Contre le déni de droit humanitaire dans les Territoires palestiniens
En mai 2012, les ministres des Affaires étrangères européens publiaient une déclaration sans concession, invitant l’Etat israélien à respecter les conditions de vie des Palestiniens, particulièrement dans la zone C, zone sous contrôle total de l’Etat israélien. Un an plus tard, la situation n’a guère évolué dans cette zone. Aida, collectif de plus de 80 organisations de solidarité actives dans les territoires occupés palestiniens dont Handicap International est membre, a publié un rapport qui reprend les recommandations faites l’an dernier par les ministres européens, et pointe la faiblesse des avancées au regard de chacune de ces recommandations.
En mai 2012, les ministres des Affaires étrangères européens publiaient une déclaration sans concession, invitant l’Etat israélien à respecter les conditions de vie des Palestiniens, particulièrement dans la zone C[1], zone sous contrôle total de l’Etat israélien. Un an plus tard, la situation n’a guère évolué dans cette zone. Aida[2], collectif de plus de 80 organisations de solidarité actives dans les territoires occupés palestiniens dont Handicap International est membre, a publié un rapport qui reprend les recommandations faites l’an dernier par les ministres européens, et pointe la faiblesse des avancées au regard de chacune de ces recommandations.
Handicap International, présente dans les territoires palestiniens depuis 1996, constate quotidiennement les contraintes auxquelles ces populations sont soumises et leurs conséquences désastreuses. « Pour les personnes les plus vulnérables, personnes âgées, personnes handicapées, femmes enceintes, l’accès aux soins est de fait extrêmement limité, explique Corinne Gillet, responsable des programmes de Handicap International au Moyen Orient. Imaginez que vous êtes une vieille dame et que vous devez vous rendre à l’hôpital le plus proche distant de seulement quelques kilomètres pour des examens médicaux, mais que la route est fermée par un mur infranchissable, et que les autorisations de le franchir sont distillées au compte-goutte… Imaginez que sans cesse, des maisons, des écoles soient détruites, imaginez qu’aucune perspective de développement ne soit possible dans le quartier où vous vivez puisque systématiquement, ce qui est construit est détruit… C’est malheureusement le quotidien de ces familles qui se trouvent dans les zones sous contrôle de l’Etat israélien».
Compte tenu des restrictions de déplacements dans la zone C, la question de l’accès humanitaire se pose également en permanence : « Nos équipes n’ont pas la possibilité de s’approvisionner à la mesure des besoins identifiés sur place, souligne Corinne Gillet. Nous devons compter sur le bon vouloir des autorités israéliennes pour faire circuler le matériel dont nous avons besoin pour venir en aide aux personnes les plus fragiles. Nous n’avons pas non plus la liberté de nous rendre auprès de nos bénéficiaires aussi souvent que nécessaire. C’est une violation du droit humanitaire international.»
Handicap International s’alarme également des difficultés de financement des projets menés dans les Territoires palestiniens. « Il suffit de se rendre à Gaza pour se rendre compte que l’on se trouve dans une situation d’urgence, particulièrement pour les personnes les plus faibles, qui sont de fait davantage fragilisées. Pourtant, les bailleurs de fonds sont fatigués par cette crise qui leur semble sans issue, ce qui complique le financement de nos projets ».
Handicap International a donc décidé de signer l’appel d’Aida, publié le 27 mai 2013, afin que la déclaration des ministres européens de mai 2012 soit réellement suivie d’effets pour les populations palestiniennes vivant dans les zones sous contrôle israélien.
En signant cet appel, Handicap International entend rappeler aux ministres européens le sens de leur déclaration de mai 2012, et inciter l’Union européenne à peser de tout son poids pour que les personnes les plus vulnérables soient enfin protégées. « Il n’est pas acceptable que les fondements même du droit international humanitaire soient bafoués sans réaction, dénonce Corinne Gillet. Pour nous, il est essentiel que l’accès aux soins, l’accès au logement soient garantis. Il est nécessaire que les organisations humanitaires puissent intervenir sans restriction auprès des personnes les plus fragiles. Et au-delà, que les financements de l’aide aux populations civiles soient assurés. Il nous revient de faire entendre aux ministres européens qu’ils ne doivent pas se contenter de déclarations d’intention et de quelques touches cosmétiques pour donner l’illusion d’une mobilisation de leur part. Alors que dans le même temps, les populations civiles palestiniennes se voient déniés leurs droits les plus fondamentaux ».
[1] La zone « C » correspond aux 60% des territoires palestiniens sous contrôle militaire et civil de l’Etat israélien.
[2] AIDA, Association of International Development Agencies, collectif de plus de 80 organisations humanitaires et agences de développement œuvrant sur le terrain dans les Territoires palestiniens. ( www.aidajerusalem.org )