Témoignage d'un ergothérapeute en action à Tacloban
Henri Bonnin a fait partie de la première équipe dépêchée par Handicap International pour répondre à l’urgence humanitaire aux Philippines. Il a pu dès les premiers jours, apporter un soutien précieux aux services médicaux présents sur place et définir les modalités de l’intervention de l’association. Aujourd’hui, pour lui, la priorité est d’éviter que faute de soins appropriés, les blessés ne développent des handicaps permanents.
Henri Bonnin a fait partie de la première équipe dépêchée par Handicap International pour répondre à l’urgence humanitaire aux Philippines. Il a pu dès les premiers jours, apporter un soutien précieux aux services médicaux présents sur place et définir les modalités de l’intervention de l’association. Aujourd’hui, pour lui, la priorité est d’éviter que faute de soins appropriés, les blessés ne développent des handicaps permanents. Il témoigne.
« Tout le long de la trajectoire du typhon, la plupart des structures médicales ont été très endommagées. La plupart des blessés qui ont pu être identifiés rapidement ont du être évacuées sur les hôpitaux de Cébu et Manille. Mais d’autres sont restés sur place, soit dans les structures encore disponibles, soit sur leur lieu d’habitation parce qu’ils se trouvent dans des zones isolées et qu’ils n’ont pu se signaler aux secours. Un mois après la catastrophe nous commençons à voir arriver un nombre croissant de blessés qui n’ont pas reçu de soins et qui présentent maintenant des complications qui risquent de causer des amputations ou des handicaps permanents.
C'est le cas de cet homme de 56 ans, Antony, père de 4 enfants, qui habite à 1 h 30 de Tacloban. Il est diabétique et sa blessure s’est rapidement infectée. Lorsqu’il est arrivé à l’hôpital, 12 jours après avoir été blessé, son diagnostic vital était engagé et les médecins n’ont pu le sauver qu’en amputant sa jambe gauche au niveau du fémur. Son état est maintenant stabilisé et nous avons pu commencer à effectuer des bandages compressifs pour préparer son moignon à recevoir une prothèse. Nous avons également mis des béquilles à sa disposition pour qu’il ne reste pas trop longtemps allongé et qu’il garde la tonicité musculaire nécessaire à l’important travail de rééducation qui l’attend. Une kinésithérapeute lui rend visite régulièrement pour lui faire effectuer des exercices et éviter que les muscles et les tendons de sa jambe amputée ne se rétractent, ce qui compromettrait ses chances de remarcher, même avec une prothèse.
Ce travail de rééducation doit être effectué dès maintenant auprès des personnes ayant subi des blessures importantes. Il y a des personnes blessées à la colonne vertébrale par la chute d’arbres ou de pans de murs ou des personnes souffrant de fractures complexes… Si ces personnes ne bénéficient pas des soins nécessaires, elles ont de fortes chances de développer des handicaps permanents. C’est pour cela que nous avons rééquipé le service de réadaptation de l’hôpital public de Tacloban que le typhon avait presque entièrement détruit (photos à gauche).
Notre dispositif est monté en puissance rapidement, pour identifier et accompagner l’ensemble des personnes qui doivent être suivies. Autant parmi les personnes hospitalisées, qui ne doivent pas rentrer chez elle sans l’accompagnement nécessaire à leur guérison, que parmi les personnes qui n’ont pas encore pu recevoir de soins parce qu’elles sont physiquement ou socialement isolées. Pour beaucoup de ces personnes, tout se joue maintenant. Même si l’attention s’est détournée des Philippines, nous pouvons témoigner que notre action ne fait que commencer. »