Handicap International veut renforcer la présence de personnes handicapées dans son équipe à Bruxelles.
Patrizia Pau a récemment été nommée en tant que Disability Advisor chez Handicap International. Dans ce nouveau rôle au bureau de Bruxelles, elle s'attachera à améliorer les conditions de travail des employés et bénévoles en situation de handicap.
Patrizia Pau, nouvelle Disability Advisor chez Handicap International à Bruxelles.
Handicap International soutient les personnes handicapées dans leur recherche d'emploi, notamment au Moyen-Orient et au Maroc. Dans son bureau à Bruxelles, l'organisation s'efforce également de rendre son environnement de travail plus inclusif. Pour y parvenir, elle a récemment nommé une Disability Advisor. Patrizia Pau, qui travaille chez Handicap International depuis sept ans, assume ce rôle et contribue à la mise en place d'une politique de recrutement active. Elle sert également de point de contact pour les employés et bénévoles en situation de handicap et veille à adapter leur environnement de travail si nécessaire.
En quoi consiste la fonction d'un(e) Disability Advisor?
« Il s'agit de la personne chargée de l'inclusion des personnes handicapées au sein d'une structure, d'une organisation ou d'une entreprise. Elle soutient le processus de recrutement, facilite l'aménagement des postes de travail, veille à l'intégration des collègues en situation de handicap et sensibilise l'ensemble des collaborateurs aux enjeux de l'inclusion. Tous les aménagements nécessaires doivent être en place avant le début du contrat. Tout comme un PC est prêt avec les outils nécessaires avant qu’un nouvel employé ne commence, les adaptations pour les personnes handicapées doivent également être mises en place avant leur premier jour. »
Est-ce que cela n'est pas encore mis en pratique?
« Dans de nombreuses entreprises et organisations, il y a encore beaucoup d'erreurs. Par exemple, on pense souvent qu'installer un logiciel de reconnaissance vocale suffit, et que l'on pourra aussitôt travailler au même rythme que les autres. J'ai moi-même vécu une situation où je devais travailler dans un bureau partagé avec trois autres personnes, ce qui faisait que le logiciel captait aussi les voix de mes collègues. Et ce n’est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Il ne s'agit pas seulement de l'adaptation du poste de travail. Beaucoup d'employeurs pensent qu'une fois l'environnement de travail aménagé, tout est réglé. Mais il est également essentiel de rendre inclusives les activités en dehors du bureau, comme les formations ou les événements de teambuilding. Chez Handicap International, beaucoup de choses ont déjà évolué, mais nous devons continuer à élever nos exigences. »
Rendre un bâtiment de bureaux accessible à tous ne suffit donc pas ?
« Absolument pas. C’est toute une mentalité dans notre société qui doit évoluer. »
Faut-il renforcer la sensibilisation ?
« La meilleure façon de sensibiliser est de faire travailler ensemble des personnes avec et sans handicap. Avec le temps, chacun apprend à mieux comprendre l'autre. Par exemple, si vous introduisez des femmes dans un environnement de travail uniquement masculin, il y aura des questions au début, mais la collaboration permettra de mieux se connaître.
Je pense donc qu'il est essentiel d'attirer davantage de personnes en situation de handicap. Autrefois, nous avons beaucoup parlé de l'égalité hommes-femmes, et cela s'améliore petit à petit. Eh bien, il en doit être de même pour les personnes handicapées. »
Quels changements sont nécessaires pour attirer davantage de personnes en situation de handicap?
« Mon collègue de Handicap International France et moi avons souvent constaté que de nombreuses offres d'emploi demandaient des qualifications beaucoup trop élevées par rapport aux besoins réels du poste. En moyenne, les personnes handicapées ont un niveau d'études inférieur à celui des personnes valides [Selon les chiffres de Statbel, ils participent trois fois moins souvent à des formations*]. Si j'avais dû m'arrêter aux dix premiers obstacles rencontrés pendant mes études, je n'aurais jamais obtenu mon diplôme. Il est donc essentiel de réduire les exigences, pas pour toutes les offres car certaines sont plus techniques et spécifiques, mais pour les postes plus simples, les exigences doivent être revues à la baisse. »
Le lieu de travail est-il déjà inclusif ?
« De manière générale, notre bâtiment est déjà assez fonctionnel, mais il y a encore des améliorations à apporter. Récemment, un collègue m'a fait part du fait que son environnement de travail était trop froid et manquait de lumière. J'ai signalé ces problèmes à la direction et, trois semaines plus tard, tout était réglé. »
Cela ne concerne donc pas toujours de grandes adaptations?
« Non, parfois ce sont de toutes petites choses, mais elles doivent vraiment être prises en compte. »
Par quoi comptes-tu commencer en tant que Disability Advisor?
« Tous les trois mois, nous recevons des profils de Diversicom [l'agence de placement pour les personnes handicapées avec laquelle Handicap International collabore]. Je vais mettre ces profils en contact avec les différents managers. Une fois une personne sélectionnée, je m'assure qu'aucun ajustement n'est oublié et que tout est prêt pour l'entretien d'embauche. Les aménagements doivent également être en place dès le premier jour de travail.
Une fois que la personne a commencé, il est important de ne pas la laisser seule. Je resterai en contact régulièrement pour vérifier que tout se passe bien et pour résoudre d'éventuels problèmes. De plus, ils peuvent me faire part de leurs idées, car je n'ai pas toutes les réponses. »
Tu es visiblement déjà très engagée dans ta nouvelle fonction.
« Je suis particulièrement investie dans ce rôle parce qu'étant en situation de handicap, j'aurais aimé recevoir un soutien pour trouver un emploi et m'intégrer pleinement dans la société. »
Handicap International s'engage à rendre son environnement de travail aussi inclusif que possible, en reconnaissant qu'en Belgique, les personnes handicapées ont en moyenne un niveau de formation inférieur à celui des personnes sans handicap. Plutôt que de recourir à la discrimination positive, l'organisation adapte ses offres d'emploi en fonction des besoins spécifiques des postes et élimine les critères non essentiels. À l’échelle mondiale, Handicap International milite pour un accès renforcé et élargi à une éducation inclusive, visant à corriger les inégalités structurelles et injustes dans les niveaux de formation.