Rwanda : les veuves du génocide
Les « veuves du génocide » ont vu mourir leur mari, leurs enfants. Elles-mêmes ont été battues, violées. Aujourd’hui encore, elles sont souvent rejetées ou victimes d’abus. Madeleine, l’une de ces veuves, résume parfaitement la situation : « Mes voisins sont bien au courant que mon mari a été tué et que mon enfant est né d'un viol. Mais ils se sentent coupables du tort qu'on m'a fait et, pour cette raison, ils préfèrent m'ignorer. »
Les « veuves du génocide » ont vu mourir leur mari, leurs enfants. Elles-mêmes ont été battues, violées. Aujourd’hui encore, elles sont souvent rejetées ou victimes d’abus. Madeleine, l’une de ces veuves, résume parfaitement la situation : « Mes voisins sont bien au courant que mon mari a été tué et que mon enfant est né d'un viol. Mais ils se sentent coupables du tort qu'on m'a fait et, pour cette raison, ils préfèrent m'ignorer. »
Handicap International et ses partenaires rwandais organisent des groupes de partage, garantissent un soutien social et psychologique. Des groupes ouverts aussi bien aux victimes directes du génocide qu’aux femmes victimes de violence ou aux couples en crise à cause de cette même violence.
Marie Gaudaence, psychologue de Handicap International explique : « Dans les groupes de partage, nous abordons les problèmes quotidiens, mais, pour nous, c'est l’occasion idéale de voir qui a des difficultés plus profondes ou même des traumatismes et qui a donc besoin d'une aide plus spécifique. C’est possible dans ce que nous appelons des groupes de parole : il s'agit de groupes plus petits qui sont composés de femmes ayant le même problème. Beaucoup de ces femmes peinent par exemple à ressentir de l’affection pour les enfants issus de viol. Nous en discutons lors de ces groupes de parole. Parce que le seul fait qu'il existe des femmes qui osent admettre qu’elles ont ce problème aide. Il y a également des sessions individuelles pour les femmes ayant de graves traumatismes ou pour celles qui ne parviennent toujours pas à parler de ce qui leur est arrivé. »
Consolée
" Cœur du ménage, c'est le nom de notre groupe. Parce que nous voulons retrouver notre rôle dans la famille : le rôle de mère, le rôle de femme. Les femmes ont intérêt à venir ici. Handicap International les accompagne, leur donne des conseils médicaux et leur montre comment elles peuvent acheter leurs médicaments si elles ont le VIH. Et je ne parle pas encore des avantages des entretiens thérapeutiques. Ceux-ci ont déjà permis à tant de femmes de retrouver leur joie de vivre et leur confiance en elles."
© Wendy Huyghe
Madeleine
" Les blessures sont très profondes. Mais puisque maintenant je peux partager mes expériences avec des personnes ayant vécu la même chose et surtout grâce au soutien psychologique de Handicap International, petit à petit, mon cœur devient plus léger. La première fois que j'en ai parlé ici, j'ai eu des cauchemars pendant des semaines. Les images défilaient à nouveau devant mes yeux. Mais maintenant, au moins je peux regarder devant moi, sans avoir peur."
© Wendy Huyghe
Agnès
"Avant d'avoir fait la connaissance du groupe, j'avais peur d’aborder les autres. Je menais une vie retirée, plongée dans mes angoisses et ma peine. Quand j'ai pu raconter mon histoire ici pour la première fois, j'ai pleuré comme un bébé. Comme j'étais soulagée."
© Wendy Huyghe
Victorine
"Maintenant que la commémoration arrive, on parle un peu plus de ce qui s’est passé. Et la douleur se ravive avec ces témoignages. Je me fais également du souci pour mes enfants, qui ont été témoin de la mort de leur père. J'espère que la commémoration nous permettra à toutes de partager notre chagrin et de commémorer, toutes ensembles, nos bien-aimés, comme des êtres humains."