N'exclure personne, pas même dans les situations d'urgence !
75 % des personnes handicapées estiment être exclues de l’aide humanitaire, révèle une enquête de Handicap International sur les personnes handicapées dans l'aide d'urgence. Notre organisation appelle les autorités, les agences internationales et les ONG à tenir compte des besoins des personnes handicapées dans leur réponse aux situations de crise.
75 % des personnes handicapées estiment être exclues de l’aide humanitaire, révèle une enquête [1] de Handicap International sur les personnes handicapées dans l'aide d'urgence. Notre organisation appelle les autorités, les agences internationales et les ONG à tenir compte des besoins des personnes handicapées dans leur réponse aux situations de crise.
Trois-quart des personnes handicapées ayant répondu à l'enquête de Handicap International confirment avoir un accès insuffisant aux services humanitaires essentiels que sont l’approvisionnement en eau, la distribution de nourriture, les services de santé et la fourniture d’abri. Ces résultats ont été publiés en octobre 2015 dans le rapport Disability in humanitarian context.[2]
54 % de personnes interrogées ont souffert de blessures provoquées par un conflit ou une catastrophe, conduisant dans certains cas à un handicap supplémentaire. L’étude met également en lumière une réalité inquiétante, celle des violences physiques, sexuelles ou psychologiques dont se disent victimes 27 % des répondants.
Le rapport montre que les personnes handicapées sont pourtant les plus fragilisées lors d’une crise humanitaire et qu'elles ont besoin de mesures pour mmieux les protéger. Ce qui amène à la conclusion que les personnes handicapées restent trop souvent au-delà des radars des organisations humanitaires en période de crise comme un conflit ou une catastrophe naturelle.
De nombreux obstacles
"Les personnes handicapées font face à des nombreux obstacles pour accéder à l’aide humanitaire", explique Camille Gosselin, responsable du plaidoyer humanitaire à Handicap International.
"Les raisons sont multiples : manque d’information sur les services proposés, difficulté d’y accéder parce que trop éloignés, infrastructures inadaptées au handicap, etc. Améliorer les choses est parfois une simple affaire de bon sens : dans tel camp de réfugiés, vous verrez des points d’eau ou des toilettes avec des marches. Une personne en fauteuil roulant ne pourra pas les utiliser ! Nous devons mettre fin à ces discriminations."
Amener le débat au sein des organisations humanitaires
En conclusion de son rapport, Handicap International appelle gouvernements, agences internationales et ONG à mieux prendre en compte les personnes handicapées au moment de la définition de leurs programmes, à surtout les écouter - car elles restent les mieux placées pour identifier leurs besoins. Ils doivent également adapter leurs services et leurs infrastructures aux personnes handicapées.
Ce rapport a été présenté à la mi-octobre 2015 pendant un sommet qui a réuni 900 représentant du monde humanitaire à Genève, en préparation du Sommet mondial de l’humanitaire qui se tinedra en mai 2016 à Istanbul et appelle à une réforme du système humanitaire mondial.
Les discussions doivent déboucher sur des engagements clairs précis pour assurer que les personnes handicapées soient enfin prises en compte dans la réponse humanitaire
L'inclusion dans nos propres actions
Les programmes de Handicap International prennent en considération les personnes vulnérables - les personnes blessées, handicapées, âgées ou atteintes d’une maladie chronique. Les « relais handicap et vulnérabilité » en sont un bel exemple. Il s’agit de structures temporaires et flexibles (une tente, un abri, voire un préfabriqué) implantées au cœur des communautés affectées, souvent accompagnées d’équipes volantes, qui s’assurent que les personnes vulnérables aient accès à l’aide. Une équipe volante peut être constituée d’un kinésithérapeute et d’un travailleur social qui aident respectivement à la restauration de l’autonomie physique de la personne handicapée et à son aiguillage vers les services compétents.
En parallèle, l’organisation accompagne les programmes de nombreuses organisations humanitaires pour s’assurer qu’ils sont accessibles à tous (toilettes et abris adaptés, etc.). Elle dispense également des formations et des campagnes de sensibilisation auprès du personnel humanitaire pour mieux repérer et intégrer les plus vulnérables.
[1] L'enquête a été réalisée entre avril et juin 2015 auprès des personnes handicapées, des organisations de protection des personnes handicapées et des organsiations d'aide humanitaires. Le questionnaire a été complété par 769 personnes partout dans le monde.
[2] Disponible uniquement en anglais