Les civils, victimes des armes explosives dans plus d’un tiers des pays du monde.
L’Observatoire des armes explosives publie son rapport annuel le 21 mai. Il révèle que les civils dans plus d’un tiers des pays du monde (74) sont touchés par les bombardements et les pilonnages.

© K. Nateel / HI
Les victimes civiles et la destruction des infrastructures civiles ne cessent d’augmenter, alors que les conflits armés et les tensions géopolitiques s’intensifient, au détriment du droit international humanitaire.
L’Observatoire des armes explosives rapporte que, en 2024, les civils ont été touchés par des explosions dans au moins 74 pays et territoires. 11 pays – République démocratique du Congo, Éthiopie, Liban, Mali, Myanmar, Nigeria, Palestine, Soudan, Syrie, Ukraine et Yémen – sont considérés comme gravement affectés.
- La Palestine, à elle seule, représente plus de 60 % de toutes les pertes civiles recensées dans le monde en 2024.
- Le pourcentage de décès de civils liés aux armes explosives dans les pays et territoires hors Palestine a augmenté de plus de 60 % en 2024, notamment au Liban, au Myanmar, en Syrie et en Ukraine.
- En 2024, les infrastructures civiles ont été sévèrement touchées : les attaques contre les établissements et équipes de santé (établissements, ambulances, etc.) ont augmenté de 64 % (1 857 incidents), les attaques contre des infrastructures scolaires (écoles, etc.) ont plus que doublé (861 incidents), et les attaques contre l’aide humanitaire ont été près de cinq fois plus nombreuses qu’en 2023 (1,631 incidents).
La responsabilité de protéger les civils
83 États ont approuvé la Déclaration politique de 2022 contre l'utilisation des armes explosives en zones peuplées - première reconnaissance internationale officielle des conséquences humanitaires dévastatrices des bombardements et pilonnages dans les villes.
« Trois ans plus tard, les États doivent montrer comment ils traduisent concrètement cet engagement en actions pour protéger les civils contre les bombardements. Ils ont la responsabilité de dénoncer fermement et clairement l’usage continu des armes explosives en zones peuplées - que ce soit à Gaza, en Ukraine, au Soudan, etc. Respecter la déclaration signifie repenser les politiques militaires, notamment en renonçant à l’usage de ces armes dans les zones urbaines, afin de protéger les civils des conséquences de la guerre en milieu urbain. »
- Alma Taslidžan, Responsable du désarmement et de la protection des civils chez Handicap International,
120 conflits armés
Selon le Comité international de la Croix-Rouge, 120 conflits armés étaient en cours en 2024. Les civils ont lourdement payé les conséquences de ces violences :
- Près de 200 000 personnes sont mortes à cause de la violence armée en un an (Armed Conflict Survey 2024).
- Les décès violents ont augmenté de 37 % entre 2023 et 2024.
- Des centaines de milliers de civils ont été blessés, mutilés ou traumatisés par la violence armée.
- Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 120 millions de personnes sont déplacées de force, principalement à cause des conflits.
Les bombardements en zones peuplées, les attaques aveugles de drones, la réintroduction d’armes interdites telles que les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions dans les arsenaux militaires, etc., tous les signaux sont au rouge. L’obligation même des belligérants de « protéger les civils » semble s’effondrer.
Rien qu’à Gaza, les Forces armées israéliennes ont déclaré avoir frappé 40 300 objectifs entre octobre 2023 et octobre 2024, ne laissant aucune chance à la population civile qui vit pour la grande majorité dans des zones densément peuplées. 53 000 personnes ont été tuées à Gaza, et près de 2 millions déplacées.
« Ce que nous constatons, c’est que les belligérants mènent des attaques indiscriminées, et les civils sont de plus en plus souvent directement ciblés. Dans certains contextes, les sièges prolongés ne visent plus seulement à remporter des batailles, mais à terroriser, blesser et tuer les populations. ».”
Anne Héry, Directrice du plaidoyer chez Handicap International
Découvrez le rapport complet du Explosive Weapons Monitor (Anglais)