Kamulaji Bihemu (47)
"Pour la première fois depuis vingt ans, je suis de nouveau indépendant. Et je suis un homme fier”. Jusqu'il y a peu, Kamulaji était encore “l'amputé du village”. Il est maintenant le meilleur tailleur de la région.
"Pour la première fois depuis vingt ans, je suis de nouveau indépendant. Et je suis un homme fier”. Jusqu'il y a peu, Kamulaji était encore “l'amputé du village”. Il est maintenant le meilleur tailleur de la région.
Une formation et une machine à coudre. Cela a suffi à Kamulaji Bihemu (47 ans) pour se lancer. “Grâce au soutien de Handicap International en 2011, je suis devenu tailleur. Ma vie en est transformée : j'ai pu rembourser tous mes prêts, mes enfants vont à l'école et j'ai pu investir dans du nouveau matériel pour mon atelier. L'affaire tourne bien, j'ai même des clients extérieurs au village. Pour la première fois en vingt ans, je suis de nouveau indépendant. Et cela influence aussi la manière dont je suis considéré au village. Avant, j'étais “cet amputé-là”. Les gens se méfiaient de moi et ne me voyaient pas comme quelqu'un de normal. Maintenant, je suis “le tailleur” et tout le monde me dit bonjour”.
Parce que Kamulaji est une personne très sociable, Handicap International l'a motivé pour qu'il se soucie d'autres personnes handicapées à Sasha. Et il le fait avec plaisir. Chaque semaine, il se rend au marché et se met à l'écoute de leurs besoins. Ensuite, il transmet les informations recueillies à Handicap International.
Kamulaji est une figure particulière, cela apparaît clairement lorsqu'il raconte sa vie. Il y a exactement vingt ans, une mine a explosé alors qu'il travaillait la terre dans son champ à Mitumbala. Les sept personnes qui se trouvaient près de lui furent tuées sur le coup. Kamulaji a perdu une jambe dans l’explosion. Il ne pouvait plus exercer son métier d’agriculteur.
En dépit de son handicap et des difficultés financières qui ont suivi, il a réussi à préserver son mariage avec Anna. Pourtant, dans la région, ce mariage faisait figure d’exception : elle est Banyarwanda (Tutsi rwandais) et lui Bahunde (Hundu congolais), deux clans rivaux. Une rivalité si forte, qu’à la fin des années 1990, des rebelles lui ont expliqué qu’il devait quitter sa femme. A chaque fois, il a défendu Anna, en disant qu’il faudrait le tuer d’abord, avant de pouvoir l’atteindre. En 2002, la famille a déménagé pour s'installer à Sasha, sur le territoire du Masisi, beaucoup plus calme. C'est là que Kamulaji vit encore avec ses neuf enfants et qu'il s'est construit une nouvelle vie.