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Le Covid-19 à travers le regard d’expatriés belges

Santé
Cuba Ouganda Vietnam

Comment se portent les autres pays pendant la crise de Coronavirus ? Nous avons posé la question à trois de nos employés belges à l'étranger : Virna Marchesin, responsable de nos actions à Cuba, Martin Jacobs, expert en réhabilitation technique au Vietnam, et Youri Francx, coordinateur de nos opérations en Ouganda.*

Youri Francx, de Ouganda: "dans les camps humanitaires nous continuons à offrir des soins en réadaptation, des sessions psychosociales et un appui aux enfants handicapés pour qu’ils puissent bénéficier des systèmes d’éducation à distance."

Youri Francx de Ouganda: "dans les camps humanitaires nous continuons à offrir des soins en réadaptation, des sessions psychosociales et un appui aux enfants handicapés pour qu’ils puissent bénéficier des systèmes d’éducation à distance." | © HI

Quelle est la situation actuelle dans vos pays ?

Martin : Bien que le risque de transmission soit toujours considéré comme élevé par les autorités, l'épidémie a été très bien gérée jusqu'à présent, avec un total de 271 cas positifs au covid-19 dont 219 en sont guéris.

Virna: À Cuba, ils ont pris des mesures strictes assez rapidement. Le système de santé est assez incroyable. Ils ont la possibilité de contrôler les gens tous les jours si c’est nécessaire.

Youri : Le pays a rapidement pris des mesures pour éviter que le virus ne se propage et gagner du temps afin d’acheter du matériel, comme des masques de protection et du matériels médicales, mais également des vélos afin que les gens puissent se déplacer. Globalement l’Ouganda est un pays qui accueille un grand nombre de personnes réfugiés - 1.400.000 - dans des camps. Donc la grande peur c’est que ce virus s’y développe car les mesures de protection et d’hygiène sont assez minimales.

Virna : On n'a pas accès aux pharmacies internationales. Il est très difficile de trouver ce dont on a besoin.

Comment les gens ont-ils réagi aux mesures ?

Martin : Au vu des résultats obtenus grâce aux mesures prises contre le covid-19, les autorités jouissent d'une grande confiance. 

Virna : Je partage le sentiment des cubains qui sont confident dont tout ce qui est gestion de maladie. Il n’y pas de doutes de réflexion comme il y a en Belgique. Le gouvernement a très bien géré dès le début.

Youri : La situation est assez tendue. Les gens se demandent quand ils vont pouvoir sortir, car si la situation perdure ils ne vont plus pouvoir se nourrir et payer leur loyer. Puisque 60 % de la population vit de commerces informels, ce qui est totalement interdit pour l’instant.  La crainte c’est qu’à un moment les gens n’en puissent et commencent à sortir pour trouver à manger. 

À quel point les gens sont-ils touchés par le virus ?

Martin Jacobs

Youri : Le nombre de cas est assez bas, mais nous constatons que de plus en plus de communautés commencent à être infectées. Ce qui fait craindre que le virus puisse maintenant vraiment commencer à se développer dans le pays. 

Martin : Jusqu'à présent, le Vietnam n'a pas subi de décès. À ce stade, ce sont les conséquences socio-économiques qui ont probablement des impacts plus importants.

Virna : Le plus gros problème actuellement pour les cubains, c’est l’approvisionnement. J’ai très vite vu la différence, en deux semaines les prix ont augmenté et la quantité de biens a diminué. À Cuba, il y a toujours des files énormes. Avant la crise, il y avait en moyenne des files de une à deux heures dans les supermarchés. Maintenant, il faut compter quatre heures heures et faire plusieurs magasins pour trouver ce que l´on cherche, souvent les gens rentrent bredouille. 

Youri : La nourriture est aussi la problématique pour l’ensemble des réfugiés dans les camps. Le prix du pain a augmenté depuis le début du confinement. Heureusement l’accès à l’eau est bien réglé. 

 

Quel est l'impact sur le personnel de HI ?

Martin : Le personnel de HI a travaillé à domicile pendant 4 semaines. Nos bureaux à Hanoi, Hue et Ho Chi Minh Ville ont été fermés ainsi que la plupart des unités de réhabilitation que nous soutenons à travers le pays. Aujourd'hui, c'est notre premier jour de retour au bureau !

Virna : Notre bureau à La Havane est fermé pour le moment, toute l’équipe est en télétravail.

Youri : Les équipes travaillent depuis chez eux. Nous avons reçu des autorisations du Gouvernement pour pouvoir se déplacer pour chercher du matériel et de la nourriture en vrac. Car les problèmes d’approvisionnement dans les zones rurales, ou nous avons certaines équipes, commencent à devenir compliqué. 

HI a-t-elle adapté des projets dans le pays en réponse au virus ?

Youri: Certains projets sont à l’arrêt et d’autres ont été adaptés. On soutient le Ministère de la Santé afin que les messages de prévention soient adaptés à chaque public, par exemple en langue des signes. On soutient également le Gouvernement afin de développer des guidances pour que la réponse humanitaire soit inclusive. Et dans les camps humanitaires nous continuons à offrir des soins en réadaptation, des sessions psychosociales et un appui aux enfants handicapés pour qu’ils puissent bénéficier des systèmes d’éducation à distance. 

Martin: Certaines activités ont été suspendues ces derniers mois. Chaque fois que cela a été possible, toutes les activités ont été maintenues, voire renforcées, car nous travaillions déjà à distance comme avec la télé-réadaptation par exemple. 

Virna : À Cuba, nous avons notamment réorienté certaines activités spécifiques au sein de nos projets d’insertion économique,de réadaptation, de gestion inclusive des risques et désastres pour travailler avec les médias et sensibiliser la population aux gestes barrières. Des équipements de protection ainsi que des kits d´hygiène seront distribués aux familles de personnes handicapées, aux volontaires de la Croix Rouge ainsi qu´aux centres de gestion des risques qui travaillent à la lutte contre l´épidémie. Et d'autres actions sont aussi en préparation comme une campagne de communication et un appui à l'identification des personnes vulnérables.]

Le Covid-19 a-t-il eu un impact sur votre vie ou votre situation personnelle ?

Virna MarchesinYouri : Je garde régulièrement contact avec ma famille en Belgique via les réseaux sociaux. Ma femme et moi essayons de trouver des activités pour nos deux enfants (5 et 7 ans) à la maison et nous les aidons à suivre leur cours à distance. Ils redécouvrent également des anciens jeux avec lesquelles ils ne jouaient plus depuis longtemps. 

Virna : J’avais déjà pris la décision de partir avant que la situation ne se complique avec l’arrivée du virus.

Martin : Nous avons commencé notre expatriation le vendredi 6 mars. Le même jour, le premier cas de covid-19 était testé positif. Comme vous pouvez l'imaginer, les mesures de distanciation sociale qui ont suivi ne nous ont pas aidés à nous installer en douceur. Heureusement, ma famille n'a pas été mise en quarantaine après son arrivée dans le pays et tout le monde est sain et sauf à la maison !

Youri, Virna et Martin, merci pour vos réponses !
 

* Les interviews de Virna, Martin et Youri ont eu lieu début mai.

Publié le : 24 juin 2020

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