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Margaret Nguhi : « Ma plus grande motivation, contribuer à changer la vie de quelqu’un »

Insertion Réadaptation Santé
Kenya

A l’occasion de la journée mondiale humanitaire de ce 19 août, portrait de Margaret Nguhi, dite ‘Maggie’ : femme, kenyane, responsable de HI, engagée pour les autres dans son propre pays.

Margaret Nguhi, dite Maggie, responsable de HI au Kenya

Margaret Nguhi, dite Maggie, responsable de HI au Kenya | © HI

-Quelques mots sur ton parcours…

Je suis Kenyane, je viens de Nairobi. D’abord responsable ‘soins de santé’, j’ai ensuite rejoint le secteur humanitaire en travaillant pour différentes ONG au Soudan du Sud et au Kenya, puis j’ai rejoint HI. Aujourd’hui, je suis responsable de HI au Kenya.

-Comment est venue ton envie de travailler pour une ONG ?

Ayant grandi dans un endroit où j’ai été constamment confrontée à la souffrance, je voulais être infirmière. Je voulais travailler dans 
les ‘communautés’. J’étais rongée de constater le gap immense entre le personnel médical et les patients, les personnes vulnérables, qui avaient besoin de soins. Peu informés au niveau médical, ils ne savent rien : ni ce qu’ils ont, ni ce qu’ils doivent faire, ni comment se protéger d’une maladie, ni quel médicament prendre. Ils voient les médecins comme des ‘sauveurs’, ceux qui savent tout, ils leur disent « s’il-vous plait, aidez-moi », ils ne posent aucune question. C’est comme ça qu’on a grandi : on ne pose pas de question. 
Sentir cette ignorance, cette vulnérabilité, me touchait énormément. Il était essentiel pour moi de pouvoir informer ces personnes plus fragiles et leur permettre de devenir acteurs. Qu’elles sachent comment se protéger de certaines maladies. Comment se soigner. Comment identifier certains symptômes. J’ai donc décidé de travailler dans le secteur de la santé publique au Soudan du Sud, avec l’organisation Samaritan's Purse : rencontrer les gens dans les villages, parler ensemble. C’était ma vocation, mon élan, ma motivation

- Tu as ensuite rejoint HI…

En effet, je suis revenue au Kenya et j’ai travaillé dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Nord du pays (près de 200 000 réfugiés), d’abord avec IRC, puis avec HI (où j’ai occupé différentes fonctions) et enfin en tant que responsable de HI Kenya. 

- Ta plus grande motivation ?

Le fait de pouvoir contribuer à changer la vie de quelqu’un. Nos projets (réadaptation, santé maternelle, etc.) ont un impact sur la vie d’une personne. Ma motivation, depuis toujours, ce sont les personnes qu’on soutient. Je ne suis pas une « office person » (une personne du bureau). Je suis quelqu’un qui a besoin de se rendre sur place, qui veut voir et expérimenter. L’approche de HI, centrée sur les individus, sur leurs besoins personnels, me convient énormément.

- Un souvenir qui t’a marquée ?

Je me rappelle de cette femme handicapée rencontrée lorsque je gérais un projet de santé maternelle à Nairobi. Au Kenya, les femmes handicapées sont stigmatisées. Parfois même, certaines équipes médicales pensent qu’elles sont asexuées. Qu’elles n’ont pas et ne peuvent pas avoir de vie sexuelle et reproductive. Quand elles tombent enceintes, elles évitent de se rendre à la clinique, afin d’éviter les commentaires jugeants ou désobligeants. Je me rappelle d’avoir longuement parlé à cette femme. Elle a finalement accepté de se rendre au centre de santé, a été accompagnée durant sa grossesse et a finalement accouché à l’hôpital. Elle a ensuite témoigné au sujet de son histoire auprès des équipes médicales, lors de séances de sensibilisation au handicap. Les médecins ont réalisé que cette femme était comme toutes les femmes, ils ont changé leur regard et leur attitude envers les femmes handicapées. Cela a été une petite victoire, pour moi, pour elle, pour toutes. Elle a pris confiance en elle. Aujourd’hui, elle défend les droits des personnes handicapées, avec HI. Elle est devenue une militante.

- Etre femme, kenyane et ’country manager’ : beaucoup de challenges réunis ?

Bien sûr qu’il est difficile d’être une femme et responsable de HI dans un pays patriarcal comme le Kenya. Ce serait plus simple si j’étais un homme. Il faut « construire l’attitude ». Et puis, il y a la taille. Au Kenya, la taille importe. Je suis petite. Au-delà du statut, il y a aussi la situation sécuritaire du pays. Par exemple, on travaille dans le camp de réfugiés de Dadaab, la situation sécuritaire y est très volatile, instable. C’est difficile de recruter du personnel pour travailler dans ce camp.

- Ton ambition, en tant que responsable de HI au Kenya ?

Je suis fière d’être Kenyane et de pouvoir m’investir pleinement, avec toute l’équipe, dans les projets menés par HI. J’aime l’idée que ce soit une Kenyane qui représente HI, organisation internationale, et qui orchestre la réponse humanitaire dans son propre pays. 

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