100 ans pour débarasser le Laos des bombes
Les cicatrices sur les mains et le visage de Nouay sont les traces d'un accident provoqué par une sous-munition alors qu'il était enfant. Aujourd'hui, le jeune homme est démineur pour Handicap International. . "Parfois, j’ai mal à la main, mais je continue parce mon travail permet d’éviter à d’autres personnes de terribles accidents."
Les cicatrices sur les mains et le visage de Nouay sont les traces d'un accident provoqué par une sous-munition alors qu'il était enfant. Aujourd'hui, le jeune homme est démineur pour Handicap International. . " Parfois, j’ai mal à la main, mais je continue parce mon travail permet d’éviter à d’autres personnes de terribles accidents. "
Sous un soleil de plomb et une chaleur qui atteint les 39°C, Nouay Phonesomxay et ses collègues démineurs de Handicap International se déplacent lentement à la recherche de bombes sur les territoires aux abords du village de Ponntong, près de la Piste Hô Chi Minh. Pendant la guerre du Vietnam, les Vietnamiens du Nord utilisèrent la Piste Hô Chi Minh pour ravitailler les troupes du Sud Vietnam en passant par le Laos. Cet itinéraire fut lourdement bombardé par les États-Unis et la zone est encore polluée aujourd’hui par des engins non explosés.
La végétation est riche, le terrain, 2500 m², vaste. Malgré le terrain difficile, les démineurs ont déjà retrouvé 19 bombes sur ce site. Nouay progresse sur sa parcelle de terre en serpentant, un détecteur de métaux dans une main et une pelle dans l’autre. Soudain, son détecteur se met à sonner haut et fort. Nouay s’agenouille pour fouiller avec sa pelle. À la différence des mines terrestres, qui peuvent se déclencher au moindre contact, les sous-munitions et les autres explosifs trouvés au Laos sont moins sensibles. Un démineur peut donc creuser délicatement autour d’engins non explosés sans déclencher d'explosion. Mais cette fis, fausse alerte : Nouay ne dégage qu'un inoffensif bout de métal.
Une victime devenue démineur
Il manque une phalange sur quatre des doigts de la main droite de Nouay, et il porte des cicatrices sur les mains et sur le visage. Malgré tout, Nouay travaille comme les autres démineurs. " Je suis très fier de travailler pour Handicap International, " affirme Nouay. " Parfois, j’ai mal à la main, mais je continue parce mon travail permet d’éviter à d’autres personnes de terribles accidents. "
Nouay avait neuf ans. Il joue, ramasse une ‘pierre’. Il la jette par terre, elle lui explose au visage. Ses mains, son visage et son œil gauche sont touchés par des éclats. C’était l’une des quelque 270 millions de bombes à sous-munitions qui se sont abattues sur le Laos entre 1964 et 1973.
En 2014, une équipe de Handicap International s’est rendue dans le village de Nouay pour sensibiliser les habitants aux risques provoqués par les engins non explosés et leur apprendre à identifier, éviter et signaler les objets ressemblant à des bombes. " Après la réunion d’information, je suis allé voir le chef d’équipe et je lui ai demandé si Handicap International avait besoin de personnel, " raconte Nouay. " Il m’a dit que oui, et j’ai demandé s’ils donneraient sa chance à une personne handicapée comme moi. Il m’a dit d’envoyer ma candidature. Handicap International m’a recruté dans l’équipe. "
Les plans d'avenir de Nouay
Nouay et les membres de son équipe vivent ensemble et travaillent tous les jours de 7h30 à 16h30 pendant 21 jours d’affilée avant de rentrer chez eux et de se reposer jusqu’à la fin du mois. Un travail éprouvant pour Nouay, qui n’a que 20 ans. Mais il sait qu’il reste encore beaucoup de travail de déminage à effectuer. L’autorité nationale laotienne de régulation des engins non explosés estime qu’au rythme actuel, il faudra encore 100 ans pour nettoyer totalement le pays des bombes
" Le Laos est tellement contaminé, » rapporte Nouay. « Nous avons besoin de Handicap International. Besoin de plus de déminage, plus d’éducation aux risques et plus de gens qui soutiennent la paix dans le monde. À l’avenir, j’aimerais partager mon histoire avec tous les villageois du Laos, pour renforcer leur sécurité et leur montrer qu’une personne handicapée est capable de quelque chose d’important de sa vie. "