Les attaques à la sous-munition se poursuivent, les civils en danger.
Le Cluster Munition Monitor 2024 révèle que l'an dernier, plus de 9 victimes sur 10 étaient des civils innocents.
En Ukraine, l'utilisation d'armes à sous-munitions persiste, malgré les graves conséquences pour les populations civiles.
Il y a 14 ans, l’entrée en vigueur de la Convention d'Oslo a marqué un moment historique. Ce traité international, aujourd'hui ratifié par 123 États, visait à bannir la production, le stockage, le transfert et l'utilisation des sous-munitions. Depuis, près de 180 millions de sous-munitions stockées ont été détruites par les pays signataires. Pourtant, en 2023, ces armes ont été à nouveau utilisées dans plusieurs régions du monde, faisant encore des victimes. C'est ce que révèle le dernier rapport du Cluster Munition Monitor, publié aujourd'hui.
En savoir plus: Qu’entend-on par sous-munitions ?
En 2023, au moins 219 personnes ont perdu la vie ou ont été blessées par des sous-munitions. Ce chiffre est probablement bien inférieur à la réalité, en raison des difficultés d'accès aux zones de conflit, ce qui peut entraîner une sous-estimation des victimes. Plus de la moitié des décès et des blessures ont été recensés après de nouvelles attaques avec ces armes. Les sous-munitions ont été principalement utilisées en Ukraine, ainsi qu'en Birmanie, en Syrie et en Russie.
L’année dernière, des sous-munitions non explosées provenant d’attaques antérieures ont également causé de nouvelles victimes. En Irak, au Laos, au Liban, en Mauritanie, en Azerbaïdjan, en Syrie, au Yémen et en Ukraine, des personnes ont été touchées par des munitions abandonnées. Cela souligne que les sous-munitions continuent de faire des victimes innocentes longtemps après la fin des conflits. Plus de 90 % des personnes touchées par ces armes sont des civils.
Le succès de la Convention d'Oslo
La Convention sur les armes à sous-munitions a déjà eu un impact très positif. Handicap International a joué un rôle clé dans la création de la convention et reste convaincue de l'importance d'un accord international solide.
"En 14 ans d'existence, la Convention d'Oslo a été incroyablement efficace pour protéger les civils" affirme Ann Héry, directrice de l'influence politique chez Handicap International. "Deux tiers des pays du monde adhèrent aux valeurs de la Convention d'Oslo ; les producteurs de cette arme ont diminué d'un tiers, les stocks des États parties sont détruits, un soutien important a été apporté aux survivants et doit se poursuivre."
L'affaiblissement des normes internationales
Néanmoins, la Convention sur les armes à sous-munitions est aujourd'hui en péril. Le 25 juillet 2024, la Lituanie est devenue le premier État membre à se retirer officiellement de cet accord. Cette décision marque un nouveau pas dans l'érosion progressive des normes internationales constatée ces dernières années. Cet été, la chaîne de médias allemande ARD a révélé que des armes à sous-munitions américaines avaient été transférées en Ukraine pour être utilisées dans le conflit contre la Russie. Ces munitions étaient entreposées sur une base militaire américaine en Allemagne, un pays pourtant signataire de la Convention d'Oslo. Par ailleurs, le Myanmar a entamé la fabrication d'armes à sous-munitions en 2023, exacerbant une situation déjà alarmante.
"La 12e réunion des États parties à la convention se tiendra aux Nations unies à Genève le 10 septembre", explique Ann Héry. "Les États parties à la Convention doivent condamner la décision de la Lituanie de s'en retirer. Elles doivent défendre la convention et condamner toute utilisation d'armes à sous-munitions par quelque acteur que ce soit, ainsi que l'impact humanitaire à long terme qui en découle. Toute victime civile est un scandale".