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" Les bombardements dans les zones peuplées ont renvoyé le Yémen 25 ans en arrière"

Mines et autres armes
Yémen

L'utilisation des armes explosives dans les zones peuplées au Yémen ont entraîné un retour en arrière. C'est l'une des constatations importantes du rapport « Condamnation à mort pour les civils : l'impact à long terme des armes explosives en zones peuplées au Yémen » publié par Handicap International le vendredi 12 juin.

Handicap International a publié le vendredi 12 juin le rapport « Condamnation à mort pour les civils : l'impact à long terme des armes explosives en zones peuplées au Yémen »

Bâtiments détruits à Aden, une importante ville portuaire du Sud-Ouest du Yémen | © HI

Aujourd’hui plus de 50% des Yéménites - 16 millions de personnes - souffrent d’une grave insécurité alimentaire et n'ont quasiment plus d'accès aux soins de santé : 50% des établissements de santé ne fonctionnent plus. L’organisation appelle les États, dont la Belgique, à soutenir une déclaration politique forte visant à mettre fin aux souffrances causées par les armes explosives.
 
Les armes explosives utilisées au Yémen endommagent et détruisent des infrastructures et des services essentiels nécessaires à l'alimentation, au transport, à la santé et à l'eau, tels que les ports, les routes, les structures de santé et les systèmes d’adduction d’eau. Le rapport montre l'étendue et l'impact de ces destructions à travers six études de cas. 

Un seul incident dans le port de Hodeidah au début du conflit en 2015 a fortement perturbé l'approvisionnement en produits de base et provoqué une hausse des prix des biens essentiels, notamment alimentaires.

Le rapport montre également que la destruction des routes et des ponts augmente considérablement le délai nécessaire à l'approvisionnement des villes, tout en entravant l'accès de la population aux services de base. Elle limite aussi la capacité des organisations humanitaires pour apporter une aide aux populations les plus démunies. Aujourd’hui plus de 50% de la population au Yémen sont en insécurité alimentaire sévère.

16 heures de route pour se soigner

Au Yémen, 50%  des centres de santé ne fonctionnent plus, alors que 19,7 millions de personnes ont besoin de soins de santé.  Mwatana pour les droits de l'homme, une ONG yéménite, a documenté 35 attaques aériennes sur 32 sites de santé dans 10 gouvernorats entre 2015 et 2018. Dans le rapport, certains patients expliquent devoir effectuer 16 heures de route avant d'atteindre un centre de santé !

COVID-19 : un risque plus élevé d’épidémie 

« La destruction des infrastructures essentielles par les bombardements laisse le Yémen aux prises avec des épidémies comme le COVID-19, » explique Alison Bottomley, responsable plaidoyer pour le Yémen. « Les services sociaux et médicaux sont désorganisés et affaiblis par cinq ans de bombardements massifs et répétitifs. Des populations entières - en particulier les personnes déplacées - sont extrêmement vulnérables et ont peu accès aux services de santé, d'eau et d'assainissement dont elles ont besoin pour se protéger contre le COVID-19. »

Un recul de 25 ans

Les bombardements massifs des zones peuplées ont fait reculer le pays de 25 ans, soit l’équivalent d’une génération.[1]  Selon Alison Bottomley « les bombardements et les pilonnages auront un impact persistant et à long terme sur des générations de personnes qui survivront à la guerre. Avant le conflit, le Yémen ne disposait déjà pas d'infrastructures de santé, d'eau et de transport suffisantes. L'utilisation massive et répétée d'armes explosives dans les zones peuplées depuis cinq ans a rendu le pays encore plus vulnérable. » Le Yémen ne sera pas capable d’assumer seul le coût effroyable de la reconstruction, ni la décontamination des restes explosifs de guerre nécessaire avant toute reconstruction.

Quelle solution pour le Yémen ?

Le nouveau rapport sur le Yémen devait être présenté à une conférence à Dublin le 26 mai dernier - annulée suite à la crise du COVID-19 - afin de renforcer l’engagement des Etats dans le processus diplomatique visant à signer une déclaration forte pour mieux protéger les civils contre l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées. Handicap International présente ce rapport ce vendredi 12 juin durant le Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies.
 
Les négociations pour une déclaration politique ont débuté à Vienne les 1er et 2 octobre 2019. Deux cycles de négociations ont eu lieu à Genève en novembre 2019 et février 2020 et seront suivis d'un autre cycle de consultations plus tard en 2020. Ce processus diplomatique sera finalisé par une déclaration politique qui sera ouverte à l'approbation des Etats. Depuis octobre dernier Handicap International travaille également avec différents parlementaires belges pour obtenir leur soutien et mettre ce sujet à l’agenda politique.

Publié le : 12 juin 2020

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