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«Les Philippins ont gravi des montagnes, mais le sommet n'est pas encore en vue»

Urgence
Philippines

Témoignage du terrain : Philippe Pascal raconte comment Handicap International a soutenu les habitants des Philippines pour surmonter cette catastrophe.

Des personnes vulnérables nettoient les déc terwijl ze de straatkant schoonmaken

Témoignage du terrain : Philippe Pascal raconte comment Handicap International a soutenu les habitants des Philippines pour surmonter cette catastrophe.

Philippe Pascal a fait partie des toutes premières personnes envoyées aux Philippines par Handicap International après le passage du typhon le plus violent jamais enregistré. Il a déployé en quelques jours une plateforme logistique (notamment des camions et des engins de chantier) pour soutenir les premières opérations de déblaiement et les distributions d’aide humanitaire organisées par les administrations locales.

Il a ensuite mené un projet de Cash for Work qui a permis d’associer des personnes vulnérables à l’effort humanitaire et de poursuivre efficacement les opérations de nettoyage. Il rentre aujourd’hui après près de 6 mois de mission et nous raconte comment Handicap International soutient les efforts considérables des Philippins pour se relever de cette catastrophe.

 

L'énergie des Philippins comme carburant

Vous rentrez après une mission relativement longue pour une opération d’urgence. Pourquoi rester aussi longtemps ?

C’est effectivement plus long que les missions que je réalise normalement, mais le contexte était très particulier. Le niveau de dévastation est exceptionnel et la tâche immense. Mais l’énergie des Philippins est tout aussi exceptionnelle et nous avons été portés par ce mouvement collectif. Nous avons travaillé de façon très efficace et en parfaite collaboration avec les communautés touchées. Les projets que j’ai menés avaient d’ailleurs pour vocation de démultiplier la capacité de réponse des Philippins eux-mêmes, plus que de leur apporter une assistance venue de l’extérieur. Quand on participe à un travail aussi efficace et bénéfique, il est plus difficile de se décider à rentrer. Maintenant que le projet est terminé, je peux partir tranquille et passer le relais à mes collègues de Handicap International sur place, qui mettent en œuvre de nouvelles actions, adaptées à l’évolution du contexte.

Comment avancent les choses sur place ? Comment Handicap International a-t-elle adapté sa réponse au cours des 6 derniers mois ?

Dans un premier temps il a fallu aller très vite et parer au plus pressé. C’est ce que nous avons fait, notamment avec le projet de plateforme logistique, qui a donné les moyens à plusieurs municipalités d’effectuer des distributions alimentaires vitales et de dégager les axes de circulation pour atteindre l’ensemble des populations. A partir de janvier 2014 d’autres acteurs ont commencé à intervenir dans ce domaine et nous avons donc pu réorienter notre intervention sur un projet de Cash for Work. Nous avons ainsi embauché des personnes vulnérables pour les soutenir financièrement et les associer aux efforts de nettoyage afin de poursuivre le travail de déblaiement sur des axes secondaires et des espaces publics.

Un grand nettoyage pour un résultat visible

Comment avez-vous recruté les équipes qui ont effectué ce travail de nettoyage ?

Nous avons mené des évaluations dans chaque quartier des municipalités de Palo et Tolossa, au sud de la ville de Tacloban, pour identifier les personnes vulnérables et nous assurer ainsi que nous embauchions bien ceux qui avaient le plus besoin d’un salaire ou de participer à ce qui est aujourd’hui la vie de la communauté. La plupart des équipes étaient donc constituées de personnes pauvres, « d’anciens », ou de personnes en situation de handicap. Nous offrions toujours la possibilité à ces personnes de se faire remplacer par un autre membre de leur famille, mais très souvent, ces personnes souhaitaient participer elles-mêmes à l’effort de nettoyage. Sur 870 personnes qui ont travaillé sur le projet, 90 avaient un handicap. Il y avait par exemple une personne non voyante, qui a désherbé pendant 18 jours, accompagnée d’un membre de sa famille. Cet homme a voulu montrer que c’était possible, qu’il n’y avait pas de raison qu’il soit tenu à l’écart, pas plus dans ce contexte que dans un autre. Nous avons aussi embauché des personnes en fauteuil roulant qui pouvaient s’occuper de gérer les stocks.
Pourquoi ce projet vous a-t-il semblé particulièrement pertinent ?

Parce que ce projet a atteint deux objectifs essentiels dans le contexte des Philippines aujourd’hui.

D’une part, bien sûr, le travail accompli par près de 1000 Philippins  qui ont participé au projet a permis de nettoyer des surfaces très importantes, des accès secondaires à des zones encore bloquées, mais surtout des lieux très importants comme des cimetières, des écoles (23), des marchés, des églises… et des terrains de basket. Le basket est le sport qui réunit tous les jeunes, il y a des terrains partout, pour la plupart détruits au moins partiellement et devenus dangereux pour les enfants qui s’y retrouvaient. Nous en avons remis 17 en état.

D’autre part parce que pour aider la communauté, nous avons été recruter ceux qui avaient souvent eux-mêmes besoin d’aide. La plupart de ces personnes étaient déjà dans une situation économique très difficile avant le typhon. Elles n’ont aucune ressource pour reconstruire ce qui a été détruit. Les embaucher nous permet d’injecter un peu d’argent dans leur famille, dans leur communauté et cette aide est souvent indispensable.

Intégrer des critères de vulnérabilité dans le recrutement a-t-il eu un impact sur le rendement du projet ?

Très peu finalement. A l’origine, il est vrai que nous ne nous focalisions pas uniquement sur le rendement comme pour mesurer la réussite du projet, mais la solidarité, l’implication dont chacun a fait preuve et l’excellente atmosphère au sein des équipes ont permis d’abattre un travail considérable. Chacun a travaillé dans le domaine qu’il pouvait et, au final, nous nous sommes aperçus que le rythme avait été très soutenu.

Du soutien pour une population courageuse

Avec quel sentiment rentrez-vous aujourd’hui ?

Je suis content de pouvoir rentrer chez moi et d’avoir le sentiment qu’un gros travail a été accompli. J’ai été très touché par les remerciements très chaleureux que nous avons reçus dans chaque communauté où nous sommes intervenus. Mais je sais que les Philippins, quelque soit leur courage et les efforts qu’ils sont prêts à consentir, auront encore besoin d’aide pendant plusieurs années avant de pouvoir retrouver une vie normale. La reconstruction commence à peine et la réorganisation de chaque communauté pour retrouver des moyens de subsistance prendra beaucoup de temps. Je rentre, mais je sais que le travail est loin d’être terminé et j’invite tous ceux qui le peuvent à apporter leur soutien.

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