Liban : une conférence pour dire non aux sous-munitions
Le Liban, pays dévasté par les armes à sous-munitions, accueille la seconde Conférence internationale du Traité contre ces armes. Les Etats devront y présenter des plans précis pour la mise en œuvre du Traité, notamment en termes de dépollution, de destruction des stocks et d’assistance aux victimes. Un symbole fort, cinq ans après le drame du Sud-Liban : quatre millions de sous-munitions avaient alors été déversées par Israël sur la région, la plupart dans les 72 dernières heures du conflit.
La seconde Réunion des Etats parties au Traité d’Oslo qui interdit les armes à sous-munitions se déroule actuellement à Beyrouth (Liban). Les Etats y présentent des plans précis pour la mise en œuvre du Traité, notamment en termes de dépollution, de destruction des stocks et d’assistance aux victimes. Un symbole fort, cinq ans après le drame du Sud-Liban : quatre millions de sous-munitions avaient alors été déversées par Israël sur la région, la plupart dans les 72 dernières heures du conflit. Ce drame avait mobilisé l’opinion internationale, enclenchant le processus d’Oslo qui allait aboutir à la signature du Traité d’interdiction en décembre 2008. Handicap International est engagée à la fois dans le combat politique et sur le terrain, comme par exemple au Liban, dans des actions de dépollution et de restitution des terres.
15/9 : Au Nord du Liban, ce sont les mines qui menacent
14/9 Dans les coulisses de la conférence : informer et mobiliser
13/9 : L'appel de Lynn Bradach, Ban Advocate américaine, pour interdire les sous-munitions
12/9 : L'Afghanistan ratifie l'interdiction des sous-munitions malgré la pression des Etats-Unis
11/9 : Lire le témoignage de notre ancien responsable des opérations de déminage au Liban
11/9 : Camille Aubourg, directrice des projets au Liban, explique comment s'organise le déminage
Premiers résultats
Les deux premiers jours de la conférence ont livré de beaux résultats
Lundi 12, premier jour de la conférence, l’Afghanistan avait ratifié le Convention, malgré que les Etats-Unis faisaient pression pour que cela n'arrive pas. Cette nouvelle avait de quoi réjouir, l’Afghanistan étant particulièrement frappé par le fléau des armes à sous-munitions. Mardi 13 septembre, le Swaziland a rejoint la communauté des pays ayant banni les armes à sous-munitions. Cela porte à 110 le nombre de pays signataires, et à 63 le nombre d’Etats Parties. De quoi renforcer toujours la pression sur les Etats qui restent en marge de cette nouvelle norme internationale.
Lors des bombardements israéliens de l’été 2006, quatre millions de sous-munitions ont été déversées dans le sud du Liban, principalement pendant les 72 dernières heures de l’offensive. Des centaines de milliers d’entre elles n’ont pas explosé et rendent inexploitable plus d’un tiers des terres dédiées à la culture et au pâturage au Sud-Liban. Pus de 3 000 cultivateurs sont alors directement impactés. Selon un rapport de Landmine Action publié en 2008, les coûts engendrés par cette pollution sont compris entre 154 et 233 millions de dollars. Ayman Ghazal, responsable des équipes de démineurs de Handicap International au Sud-Liban en 2007, raconte : « Beaucoup de gens reprenaient leurs activités agricoles et de maraichage sur des terres polluées par les sous-munitions, parce qu’ils n’avaient pas le choix. Ils risquaient leur vie au quotidien.»
Après le Kosovo, l’Afghanistan et l’Irak, la tragédie humanitaire du Sud-Liban a marqué l’opinion internationale qui prend alors conscience de l’horreur des sous-munitions. Ce désastre provoque le lancement du processus d’Oslo début 2007, qui aboutit fin 2008 à un Traité d’interdiction de ces armes, dit Traité d’Oslo, signé par 109 Etats à ce jour. L’organisation de la seconde Conférence des Etats parties à ce Traité du 12 au 16 septembre à Beyrouth a donc valeur de symbole. A cette occasion, la centaine d’Etats présents devra présenter un plan d’action pour les quatre prochaines années, déclinant en mesures concrètes les obligations du Traité, notamment en termes de dépollution, de destruction des stocks et d’assistance aux victimes. Certains Etats non signataires pourront également annoncer leur intention d’y accéder. Ce sera enfin l’occasion pour les Etats Parties d’annoncer les financements qu’ils vont débloquer pour déminer et venir en aide aux victimes. Pour que les survivants à ces accidents, leur famille et leur communauté soient les bénéficiaires réels de ce Traité, Handicap International entend être particulièrement vigilante quant à la mise en œuvre effective de ces engagements.
Handicap International intervient au Liban depuis 1992. Entre 2007 et 2009, l’association a participé à la dépollution de zones contaminées par des sous-munitions au Sud Liban. Près de 700 000 m² de la région de Tyr ont été dépollués par les équipes de Handicap International. En tout, plus de 140 000 sous-munitions ont été détruites dans la région. Madame Srour, 85 ans, a bénéficié des actions de l’association sur place : « Quand les équipes de Handicap International sont venues chez moi pour m’expliquer que ma terre était contaminée et que je ne devais pas l’exploiter, je ne voulais pas y croire. C’est seulement grâce à l’intervention de leurs équipes de démineurs, qui ont retiré et détruit plusieurs engins non explosés de mes terres, que j’ai réalisé combien nous avons de la chance de ne pas avoir été victime d’accident ! Aujourd’hui, mes terres sont recouvertes d’orangers cultivés par mes fils et qui sont la source de revenus pour toute la famille ! » Handicap International intervient depuis 2010 sur la problématique des mines antipersonnel qui polluent également le pays. Elle est la seule organisation humanitaire à mener des opérations de déminage humanitaire au Nord Liban. L’association a déjà dépollué environ 16.000 m² de terres contaminées qui ont pour la majorité déjà été restituées à la population civile.