Des panneaux "Kotsiubynske" font leur apparition à Woluwe-Saint-Pierre
« Jeter un pont entre les gens d'ici et ceux qui doivent vivre dans la peur des bombardements »

Nicolas Daubry / HI
À partir d'aujourd'hui, les personnes vivant ou passant à Woluwe-Saint-Pierre remarqueront des panneaux de signalisation inhabituels. Ceux-ci n'affichent pas le nom de la commune, mais celui de sa ville jumelle ukrainienne, Kotsiubynske. Cette action est une initiative de Handicap International, qui, avec sa pétition Stopbombing.be, appelle à une meilleure protection des civils dans les zones de conflit.
Lorsque l'on entre dans une ville ou un village, on voit souvent des panneaux indiquant une commune jumelée à l'étranger. Ces jumelages ont vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, en signe de solidarité après les ravages de la guerre, les villes collaborant pour favoriser la reconstruction et la réconciliation. Aujourd'hui, il existe des milliers de jumelages à travers le monde, souvent axés sur les échanges culturels et la coopération.
Handicap International utilise les liens existants entre les villes et communes belges et les villes situées dans des zones de conflit, comme celui entre Woluwe-Saint-Pierre et Kotsiubynske en Ukraine, pour sensibiliser le public belge à la réalité des victimes civiles innocentes.
Des panneaux temporaires avec un message permanent
Au cours des derniers mois, l'organisation a installé dans plusieurs villes belges des panneaux indiquant le nom de la localité et arborant des symboles de bombardements et de destructions. Malines et Tournai ont ainsi été les premières villes concernées. L'objectif de cette action est d'impliquer les citoyens belges et de leur demander de s'engager. Sous les panneaux modifiés se trouve un sous-panneau renvoyant à la pétition en ligne stopbombing.be, qui appelle la Belgique à faire davantage pour protéger les civils dans les zones de conflit.
Antoine Sépulchre, directeur de Handicap International Belgique :
« Avec cette action, nous voulons jeter un pont entre les gens d'ici et ceux qui vivent dans la peur dans des villes comme Kotsiubynske. Dans les zones peuplées, 90 % des victimes de la violence explosive sont des civils. Ils auraient tout aussi bien pu vivre ici, et inversement. Les traités qui doivent les protéger, comme ceux contre les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions, sont remis en question. La déclaration politique sur l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées reste également trop vague. La Belgique a joué un rôle de pionnier dans la protection des civils par le passé, et elle peut le faire à nouveau. En signant notre pétition sur stopbombing.be, les gens envoient un signal clair pour que cela redevienne une priorité. »
Deux semaines
Les panneaux de signalisation spéciaux seront visibles pendant au moins deux semaines à différents endroits de Woluwe-Saint-Pierre. Les emplacements ont été soigneusement sélectionnés en concertation avec la commune de Woluwe-Saint-Pierre. Celle-ci soutient activement l'action, tant sur le plan logistique que communicationnel, soulignant ainsi son engagement en faveur de la solidarité internationale et de la protection des civils.
Benoît Cerexhe, bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, Tanguy Verheyen, 1er échevin en charge des Droits humains, et Dominique Harmel, échevin en charge des Jumelages et des Relations internationales, étaient présent ce lundi matin pour le lancement de l’action :
« En tant que représentants de Woluwe-Saint-Pierre, une des communes belges les plus actives dans l’aide aux ukrainiens depuis les prémices de l’invasion russe en février 2022 - envoi de besoins de premières nécessités, ouverture d’un centre d’accueil, accueil de près de 500 réfugiés -, et désormais jumelée à la commune ukrainienne de Kotsiubynske, nous ne pouvons que féliciter l’ASBL Handicap international pour cette initiative. Sensibiliser notre population, et plus particulièrement les jeunes générations, aux dégâts collatéraux irrémédiables que peut avoir une guerre sur les populations civiles est indispensable pour prévenir que de telles atrocités s’étendent dans l’espace et dans le temps. Les habitants de Kotsiubynske sont quotidiennement confrontés aux bombardements, à l’insécurité et à l’angoisse. L’atteinte aux civils doit s’arrêter, notre solidarité à cet égard doit être infaillible, notre message doit porter afin que la prise de conscience se propage et avec elle les valeurs de solidarité, de dignité et d’humanité. »