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Une école pour Ahmed

Urgence
Irak Syrie

Ahmed et sa famille ont eux aussi dû fuir les combats en Syrie pour trouver refuge au Kurdistan irakien. Mais comment faire avec un jeune de 18 ans aveugle et avec une déficience intellectuelle quand ont vit dans un camp ? L'équipe de Handicap International a répondu à cette question.

Ahmed, assi à côté de sa maman Jamila, sous une tente

Ahmed a 18 ans. Peu après sa naissance une maladie l’a rendu aveugle. Il est aussi atteint de handicap mental. Lui et sa famille ont fui la Syrie, il y a plus d’un an, et ont trouvé refuge au Kurdistan irakien. Handicap International vient en aide à Ahmed pour lui trouver une école adaptée.

Jamila regarde son fils avec tendresse, pose une main sur son genou et explique qu’en plus du handicap mental dont il souffre, Ahmed a perdu la vue à l’âge de six mois : « Il est tombé très malade. Il a souffert de fortes fièvres. Après cela, il a perdu la vue. Nous sommes partis voir des médecins à Damas et au Liban, mais aucun n’a pu nous aider. A l’époque, ils nous ont conseillé d’aller voir des spécialistes en Europe

Depuis toujours, c’est Jamila qui s’occupe d’Ahmed. Cette mère de famille de 44 ans menait une existence heureuse en Syrie, entourée de son mari et de ses huit enfants. Puis la guerre a éclaté. En septembre 2013, la famille a décidé de fuir pour trouver refuge au Kurdistan irakien. A leur arrivée, ils ont été installés dans le camp de réfugiés tout près de la ville d’Erbil. Deux de ses filles, elles, sont encore en Syrie avec leurs époux.

"J'ai le coeur brisé...."

Comme pour beaucoup de familles qui vivent dans le camp, le quotidien de Jamila et des siens est difficile : « J’ai le cœur brisé de vivre comme cela, dans une tente. Les conditions de vie sont dures ici. Et puis, Ahmed a besoin de moi. Je m’occupe de lui toute la journée. Parfois, je l’emmène avec moi faire un tour dans le camp. Mais il est toujours un peu réticent, il n’aime pas se salir » confie Jamila. Les conditions de vie dans les camps sont rudes, particulièrement pour les plus vulnérables comme les personnes handicapées, âgées ou à mobilité réduite : les services et zones communes comme les latrines ou les points d’eau ne sont pas toujours accessibles. Les conditions climatiques sont elles aussi extrêmes. L'été règnent chaleur et poussière, tandis que l’hiver la pluie et le froid dominent. Ainsi, des pics de température au-delà de 45 degrés sont monnaie courante en été alors que durant les nuits d’hiver le thermomètre descend fréquemment en dessous de zéro.

La famille reçoit de la nourriture par les organisations internationales présentes dans le camp. Cependant, le père d’Ahmed travaille à la journée pour essayer de varier les menus et répondre aux autres besoins de sa famille. Avant de fuir la Syrie, il était propriétaire d’un magasin de volailles. A présent, lorsqu’il trouve du travail en dehors du camp, c’est principalement dans la construction. Jamila, elle, reçoit de l’aide de sa fille et de sa belle-fille pour les tâches du quotidien : « Ahmed ne veut pas que quelqu’un d’autre que son père ou moi s’occupe de lui. Comme son père travaille, je reste principalement dans la tente avec lui, mais j’ai besoin d’aide pour les courses ou la cuisine par exemple. »

Malgré tout, ouvrir les horizons pour Ahmed

En Syrie, Amhed n’allait pas à l’école. Dakhaz, chef d’équipe Handicap International pour le projet dans les camps de réfugiés syriens à Erbil explique : « Il n’est pas rare de voir des enfants handicapés coupés du reste de la communauté. Parce que la famille a peur pour eux par exemple. Notre travail est aussi de faire prendre conscience à la famille qu’une personne handicapée dispose de toutes les chances de vivre de façon harmonieuse dans la société. Ahmed, comme tous les adolescents de son âge, est à même d’apprendre et de s’épanouir au contact des autres.». L’équipe de Handicap International est donc venue proposer à Ahmed de se rendre dans une école située à Erbil : « Nous travaillons en partenariat avec une école spécialisée pour les enfants qui souffrent d’une ou plusieurs formes de handicap. Nous souhaitons leur faire part du cas d’Ahmed. En ce qui concerne le transport, un bus scolaire pourrait venir chercher Ahmed tous les jours », dit Dakhaz. L’équipe de l’association explique aussi à la famille d’Ahmed à quel point il est important qu’elle le soutienne dans cette démarche afin de faciliter son apprentissage et de renforcer sa communication avec son environnement.

Ahmed semble un peu réticent au départ. Mais l’idée de pouvoir être accompagné par sa maman les deux premiers jours d’école le rassure.  Jamila est quant à elle très réceptive à l’idée qu’Ahmed aille à l’école. Elle confie cependant que son plus grand rêve est que son fils puisse un jour voir à nouveau.

 

 

 

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