Ils l'ont donc envoyé à un hôpital de la ville.

Arrivé à l'hôpital, Pablo a rencontré deux problèmes : aucun oculiste n'était présent et il n'y avait pas de lit disponible pour lui. Il a dû attendre toute la nuit dans le hall jusqu'à ce qu'à cinq heures du matin, on lui indique qu'il pouvait aller à l'hôpital des enfants. C'est seulement à ce moment-là que Pablo a reçu des soins adaptés pour la première fois, presque vingt-quatre heures après qu'un éclat de mine ait percé son œil.

À l'hôpital des enfants, Pablo apprend la mauvaise nouvelle : on ne peut plus rien faire pour son œil. « Quand le médecin me l'a dit, je me suis mis à pleurer. Et mon papa aussi. D'un coup, j'étais à moitié aveugle et j'avais une cavité sans œil. Je connaissais un homme sans œil quand j'étais petit et avoir la même chose me rendait malade. J'étais sous le choc. »

Au diable le pansement et les lunettes de soleil

Grâce à Handicap International, Pablo a reçu des visites régulières de la part de John, le psychologue de l'organisation partenaire Pastoral Social. Il a fourni au garçon un soutien psychologique et est passé le voir un jour avec un avocat qui, lui aussi, avait perdu son œil. Ce fut une rencontre décisive dans la vie de Pablo. « Je devais deviner de quel œil il s'agissait », dit Pablo. « Mais je ne voyais tout simplement pas de différence. Je ne l’ai cru qu'au moment où il a enlevé un de ses « yeux ». À ce moment-là, j'ai regagné espoir pour la première fois. »

Cet espoir est devenu réalité quand Pablo a reçu une prothèse oculaire grâce à Handicap International quelques mois plus tard. Un moment qu'il n'oubliera pas de sitôt. « Quand j'ai essayé ma prothèse oculaire pour la première fois et que j'ai regardé dans le miroir, j'avais du mal à le croire : j'avais le même aspect qu'avant ! J'étais fou de joie. Auparavant, j'avais un pansement qui cachait mon orbite vide et je portais toujours mes lunettes de soleil, parce que j'avais honte. »

Le père de Pablo est si fier du résultat qu'il ne peut s'empêcher d'en parler à qui veut l'entendre. Pablo, quant à lui, n'en parle pas vraiment avec ses amis. Son père et sa sœur de quinze ans sont les seuls qui peuvent être présents quand il enlève sa prothèse pour la désinfecter. « Ma petite sœur de onze ans peut le voir, mais elle ne veut pas. C'est trop horrible pour elle », ajoute-t-il en souriant.

Marquer des buts avec le pied gauche

Handicap International fait en sorte que Pablo continue à recevoir  un accompagnement psychosocial. Il suit des ateliers pédagogiques et participe à des activités avec les autres adolescents victimes d'un accident de mine.

« J'essaie d'avoir les mêmes activités qu'avant mon accident. J'aime lire et j'y parviens, même avec un œil. Je joue toujours au foot, même si j'étais droitier auparavant et que mon pied droit est devenu très faible, parce que je ne vois pas quand un joueur s'approche de moi de ce côté-là. C'est pourquoi j'ai commencé à m'entraîner avec mon pied gauche. Je suis attaquant et je parviens assez bien à marquer des buts avec mon pied gauche à présent », dit Pablo, visiblement fier de lui.

Le Colombien de dix-sept ans veut maintenant achever ses études secondaires pour ensuite étudier le droit. Il veut devenir avocat, à l'instar de l'avocat qui un jour est venu à son chevet. Malgré son accident, mais grâce à l'accompagnement et à la prothèse oculaire, il a repris confiance en l'avenir.

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