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98% des victimes des armes à sous-munitions sont des civils

Mines et autres armes

De toutes les victimes des armes à sous-munitions qui ont pu être recensées, 98% sont des civils. Beaucoup de ces personnes ont été blessées ou tuées alors qu’elles se livraient à leurs activités quotidiennes de subsistance en des endroits où elles avaient coutume de se rendre chaque jour. C’est ce que rapporte Fatal Footprint: Les répercussions humaines de l’utilisation d’armes à sous-munitions dans le monde. Ce rapport préliminaire est publié par Handicap International (HI). Il est le résultat d’un effort sans précédent et constitue un document de base sur les conséquences de l’emploi d’armes à sous-munitions sur la vie des habitants de 24 pays et régions contaminés par des sous-munitions.

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Fatal Footprint: Première étude au niveau mondial sur les victimes des armes à sous-munitions
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GENEVE et BRUXELLES - 2 Novembre 2006. De toutes les victimes des armes à sous-munitions qui ont pu être recensées, 98% sont des civils. Beaucoup de ces personnes ont été blessées ou tuées alors qu’elles se livraient à leurs activités quotidiennes de subsistance en des endroits où elles avaient coutume de se rendre chaque jour. C’est ce que rapporte Fatal Footprint: Les répercussions humaines de l’utilisation d’armes à sous-munitions dans le monde. Ce rapport préliminaire est publié par Handicap International (HI). Il est le résultat d’un effort sans précédent et constitue un document de base sur les conséquences de l’emploi d’armes à sous-munitions sur la vie des habitants de 24 pays et régions contaminés par des sous-munitions.

Les armes à sous-munitions sont imprécises. Elles sont conçues pour frapper des zones très étendues. Elles disséminent une grande quantité de petites sous-munitions mortelles, formant une "empreinte de pas" (Footprint) à l’intérieur de laquelle elles tuent et blessent sans faire la distinction entre objectifs militaires et habitants civils. D’une façon encore plus marquée que lors de la frappe initiale, les sous-munitions qui n’ont pas explosé et restent sur place après l’attaque tuent et mutilent davantage les civils que le personnel militaire. “Depuis 30 ans les Etats ont été incapables de s’attaquer aux souffrances disproportionnées et à long terme que ces armes infligent aux populations civiles. En conséquence, la situation de ces personnes n’a jamais été vraiment reconnue,” a déclaré Mr. Angelo Simonazzi, Directeur Général de HI.

Les habitants de sexe masculin sont les plus exposés au danger. Ils représentent 84% des victimes. Parmi eux, 40% sont des garçons de moins de 18 ans. Dans de nombreux pays, tels le Kosovo ou le Cambodge, les garçons constituent le groupe le plus important ; dans d’autres cas, ils occupent de peu la seconde place. "Dans presque tous les cas, ces garçons sont atteints alors qu’ils étaient en train d’aider leur famille à se procurer de quoi vivre en gardant des animaux, en allant chercher du bois ou de l’eau, comme par exemple en Afghanistan," a déclaré Mr. Loren Persi, chercheur chez HI.

Le nombre d’accidents qui surviennent au cours d’activités de subsistance montre l’incidence directe au plan économique sur les communautés et pays contaminés par les sous-munitions. "Dans beaucoup de ces pays, ce sont les hommes qui, traditionnellement, gagnent de quoi faire vivre les familles. Sachant que les hommes adultes et les garçons représentent la majorité des victimes, on ne peut sous-estimer la perte socio-économique que cela engendre, tant pour l’immédiat que pour un avenir plus éloigné," ajoutait Mme Katleen Maes, coordinatrice chez HI pour l’assistance aux victimes.

L’étude a identifié 11.044 victimes confirmées et enregistrées, toutes attribuables aux sous-munitions ; 27% d’entre elles sont des enfants. Les accidents causés par les sous-munitions frappent plusieurs personnes à la fois, sont plus mortels et causent davantage de blessures multiples que les mines et tout autre type de résidus de guerre non explosés (REG). "Dans les pays où les victimes des mines sont rares alors que les victimes des REG sont nombreuses, les sous-munitions tuent et blessent non seulement un plus grand nombre de personnes que tout autre type de REG pris séparément, mais aussi autant que l’ensemble de tous les autres types de REG, ajoute Mr. Hugh Hosman, spécialiste en gestion des données chez Handicap International.

