Déminer avec des drones, une innovation
Dans les situations de conflits et de catastrophes naturelles, Handicap International (HI) apporte une réponse humanitaire pluridisciplinaire aux populations réfugiées, déplacées ou sinistrées. L’organisation propose notamment un accompagnement aux blessés, aux victimes de traumatismes, aux personnes en situation de handicap et aux autres populations vulnérables.
Chaque année, les mines et autres explosifs abandonnés font de nombreuses victimes dans le monde. Résultat : des décès et des handicaps physiques graves qui pourraient être parfaitement évités par le déminage. Mais il s'agit d'un processus extrêmement lent et coûteux qui consiste à balayer progressivement le sol à l'aide de détecteurs.
Pour accélérer le processus de déminage, Handicap International déploie des drones. L'organisation a testé différentes technologies dans plusieurs pays et développe ainsi une méthodologie qu'elle peut non seulement utiliser elle-même mais aussi partager avec d'autres acteurs du déminage humanitaire.
Comment ça marche ?
Chercher des mines au hasard n'a aucun sens, évidemment. Il y a donc toute une préparation en amont du déploiement de drones. L’ONG mène des enquêtes auprès des habitants, ou retrouve les zones impliquées dans un conflit antérieur, afin d’identifier au mieux les « zones dangereuses ».




Analyse d'une zone dangereuse
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Une zone potentiellement dangereuse est cartographiée par des drones.
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L'analyse d'images prises par les drones permet de découvrir la position des explosifs
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Les schémas deviennent visibles avec l'emplacement probable d'autres explosifs invisibles même depuis le drone.
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La zone dangereuse initiale est considérablement réduite, ce qui permet aux démineurs de savoir exactement où chercher.
Testé de manière approfondie
Handicap International a mené des tests approfondis dans plusieurs pays, dont le Tchad, l'Irak et le Liban. Chaque fois avec différents types de végétation : du terrain désertique aux zones de broussailles, mais aussi en prenant en compte des conflits qui se sont terminés à des époques différentes, soit très récemment et depuis plusieurs décennies.
En effet, il n'existe pas de champ de mines "standard". Les conditions de chaque champ de mines sont différentes. Par exemple, l'organisation a appris qu'il est préférable d'effectuer une analyse par drone dans un délai d'un ou deux ans après un conflit, faute de quoi il devient beaucoup plus difficile de récupérer les traces.
Des informations précises et actualisées
Les images satellites peuvent parfois dater de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, alors que nos drones nous permettent d'obtenir des informations actualisées. En outre, les images satellites ne sont pas assez précises et nous pouvons cartographier de des détails bien plus petites avec nos drones.




Outre les drones équipés de caméras « normales », Handicap International a également testé avec succès des drones équipés de caméras infrarouges. Dans certaines circonstances, cela permet de localiser avec précision des mines enfouies sans aucune indication à surface du sol.
"Nous faisons des d'économies à tous les niveaux : en argent, en temps, mais surtout en vies humaines".
Xavier Depreytere, Drones project manager
L'impact du partage des connaissances
Handicap International fait le lien entre la théorie et la pratique. Et l'organisation ne garde pas cette expertise pour elle seule. En plus d'un certain nombre d'opérations de déminage avec ses propres équipes où la méthodologie est utilisée, des démineurs d'autres ONG sont également formés pour travailler avec les drones dans des pays tels que le Tchad, l'Irak, le Liban et la Syrie.
En mettant en pratique les innovations théoriques, Handicap International est devenue l'organisation la plus spécialisée dans le déminage par drones. Cela permet de faire avancer non seulement ses propres projets de déminage, mais aussi ceux de tout un secteur. Cela permet d'éviter encore plus d'accidents liés aux explosifs, et donc de handicaps.
Des drones tous simples
Handicap International n'utilise pas de modèles de drones hyper-spécialisés, mais des drones relativement simples. Outre un moyen de réduire les coûts, les commandes restent suffisamment simples pour que les nouvelles équipes puissent facilement s'en servir.
Continuer à innover
Nos équipes ne se reposent pas sur leurs lauriers. Même maintenant que la méthodologie est au point, elles continuent à chercher des domaines d'amélioration. En réduisant le chevauchement entre les différentes photos prises par les drones, nous pourrons non seulement travailler plus rapidement à l'avenir, mais aussi augmenter la résolution des photos.
Nous travaillons aussi sur la mesure du volume des débris à l'aide d'un logiciel spécialisé. Cela nous permettra d'effectuer des vols de reconnaissance dans les zones urbaines contaminées par des explosifs, de déterminer exactement la quantité de débris à un endroit donné et, par conséquent, le temps qu'il faudra pour les enlever et commencer le véritable travail de déminage.




Des chiens de déminage
Les drones ne peuvent pas être déployés dans tous les types de zones. Dans des environnements denses comme les forêts tropicales, il est impossible de détecter des explosifs avec des drones. Handicap International s'appuie sur d'autres outils pour ses projets de déminage dans ces régions. Au Sénégal, par exemple, elle utilise des chiens démineurs et des pelleteuses blindées télécommandées.