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Interview : de l'Asie à HELASIA

Droits
Belgique

Fin février, Griet a déménagé à Addis Abbeba en Ethiopie, où elle va relever un nouveau défi pour Handicap International. Avant de partir, elle a répondu à quelques questions sur ses expériences en Asie et ce qu'il attend avec le projet HELASIA.

© HI

Cela fait longtemps que tu rêves de partir ?

Aller sur le terrain était déjà mon objectif quand j’ai commencé chez Handicap International (H.I.). Après sept années à Bruxelles, il était dans d’avoir un peu de changement. C’était le bon moment, et il y avait un poste intéressant pour trois ans. Cela valait donc la peine de faire ses valises.  

Que vas-tu faire exactement en Ethiopie ?

Je deviens responsable du projet HELASIA. Il s’agit d’un projet régional qui couvre l’Ethiopie, le Rwanda et le Bénin. HELASIA est l’abréviation pour Health, Education & Livelihood Africa : a Sustainable Inclusion Approach  (trad. : Santé, éducation & moyens de subsistances Afrique : une approche durable et inclusive).

Nous allons travailler avec des associations de personnes handicapées et voir comment renforcer leur travail, leur gestion et leur stratégie. Nous allons aussi les guider dans la mise en place de plans d’action et comment elles peuvent défendre leurs intérêts. Notre objectif est aussi qu’elles se sentent plus légitimes pour exiger un accès égal à l’éducation, l’emploi et aux services de santé.

Tant l’Ethiopie que le Rwanda et le Bénin ont signé la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Mais il y a une différence entre la théorie et la pratique. Nous voulons agir pour que les personnes en situation de handicap aient vraiment accès au marché du travail et à l’éducation. H.I. et ses partenaires vont leur donner les outils nécessaires et ensuite, ce sera ux associations de personnes handicapées elles-mêmes de passer à l‘action.

Un exemple : une petite association au Bénin travaille dans une région du pays sur les questions d’éducation des filles ayant un handicap. Si elle fait du bon travail, elle devrait pouvoir partager ses bonnes pratiques au niveau national. Le Bénin pourrait à son tour partager ces bonnes pratiques avec d’autres pays d’Afrique. Et c’est là que je vais jouer un rôle de coordination, entre les pays et l’African Disability Forum, l’organisation chapeautant les associations de personnes handicapées.       

Revenons un peu en arrière, sur tes trois ans comme Operations Officer. Quel était ton travail exactement ?

Je soutenais les projets de H.I. en Chine, aux Philippines, en Indonésie et jusqu’à l’année dernière aussi en Corée du Nord (Handicap International a arrêté ses activités en Corée du Nord en décembre 2019, ndlr). Avant, je m’occupais aussi des projets au Laos, Cambodge et Vietnam. Je devais m’assurer de la qualité des projets et j’étais responsable de leur évaluation et des rapports. Je donnais aussi des formations en gestion, suivi de projet, la gouvernance de H.I., l’innovation, etc.

Quels sont les défis dans ces pays ?

Ces quatre pays ont tous signé la Convention relative aux Droits des personnes handicapées, mais à nouveau : cela ne se traduit pas toujours dans la pratique. Les personnes avec un handicap n’ont pas toujours les mêmes chances d’avoir accès aux soins de santé, à l’éducation, à un emploi. Elles connaissent leurs droits, mais elles restent encore trop souvent victimes de discriminations.

Ainsi, une personne handicapée pourrait être acceptée pour un micro-financement. Mais si elle en faisait la demande, on supposerait qu’elle ne pourrait pas rembourser le prêt. L’accès aux services existants est inéquitable.

Il y a aussi des pays où la société évolue rapidement.

Dans ces pays, à l’exception de la Corée du Nord, nous constatons une montée en puissance de la société civile. On voit plus de mouvements de jeunes, d’associations de femmes, de coopératives agricoles et d’associations de personnes handicapées. C’est déjà positif en soi. Mais ils doivent encore franchir le cap d’exiger l’application de leurs droits.  

Suite aux changements dans la société, nous voyons aussi apparaître de nouveaux problèmes. Comme le diabète, qui est aujourd’hui l’une des principales causes de handicap en Indonésie et aux Philippines. L’Indonésie fait partie du top cinq des pays touchés par le diabète. Aux Philippines, un habitant sur quatre souffre d’hypertension, un sur trois se bat contre le surpoids. C’est pourquoi nous accordons de plus en plus d’attention à cette problématique depuis quelques années.

Quelle est l’approche de H.I. dans la lutte contre le diabète ?

Les personnes ignorent la plupart du temps ce qu’est le diabète. H.I. a mené des campagnes de sensibilisation pour informer les communautés. Nous avons ensuite montré aux centres de santé locaux comment organiser des dépistages du diabète. Nous avons organisé des formations sur les lésions aux pieds ou aux yeux, causées par le diabète, comment les identifier et les traiter.

La Corée du Nord, c’est évidemment une autre histoire.

C’est un système unique, qui comporte beaucoup d’inconvénients pour les personnes, notamment le manque de liberté individuelle. Notre travail sur les droits représente donc un vrai défi. D’un autre côté, une fois les autorités convaincues par notre approche, elles les ont intégrés dans leur gouvernance au niveau national et notre approche a immédiatement été élargie à l’ensemble du pays.

C’était difficile, parfois lent mais nous y avons réalisé de belles choses. Handicap International a joué un vrai rôle dans la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. C’était un moment clé pour H.I., mais aussi pour les personnes là-bas.

L’Ethiopie a été touchée par la violence politique ces dernières années. Que t’attends-tu à trouver sur place ?

J’ai lu énormément et beaucoup discuté avec des collègues en Ethiopie. Ils voient beaucoup de changements positifs. Cela change vite. Il y a un momentum. Les prochaines élections au mois de mai seront cruciales. Le mélange entre chrétiens orthodoxes, musulmans, juifs et divers groupes ethniques me paraît en tous cas intéressant et enrichissant.  

Qu'est-ce qui va te manquer le plus en Ethiopie ?

La famille et les amis, évidemment ! Et plus matériellement, le pain, les clubs sandwiches, une Duvel et du bon chocolat à portée de main.

 

Publié le : 5 mars 2020

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