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Du sport pour mieux inclure

Droits Insertion
Cambodge

Trop souvent, les personnes handicapées souffrent du regard des autres, et se retrouvent exclues, mises à part. Un phénomène qui s’accentue encore dans les cours d’écoles, lorsque le handicap touche un enfant. Par l’organisation d’activités sportives incluant enfants valides et handicapées, Handicap International permet de modifier ce regard.

Du sport pour mieux inclure au Cambodge
Trop souvent, les personnes handicapées souffrent du regard des autres, et se retrouvent exclues, mises à part. Un phénomène qui s’accentue encore dans les cours d’écoles, lorsque le handicap touche un enfant. Par l’organisation d’activités sportives incluant enfants valides et handicapées, Handicap International permet de modifier ce regard.
Dans la cours intérieure de l’école, c’est l’effervescence. Tandis qu’une classe plus studieuse continue de marteler les chiffres en khmers, des professeurs et élèves sortent de vieux bancs d’école en bois sombre et patiné par le temps qu’ils disposent devant l’ère de jeu. D’autres élèves jettent de la terre dans les flaques afin de sécher le terrain tandis-que  l’assistant du directeur taille des bouts de bois qu’il accroche bientôt sur le filet pour en faire des antennes quasi réglementaires… Voilà, le terrain de volley est prêt, le match pourra commencer dans les temps. Le grand organisateur de ce joyeux remue-ménage ne ménage d’ailleurs pas sa peine. Heureux comme un roi, il répond aux questions, prend des photos et vérifier chaque détail.
 
Mais déjà, les regards se tournent vers l’entrée de la cour où débarquent en ballotant deux tuk-tuk qui peinent sous le poids de l’équipe adverse. Habillés de tenues impeccables au jaune flamboyant, l’équipe de Khampong Chan a fière allure.
 
Quel dommage que notre équipe n’ait pas de tels équipements… Ils étaient commandés mais leur fabrication a pris du retard ! se désole Cheng Chandy, coordinateur du projet. Heureusement, l’équipe de Siem Reap a reçu – en guise d’uniforme provisoire – des T-shirts blancs faisant la promotion de la sécurité routière. Autant en profiter… Même si on organise ici un événement sportif, nous avons saisi l’occasion pour diffuser les messages de la sécurité routière. Les spectateurs et les joueurs recevront d’ailleurs aussi des flyers expliquant des règles de sécurité telles que l’importance du port du casque.
 
Mais aujourd’hui, le message principal est tout autre. Il est d’ailleurs visible sur de grandes banderoles bleues sont disposées autour du terrain : «Ne regardez pas nos handicaps, voyez nos capacités », « Le handicap n’est pas un frein au développement », « Le sport, c’est sain »… Car avant d’être une compétition, ce match est un message d’espoir : unis par un même sport, garçons et filles, avec ou sans handicap, s’amusent ensemble en oubliant leurs différences.
 
Les échauffements vont encore bon train lorsque vient l’heure du match… Photos des équipes, poignées de main réglementaires échangées de part et d’autre du filet… Vite, l’entraîneur de l’équipe de Siem Reap réunit une dernière fois ses poulains pour leur faire les dernières recommandations et lancer un dernier cri d’équipe. Le sifflet retentit : service… Raté ! La pression était trop forte.  Mais qu’importe, le public applaudit et le jeu reprend.
 
Kong Vanny est l’assistant du directeur dans l’école où se déroule le match. Il est aussi l’entraîneur de l’équipe. Des organisateurs du projet Sport for all de Handicap International étaient passés à l’école pour expliquer leur projet. Nous avions été sélectionnés avec une série d’autres écoles qui accueillaient des personnes handicapées pour éventuellement nous lancer dans l’aventure. J’étais séduit par l’idée et j’aime beaucoup le sport… J’ai donc voulu m’y impliquer, explique monsieur Kong. Tout en jetant de furtifs coups d’œil pour suivre le déroulement du match, il poursuit : J’ai participé à des sessions d’informations sur le handicap et le sport, en compagnie d’un professeur par école, issus des six écoles participantes de la province. La formation a duré cinq jours, avec des matinées consacrées à la théorie et les après-midi à la pratique. J’ai pu entraîner ma petite équipe et c’est un plaisir… J’espère pouvoir un jour étendre ce projet pour que tous les enfants de l’école bénéficient de cours de sport. Actuellement, mon équipe compte onze jours dont six sont handicapés, principalement des sourds et muets. Selon les équipes, il y a aussi des enfants qui ont eu la polio, un pied-bot ou… Vanny vient de perdre le fil de ses idées. Un magnifique smash vient de ponctuer un échange et l’entraîneur n’y tenant applaudit l’auteur de ce beau coup. Il s’excuse et retourne à son poste d’observation.
 
A la fin du match, tout le monde reçoit des boissons. Les spectateurs sont aussi invités à remplir un petit questionnaire. Celui-ci permet de recueillir les impressions du public et de faire réfléchir.
  • Qu’avez-vous vu ?
  • Que pensez-vous du fait de voir des enfants handicapés qui font du sport ?
  • Est-ce qu’il est possible que des enfants valides et handicapés jouent ensemble ?
 
Cheng Chandy, coordinateur du projet, se sent personnellement motivé par ce projet. Quand j’étais petit, j’adorais le sport. Avec mes amis, nous voulions jouer au football et on s’était donc cotisés pour acheter un ballon. Ensuite, j’ai eu un accident : j’avais trouvé une petite boule et je l’ai prise en main. C’était une sous-munition. Elle a explosé, me faisant perdre une main et plusieurs doigts à la seconde. Bien sûr, certains me regardaient alors différemment. Mais j’ai continué à faire du foot avec mes amis, et quand je faisais du sport, les gens autour oubliaient mon handicap et ne voyaient plus que mon habilité avec la balle.
 
Si Handicap International s’est chargé de la formation des professeurs, l’organisation fournit aussi les équipements, le matériel nécessaire, ainsi qu’une collation et une boisson pour les enfants lors de chaque entraînement.
 
Je suis heureux et soulagé que la journée se soit si bien passée, conclut Chandy, enfin détendu. C’était important que les choses se déroulent bien aujourd’hui, car il s’agissait de la toute première rencontre organisée dans le cadre du projet de la section belge de Handicap International, qui couvre la province de Siem Reap et celle de Takéo. L’équipe rencontrée aujourd’hui vient d’une autre province, où un projet similaire est développé depuis bientôt trois ans avec succès par la section française de l’organisation.
 
Désormais, les enfants vont poursuivre les entraînements chaque semaine et des matches de volleyball inter-écoles seront encore organisés chaque mois. Avant – qui sait ? – d’étendre le projet vers de nouveaux sports, tels que la pétanque ou le football. Telle est en tout cas l’ambition de Chandy qui a des idées à revendre. Les enfants adorent et je suis fier d’eux. J’espère qu’ils seront nombreux à pouvoir les imiter !

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