«Mes cochons représentent l'espoir de nouveaux revenus»
Suite aux lourdes conséquences du typhon Haiyan sur la vie socioéconomique du pays, Handicap International propose un soutien aux plus vulnérables, afin qu’ils puissent relancer leur activité économique. Oscar est l'une des personnes qui a pu compter sur notre soutien. De quoi avait-il le plus grand besoin? D'un cochon !
Suite aux lourdes conséquences du typhon Haiyan sur la vie socioéconomique du pays, Handicap International propose un soutien aux plus vulnérables, afin qu’ils puissent relancer leur activité économique. Oscar est l'une des personnes qui a pu compter sur notre soutien. De quoi avait-il le plus grand besoin? D'un cochon !
Un matin d'octobre, il est 5h au Barangay de San Diego[1]. Oscar Balang, 52 ans, attend, appuyé sur ses béquilles. Les équipes de Handicap International s’agitent, la plaine est boueuse. Aujourd’hui, il embarque, dans sa remorque, un cochon de première classe. Triomphant, il nous accueille chez lui.
« J’ai vécu une bonne partie de ma vie à Manille, j’étais chauffeur de taxi. Atteint de la maladie de Buerger, j’ai dû être amputé, j’ai tout perdu : mon boulot, ma femme. J’ai quitté la capitale, et je suis arrivé ici, avec mes deux fils. Aujourd’hui, je connais tout le monde ; je mange chez les voisins et je jardine, pour gagner un peu d’argent.
Le 8 novembre 2013, le Typhon Haiyan s’abat sur la région. Les cocotiers s’écrasent sur les maisons. Peu de temps après la catastrophe, les équipes de Handicap International rencontrent Oscar. « Ma maison a été complètement détruite. Je n’avais plus de bêtes. Peu de temps après le typhon, j’ai obtenu une nouvelle paire de béquilles, et suivi des séances de réadaptation. Aujourd’hui, je reçois ce cochon. C’est une espèce de qualité. J’espère avoir rapidement un élevage et bénéficier de nouveaux revenus », explique Oscar, enthousiaste.
Récupérer un outil de travail
Laurent Gimenez, chargé de projet Relais Handicap et Vulnérabilité pour Handicap International, complète : « Le typhon a eu un impact majeur sur l’économie locale. A Tacloban, 90 % des cocotiers ont été détruits. Dans le cadre de ce projet, nous voulons permettre à plus de 800 familles bénéficiaires – conducteurs de pédicab (une sorte de vélo-taxi), marchands ambulants, cordonniers, musiciens, éleveur de cochons etc., de récupérer leur outil de travail. Dans la zone de Tacloban, 150 personnes recevront une truie, d’une valeur de 17 500 pesos (moins de 300 euros) C’est une espèce très rentable, ces bêtes prennent rapidement du poids et ont une portée de 10 à 12 petits. Si les bénéficiaires en prennent soin, ils devraient avoir un élevage d’une trentaine de cochons l’an prochain
Oscar s’approche de l’animal, qui vient d’être lavé au savon. Impeccable. « Il a eu un tranquilisant pour le trajet, il est encore calme. Et cette nuit, nous dormirons à la belle étoile. Nous veillerons. Je ne veux pas qu’on me le vole ! », clôture Carlos, d’un sourire ferme.
Un cochon pour l'avenir
Laurent Gimenez explique pourquoi un cochon est essentiel pour l'avenir de personnes comme Oscar : " Il s’agit d’un projet de réponse à l’urgence – on aide les populations à retrouver leur outil de travail perdu, mais on cherche également à rendre l’action durable. Quand on y pense, en distribuant 150 cochons aux bénéficiaires, dans 3 ans, on en a 4500 ! Pour une population qui doit faire face à de réels problèmes socioéconomiques, ce n’est pas rien. »
"Aux Philippines, il y a une réelle volonté politique d’orienter les organisations humanitaires au sujet du développement agricoles, au sens large. Et au niveau de l’élevage, le cochon est réellement ancré dans les traditions alimentaires. La ville de Tacloban en serait la capitale ! Nous avons développé ce projet en consultant le ministère de l’Agriculture, et avons tenu compte de ses recommandations : cochon de première qualité, partenariats avec vétérinaires locaux, intégration d’une fosse septique à la porcherie, et autres" ajoute-t-il.
Pour en savoir plus
De janvier à décembre 2014, dans la province de Leyte (chef lieu : Tacloban city), Handicap International soutient 800 familles ayant perdu leur outil de travail , afin de leur permettre de retrouver une autonomie financière, d’accélérer le processus de relance économique et de retisser des liens économiques et sociaux. Les bénéficiaires reçoivent d’abord du cash inconditionnel[2], d’une valeur de 4000 php/mois (+/- 70 euros) pendant trois mois, afin d’assurer leurs propres besoins. Ils reçoivent ensuite un soutien en fonction de l’activité économique, en nature (si cochon ou pédicab), ou en cash (petite restauration, et autres), variant de 4 000 à 16 000 pesos (70 à 278 euros). Cet argent permet de financer les infrastructures des cantines, des marchands ambulants, d’épiceries de quartier, le matériel de cordonnerie ou de couture, et même les instruments de musique. Une formation sur la gestion comptable de l’activité est aussi proposée à l’ensemble des bénéficiaires afin de les aider à développer une activité professionnelle rentable et pérenne. La distribution de cochons est également accompagnée de formations spécifiques relatives à l’alimentation de l’animal, ainsi qu’à la construction de porcherie.
[2] Somme d’argent qu’ils peuvent dépenser afin de couvrir leurs dépenses journalières (alimentation, loyer), afin qu’ils soient en mesure de s’investir intégralement, par ailleurs, dans le lancement de leur activité professionnelle.