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Crise syrienne : la leçon de courage d'un enfant de 3 ans

Urgence
Syrie

Paralysé de la taille aux pieds depuis qu'un mur s'est écroulé sur lui pendant un bombardement, Yamen, 3 ans, est désormais soigné par Handicap International dans la vallée de la Bekaa, au Liban. En plus des soins fournis à Yamen, Handicap International a aussi donné à sa famille des équipements contre le froid pour l'aider à se protéger du rude hiver de la Bekaa.

Mohamad soutient Yamen, à quatre pattes sur le tapis

Paralysé de la taille aux pieds depuis qu'un mur s'est écroulé sur lui pendant un bombardement, Yamen, 3 ans, est désormais soigné par Handicap International dans la vallée de la Bekaa, au Liban. En plus des soins fournis à Yamen, Handicap International a aussi donné à sa famille des équipements contre le froid pour l'aider à se protéger du rude hiver de la Bekaa.

Il est midi, mais la lumière du jour décline déjà. Pour la quatrième journée de suite, des nuages noirs chargés de neige dévalent les montagnes vers la vallée de la Bekaa, au Liban. Malgré le mauvais temps, le kinésithérapeute de Handicap International Mohamad et sa partenaire Rana, assistante sociale, vont rendre visite aux bénéficiaires. Ensemble, ils viennent en aide à environ 100 réfugiés, tous affectés par des handicaps à long terme ou en train de se remettre de blessures.

Il n'y a pas de camps de réfugiés officiels au Liban pour abriter les quelque 860.000 Syriens[i] qui s'y sont réfugiés. Ceux qui peuvent se le permettre louent un appartement ou une maison, s'entassant parfois à douze ou plus dans une seule pièce. Les autres trouvent refuge dans des immeubles inoccupés ou sous de frêles abris de plastique et de tôle. Pour prendre soin de ces réfugiés particulièrement vulnérables, le personnel de Handicap International se rend dans des lieux très reculés, sur des routes non indiquées, et doit souvent terminer à pied.

Le quotidien de Yamen

Après avoir tourné dans les rues sommaires d'un quartier résidentiel jamais terminé, Mohamad et Rana finissent par se garer près de l'immeuble où Yamen, 3 ans, et sa famille ont trouvé refuge. La famille de Yamen a fui au Liban fin octobre 2013, après que le petit garçon a été grièvement blessé par l'effondrement d'un mur pendant un bombardement. Il est resté paralysé en dessous de la ceinture. Toutes les semaines, Mohamad fait des exercices de rééducation avec Yamen pour lui réapprendre à marcher. Rana travaille à obtenir des aides et services supplémentaires pour la famille. Ce jour-là, ils distribuent des équipements d'hiver pour aider à surmonter les températures glaciales.

Chargée de couvertures et de bouteilles d'eau chaude, l'équipe traverse un pont branlant bricolé pour atteindre l'immeuble de trois étages. Des empreintes de pas gelées sur l'escalier verglacé montrent le chemin vers le deuxième étage, où habite la famille.  La mère de Yamen les accueille à l'intérieur. La pièce sans fenêtre est éclairée par la lumière du poêle à gaz que Mohamad et Rana ont apporté lors de leur précédente visite. Avant, la famille n'avait qu'un petit réchaud de camping pour se chauffer.

Yamen est recroquevillé au sol près du poêle. Il fait face à Mohamad et Rana, mais ses yeux sombres regardent ailleurs, plus loin. Son visage est calme et impassible. Il a vu et vécu plus de souffrances dans sa courte vie que la plupart des gens n'en connaîtront jamais.

Une volonté exceptionnelle

Mohamad prend Yamen dans ses bras et commence à masser ses jambes. Il frotte et étire ses muscles pour soulager une extrême contraction, qui empire avec le froid. Rana appelle le petit garçon et touche son visage, pour essayer de le ramener dans le moment présent. Lentement, il commence à tortiller ses orteils. Enfin, un timide sourire se dessine et ses yeux rencontrent ceux de Mohamad.

L’enfant s'assoit puis, en secouant et en s'accrochant fort aux doigts de Mohamad, se lève. Après s'être levé et assis plusieurs fois, Yamen fait quelques aller-retour vacillants entre le kinésithérapeute et son père, et parvient même à rester debout tout seul quelques secondes d'affilée.

La mère de Yamen fait taire la petite sœur de 13 mois et le frère de cinq ans, hilares. Ils sont enchantés par l'étiquette en plastique des bouteilles d'eau chaude. Elle craque bruyamment lorsqu'on la froisse d'une certaine façon, et cela fait des mois qu'ils n'ont rien vu ressemblant tant à un jouet.

Mohamad place ensuite en face de Yamen un mini-déambulateur offert à la famille par Handicap International. Yamen le saisit, et grâce aux encouragements de tous, il se redresse. Et il le pousse vers l'avant, un petit pas en avant, puis l'autre. Un geste qui semblait encore impossible quelques minutes plus tôt.

Au bout de quelques pas, il s'effondre. Mais sans la moindre plainte, il se relève et recommence. Il persévère et fait ainsi cinq fois le tour complet de la pièce.  Sa famille regarde avec stupéfaction. Tant de détermination dans un si petit garçon, si abîmé...

Une famille attentive

« Il a repris beaucoup de forces depuis qu'il a commencé la rééducation avec Handicap International », affirme le père de Yamen. « Avant, il restait au sol toute la journée, mais maintenant il se déplace tout seul et joue même avec les autres enfants. »

Le père de Yamen participe activement, guide son fils dans les exercices de kinésithérapie quotidiens appris par Mohamad. Il applique les même techniques à sa fille de un an, qui est née avec un spina bifida, mais semble déjà déterminée à se mettre debout et à rejoindre ses frères. Handicap International veille à ce qu'elle aussi reçoive les soins spécialisés dont elle a besoin.

À la fin de la séance, Mohamad et Rana disent au revoir et fendent le froid pour retrouver la chaleur de la voiture qui les attend. Il leur reste encore cinq patients à voir cet après-midi.

 

[i] Estimation de l'UNHCR au 31 décembre 2013 http://data.unhcr.org/syrianrefugees/country.php?id=122

 

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