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Angola: leçons de sécurité routière pour les enfants

Prévention

Il suffit de passer une journée sur les routes angolaises pour constater que les chiffres ne mentent pas : en Angola, la circulation est meurtrière. Une équipe de jeunes ambassadeurs de Handicap International a donc décidé d’apprendre à d’autres enfants à traverser la rue en toute sécurité. Car ils en ont tous peur.

photo des enfants angolais dans une formation de sécurité routière

Il suffit de passer une journée sur les routes angolaises pour constater que les chiffres ne mentent pas : en Angola, la circulation est meurtrière. Une équipe de jeunes ambassadeurs de Handicap International a donc décidé d’apprendre à d’autres enfants à traverser la rue en toute sécurité. Car ils en ont tous peur.

Pendant l'heure de pointe, mais aussi parfois pendant le reste de la journée, les routes de Luanda, la capitale angolaise, sont très encombrées. Voitures, camions et mobylettes recrachent de sombres gaz d'échappement dans l'air humide et étouffant et les conducteurs les plus chevronnés profitent de l'absence de lignes blanches pour slalomer et gagner quelques mètres. Avant d'être de nouveau à l'arrêt. À Luanda, il faut parfois plusieurs heures pour traverser la ville de bout en bout.

Vous ne devez toutefois pas vous inquiéter d’arriver trop tard pour aller faire les courses. Car ici, les courses viennent à vous. Des dizaines de jeunes gens zigzaguent entre les voitures pour vendre leurs marchandises. Vous pouvez bien sûr leur acheter tout une série de produits utiles à un conducteur coincé dans les bouchons : eaux, fruits, biscuits, journaux… Mais bien plus encore. Un jeune vendeur propose par exemple des lunettes de wc. Un autre détient une impressionnante réserve d’entonnoirs roses. Laisses pour chien, boîtes à outils, Spiderman gonflables, skateboards, sacs à mains, pommeaux de douche, brosses à cheveux, matelas, miroirs... Vous n’avez qu’à demander, on trouve de tout.

Du commerce dans les bouchons. C’est forcément une mauvaise idée, surtout pour la sécurité. À Luanda, traverser la rue est un réel danger. La ville compte bien quelques ponts piétonniers en fer qui sont fréquemment utilisés. Mais entre ces ponts, parfois espacés d’un kilomètre, il faut prendre des risques. Et les usagers faibles peuvent rarement compter sur des passages cloutés.

Dans la direction opposée, le chaos est total. Un accident vient de se produire. Encore un. En Angola, si vous faisiez une photo de chaque accident que vous voyez, vous auriez vite une impressionnante collection. La situation est particulièrement critique sur les voies qui relient les grandes villes. Soit les routes sont en si piteux état qu’elles causent des accidents, soit elles ont été rénovées mais les conducteurs n’ont pas adapté leur vitesse. Près de Huambo, nous voyons un bus encastré dans un arbre. Il est évident qu’une vitesse inadaptée est en cause. Le lendemain, Huambo est en deuil. Beaucoup d’enterrements sont prévus. Il parait que, malgré la vitesse élevée, le chauffeur s'est endormi au volant.

En Angola, les routes sont bordées de carcasses de voitures et de camions, témoins silencieux des nombreux accidents. Ces vestiges (dont toutes les pièces réutilisables ont été emportées dans les plus brefs délais) que l'on croise partout nous rappellent constamment le nombre tragique d'accidents de la route. Selon un rapport de la police nationale, pas moins de 13.159 accidents ont été enregistrés en 2010 sur les routes angolaises. 3.112 personnes ont perdu la vie et 12.768 ont été blessées. Le 21 novembre 2011, le ministère national des transports a lancé la première campagne de prévention et de sensibilisation du pays. Selon le ministère, l’Angola arrive en troisième position dans la liste des pays qui comptent le plus d’accidents de la route. Il est donc grand temps de réagir.

Dans le jango de Lubango, on a depuis longtemps compris qu'une circulation plus sûre est primordiale. Alors, nous faisons de la prévention. Une fois par mois, une vingtaine d’enfants se réunissent pour une leçon sur la circulation, organisée par une équipe de Handicap International.

Le cours commence. Tous les enfants sont assis côte à côte sur un banc et racontent ce qu’ils savent sur les panneaux de signalisation. Ils en ont bricolés eux-mêmes. Souvent, ils ont accroché les panneaux à l'envers sur le mât, mais ils savent néanmoins très bien ce qu’ils signifient. Et ils sont fiers d’avoir appris à traverser la rue en toute sécurité.

Lorsqu’on leur demande qui a toujours peur de la circulation, tous lèvent le doigt. Idem lorsqu’on leur demande qui a déjà vu un accident de la route. Et lorsqu’on leur demande combien d’accidents ils ont déjà vus, ils n’ont pas besoin d’y réfléchir longtemps. « Environ deux par mois », répond une petite fille. Ils trouvent que les voitures roulent bien trop vite. Et que beaucoup d’enfants ne savent pas comment se comporter dans la circulation. Mais eux, ils le savent, car ils ont suivi des cours avec un agent de la circulation. Lors des réunions mensuelles, ils enrichissent leurs connaissances et apprennent à les partager avec d’autres enfants. De temps en temps, l’équipe se déplace dans les écoles pour y donner une leçon dans la cour de récréation, avec un agent de police.

Les enfants sortent et s’approchent d’une route non goudronnée à proximité du jango. Selon eux, c’est une rue dangereuse où les voitures roulent trop vite et où il y a beaucoup d’accidents. À l'aide des panneaux de signalisation qu’ils ont fabriqués, ils essaient d’inciter les conducteurs à ralentir ou à s’arrêter, afin de pouvoir traverser. Bien qu'il soit difficile de ne pas voir le groupe d'enfants bariolé, la plupart des voitures passent leur chemin sans lever le pied. Mais certains ralentissent et lèvent le pouce dans leur direction, un geste accueilli par un joyeux chahut.

Ces très jeunes ambassadeurs de la circulation sont persuadés du bien-fondé de leur cause (le fait qu'ils reçoivent un Fanta à la fin de la leçon et qu'ils puissent porter un maillot de football aide à les convaincre). Ils trouvent qu'ils font du bon travail, car il y a encore trop d’enfants inconscients. « Mais en fait, ces cours devraient être donnés en classe, par notre professeur. Non ? »

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