Trois décennies après leur utilisation, les armes à sous-munitions continuent à causer environ la moitié des victimes de REG recensées en Asie du Sud-Est. Dans certaines zones d’Irak, les victimes de sous-munitions représentent entre 75 et 80% du total des victimes. "Il est clair que les sous-munitions causent à long terme des torts disproportionnés parmi les civils, s’étendant au travers de nouveaux conflits pour détruire des vies, disloquer des communautés et interdire à des populations vulnérables l’accès aux ressources dont elles ont besoin pour leur redressement économique," expliquait Mme Habbouba Aoun, coordinatrice du Centre d’information sur les mines au Liban.

Pour cette raison, un déminage immédiat et complet est le seul moyen de réduire significativement le nombre de victimes. Le Liban est un cas en pointe : le nombre de victimes se situe en moyenne entre deux et trois par jour car les gens retournent dans leurs communautés et cherchent de quoi nouer les deux bouts. Au Kosovo, la fréquence des accidents n’a commencé à diminuer que lorsque les activités de déminage ont pu être menées de façon systématique, avec des moyens adéquats et des renseignements détaillés fournis par les utilisateurs sur les frappes qu’ils avaient effectuées.
"Les projecteurs sont maintenant braqués sur le Liban, mais il ne faut pas oublier que dans la plupart des autres pays, l’ampleur véritable du problème est largement ignorée et sous-évaluée. Beaucoup de ces pays doivent faire face à une contamination sérieuse et ne reçoivent que peu d’aide pour mettre un terme à ces pertes en victimes dont le total augmente chaque jour," a déclaré Mme Maes.

Dans tous les pays sauf quatre, la collecte de données peut être considérée comme complète. Cependant, seuls 9% des victimes sont recensées dans ceux-là. Les victimes des sous-munitions ne sont pas assez différenciées de celles des autres REG. Certains groupes de victimes ne sont pas mentionnés dans les rapports. Les victimes dues aux conflits sont largement inconnues. Les nombres de victimes civiles dans des endroits qui ont connu un emploi intensif de ces armes sont largement sous-évalués dans les rapports, y compris en Afghanistan, en Asie du Sud-Est, en Tchétchénie et en Irak. En outre, des estimations faites de longue date dans certains pays comme le Vietnam et le Koweït indiquent qu’il pourrait y avoir dans le monde entier pas moins de 100.000 victimes des sous-munitions. Ajoutons à cela que les taux de ratés relevés sur le terrain semblent être nettement plus élevés que les estimations fournies par les fabricants. Des sous-munitions à taux élevé de ratés sont utilisées sciemment. Les mécanismes d’autodestruction et d’autoneutralisation semblent régulièrement mal fonctionner.

En dépit d’un intérêt international occasionnel et d’éloquentes protestations verbales, les gouvernements et la communauté internationale n’ont pas réussi, au cours de ces 30 dernières années, à s’attaquer au problème des répercussions humanitaires persistantes des armes à sous-munitions. "La communauté internationale doit négocier un nouveau traité pour prévenir la prolifération de ces armes et pour arrêter l’emploi des milliards de sous-munitions actuellement stockées. C’est là le seul moyen de prévenir d’innombrables nouvelles victimes civiles inutiles," déclarait Mr. Stan Brabant, responsable de l’Unité politique de HI.

Fatal Footprint est la première étude globale qui analyse de façon systématique l’incidence de l’emploi d’armes à sous-munitions sur les populations civiles à partir des données concernant les victimes. Elle utilise l’information limitée dont on peut disposer sur les victimes des sous-munitions pour dresser un tableau des répercussions humaines depuis les frappes initiales par des armes à sous-munitions, en passant par la phase d’urgence à court terme, jusqu’à la période qui suit le conflit, celle qui peut affecter pour plusieurs générations la vie des personnes, des familles et des communautés. En indiquant qui devient victime, quand, comment et pourquoi, cette recherche va au-delà d’une simple appréciation évaluant si les armes à sous-munitions frappent ou non de manière indiscriminée et causent ou non des blessures excessives. A des fins de statistiques, le rapport ne fait usage que de données sur les victimes qui ont été confirmées et recensées dans des systèmes chargés d’effectuer le relevé des victimes et des blessures. Ces données peuvent être individuellement vérifiées et recoupées pour éviter les doubles emplois.

Fatal Footprint: Les répercussions humaines de l’utilisation d’armes à sous-munitions dans le monde et les documents qui s’y rapportent sont disponibles sur internet dans diverses langues à partie de 9h00 GMT le 2 novembre sur le site: http://www.handicapinternational.be

Pour de plus amples informations ou pour convenir d’une interview, prendre contact avec :
• Samantha Bolton: + 41 79 239 23 66 (Genève)
• Hildegarde Vansintjan: + 32 485 111 460 (Bruxelles)

 

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