Toutes les victimes d'armes à sous-munitions signalées en 2024 étaient des civils
Le dernier rapport du Cluster Munition Monitor révèle que cette arme illégale a encore été utilisée l'année dernière.

Sous-munition russe trouvée dans le nord de la Syrie, près de la ville de Taqba. Les bombes à fragmentation, ou à sous-munitions, couvrent de vastes zones et laissent derrière elles des centaines de petites bombes qui, souvent, restent non explosées pendant des années. | HI
Il y a 15 ans, l’entrée en vigueur de la Convention d'Oslo a marqué un moment historique. Ce traité international, aujourd'hui ratifié par 123 États, visait à bannir la production, le stockage, le transfert et l'utilisation des sous-munitions. Depuis, près de 180 millions de sous-munitions stockées ont été détruites par les pays signataires. Pourtant, en 2024, ces armes ont été à nouveau utilisées dans plusieurs régions du monde, faisant encore des victimes. C'est ce que révèle le dernier rapport du Cluster Munition Monitor, publié aujourd'hui.
En savoir plus : Qu'est-ce qu'une sous-munition ?
L'année dernière, 314 personnes décédées et blessées par l'utilisation d'armes à sous-munitions ont été signalées dans le monde entier. Cela représente une augmentation de 42 % par rapport à l'année précédente. Toutes ces victimes étaient des civils. Pour la plupart, ces cas ont été enregistrés en Ukraine, qui est depuis trois ans consécutifs le pays qui compte le plus grand nombre de victimes d'armes à sous-munitions.
« Chaque année, les civils constituent la grande majorité des victimes, dont près de la moitié sont des enfants. De nombreuses sous-munitions n'explosent pas à l'impact et continuent de tuer ou de mutiler des civils pendant des années. » - Anne Héry, directrice plaidoyer chez Handicap International
En 2024, des armes à sous-munitions ont une nouvelle fois été utilisées au Myanmar, en Ukraine et en Syrie. Outre les nouvelles attaques, les armes à sous-munitions non explosées utilisées par le passé ont également fait des victimes. Des morts et des blessés ont ainsi été dénombrés en Afghanistan, en Irak, au Laos, au Liban, en Mauritanie, au Myanmar, en Syrie, en Ukraine et au Yémen.
Des tendances inquiétantes
Bien que la Convention sur les armes à sous-munitions porte ses fruits, des tendances inquiétantes persistent. Il existe ainsi des preuves que l'Iran, la Corée du Nord et la Corée du Sud ont récemment produit des armes à sous-munitions.
Entre juillet 2023 et avril 2024, cinq livraisons d'armes à sous-munitions ont eu lieu entre les États-Unis et l'Ukraine, via l'Allemagne, un pays qui, en tant que signataire de la Convention, n'est pas autorisé à tolérer la présence ou le passage d'armes à sous-munitions sur son territoire.
Enfin, la Lituanie a décidé l'été dernier de se retirer de la Convention d'Oslo et, depuis le 6 mars 2025, n'en fait plus partie officiellement.
« La décision de la Lituanie constitue une menace inquiétante pour les normes humanitaires internationales en matière de désarmement. Remettre en cause la convention sur les armes à sous-munitions est inacceptable. Les États réunis lors de la conférence annuelle sur les armes à sous-munitions doivent réaffirmer leur soutien sans faille à la convention et condamner toute utilisation par quelque partie que ce soit. » - Anne Héry, directrice plaidoyer chez Handicap International
Handicaps physiques et psychosociaux
Les explosions causées par les armes à sous-munitions sont mortelles et font de nombreux blessés. Certaines de ces blessures entraînent de lourds handicaps. Les amputations des jambes et des bras, les lésions cérébrales et les douleurs chroniques sont très courantes. Ce dont on parle moins, ce sont les handicaps psychosociaux tels que le syndrome de stress post-traumatique et la dépression qui sont aussi très fréquents chez les victimes d'armes à sous-munitions.
Consultez le Cluster Muntition Monitor 2025 (Anglais)