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«Deux premiers convois d’aide à Port-au-Prince»

Urgence
Haïti

Daniel Chebbahi est coordinateur de la base opérationnelle de Handicap International à Gonaïves, au nord d'Haïti. Joint hier soir au téléphone, il raconte.

séisme Haiti

En direct des Gonaïves

Daniel Chebbahi est coordinateur de la base opérationnelle de Handicap International à Gonaïves, au nord d'Haïti. Joint hier soir au téléphone, il raconte.L'exode des blessés de Port-au-Prince

"Nous constatons depuis le lendemain du séisme un afflux croissant de blessés qui fuient Port-au-Prince, où ils ne peuvent recevoir de soins et remontent vers le nord du pays, par tous les moyens possibles, parfois à pied. Mercredi, nous avons vu arriver sur une moto-taxi une jeune femme avec une jambe cassée, qui avait parcouru les 160 kilomètres qui séparent Gonaïves de la capitale. Il y a de plus en plus de véhicules et un système de ramassage par bus commence à se mettre en place. Les gens remontent la route et s'arrêtent pour se faire soigner, avec plus ou moins de succès...

A Saint-Marc, à mi-chemin de Port-au-Prince et Gonaïves, il n'y a qu'un petit hôpital de 100 lits, qui accueille déjà plus de 200 personnes. Les trois hôpitaux de Gonaïves sont déjà saturés eux aussi. Les gens ont subi des écrasements, des coupures souvent infectées, des fractures parfois multiples ou ouvertes. Ils ont besoin de soins orthopédiques mais il y a très peu de médecins spécialisés et quasiment pas de matériel adéquat.

Pour le reste, la situation est fragile. L'électricité a été rétablie aujourd'hui (jeudi), mais en Haïti, ça n'a jamais été « top ». Les gens qui le peuvent ont des groupes électrogènes, et on va bientôt manquer d'essence. Il semble que la sécurité se dégrade, j'ai entendu parler des premières manifestations de violence à Gonaïves centre. On évoque les prisonniers échappés de la prison centrale de Port-au-Prince après son effondrement, qui seraient rentrés dans leur région d'origine, à Raboto et Gonaïves, et mettraient le "boxon
".

Deux convois d'aide par camions

Les grandes routes sont en bon état, et nous avons pu remettre en route notre plateforme logistique d'acheminement d'aide humanitaire, grâce à la flotte de camions tout-terrain que nous gérons en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM). Pour des raisons de sécurité, les convois doivent être escortés par les forces de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti), ce qui nécessite de la coordination, donc du temps, dans les circonstances actuelles.

Le premier convoi de deux camions a pu partir de Gonaïves ce matin (jeudi) à 8 heures en direction de Port-au-Prince avec un chargement du PAM, comprenant 1 200 litres d'eau et quatre tonnes de biscuits énergétiques. Le second convoi, de 6 camions, partira demain (ce vendredi) à quatre heures du matin pour transporter du matériel de traitement de l'eau pour Action contre la faim (ACF). Il devrait arriver aux abords de la capitale vers 8 heures. Malheureusement, pour l'instant, nous n'avons pas de médicaments ou d'abris temporaires à acheminer, mais c'est un bon début."

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