Environnement et santé, de nouveaux enjeux pour l'aide humanitaire
Après la COP26 à Glasgow, le réseau belge Be-Cause Health, dont Handicap International fait partie, a organisé une conférence internationale sur l’étroite relation entre environnement et santé les 23 et 24 novembre derniers. Davide Ziveri, spécialiste de la thématique "Environnement & santé", revient sur cette conférence.
Les plus vulnérables sont souvent oubliés lors de la réponse aux défis climatiques. | © Forum for Human Rights and Disability
Quel était l'objectif de cette conférence ?
Le réseau Be-Cause Health, dont H.I. Belgique est un membre actif, a organisé une conférence internationale sur l’étroite relation entre environnement et santé dans la foulée de la COP 26 à Glasgow. Ceci alors que le monde vient à peine de réaliser l’impact de la COP26 et les opportunités et les limites de la résolution finale, assez critiquée,
Les 23 et 24 novembre, plus de cent personnes se sont donc réunies en ligne à cause de la situation sanitaire dans le pays. Ceci montre la vitalité de ce réseau qui a donné la parole aux voix les plus diverses, allant de jeunes du mouvement pour le climat aux professeurs de l’Institut de Médecine Tropicales d’Anvers, de poètes pour le climat aux ONG.
Et malgré la diversité des voix et des perspectives, le message était assez clair : la crise climatique est aussi une crise sanitaire et à la base on y retrouve un problème structurel d’inégalités profondes et d’exclusion !
Quand on dit exclusion, on pense notamment aux personnes handicapées...
« La justice climatique et l’équité en santé » sont deux défis majeurs dans les décennies à venir, avec un impact sur la santé et les droits des populations plus vulnérables. Handicap International reconnait l’importance de ces thématiques pour les personnes porteuses de handicap avec lesquelles nous travaillons tous les jours.
L'International Disability Alliance (Trad. : Alliance internationale pour le handicap) a elle aussi porté la voix des personnes handicapées, trop souvent marginalisé ou exclues de la préparation des plan d’urgence face aux risques de catastrophes d’origine climatiques.
L'aide humanitaire doit aussi se transformer ?
Considérant que le style de vie des 10% les plus riches a un impact sur 50% des émissions de gaz à effet de serre, les appels à la décroissance se multiplient et des nouveaux modèles de développement s’imposent. Cela nous oblige à repenser l’humanitaire. Les urgences sont la partie émergée de l'iceberg. Les acteurs humanitaires ont un rôle à jouer, et doivent intégrer les problèmes qui sont à la base de la crise, c'est-à-dire les déterminants sociaux de la santé.
Les participants se sont inscrits dans le cadre de la santé planétaire. Celui-ci prend en compte la complexité de ces phénomènes (par exemple, comment les vagues de chaleur affecte la santé sexuelle et reproductive en Afrique) afin de faciliter une réponse intégrée. Rendre opérationnelle un telle approche est loin d’être facile, mais les acteurs du terrain ont montré des exemples d'initiatives en cours. Par exemple, MSF travaille pour alerter les populations sur les inondations au Sud Soudan ; Médecins du Monde inclut la santé vétérinaire dans ses projets ; ENABEL, la coopération technique belge, facilite la désalinisation de l’eau potable au Mozambique.
Ces deux journées ont témoigné une fois de plus de l’importance de la multidisciplinarité et la nécessité d’approches innovantes pour faire face à la crise climatique. Une crise qui est en train de modifier non seulement le climat mais aussi le scénario épidémiologique global, le cours de maladies non-transmissibles surtout dans les grandes villes et l’accès aux services de santé.