Goto main content

«On ne peut pas éviter une catastrophe naturelle, mais on peut mieux préparer les personnes handicapées à y faire face»

Urgence

Le 13 octobre est la Journée internationale de la gestion des risques, consacrée en particulier cette année à la prise en compte des personnes handicapées. Nos équipes travaillent dans huit pays en Asie et dans les Caraïbes pour mieux  protéger la population – et en particulier les personnes handicapées – contre les catastrophes naturelles. Annie Lafrenière, référente technique en gestion des risques de catastrophes pour Handicap International, explique en quoi cela consiste.

Un exercice de sauvetage en cas d'inondation en Indonésie

Le 13 octobre est la Journée internationale de la gestion des risques, consacrée en particulier cette année à la prise en compte des personnes handicapées. Nos équipes travaillent dans huit pays en Asie et dans les Caraïbes pour mieux  protéger la population – et en particulier les personnes handicapées – contre les catastrophes naturelles. Annie Lafrenière, référente technique en gestion des risques de catastrophes pour Handicap International, répond à nos questions et nous explique en quoi cela consiste.

Réduction des risques de catastrophe : pouvez-vous nous expliquer ce que cela signifie ? Comment cela fonctionne-t-il ?

Chaque année, des millions de personnes sont touchées par des catastrophes qui ont de lourdes conséquences sur les résultats en matière de développement et sur les niveaux de pauvreté des individus, communautés et pays. Il est impossible d’éviter qu’un danger tel qu’un séisme ou un cyclone ne survienne. Cependant, il est possible et primordial de réduire la vulnérabilité des personnes vis-à-vis de ce danger et d'améliorer leurs capacités à y faire face.

La réduction des risques de catastrophe consiste à réduire les vulnérabilités et développer les capacités pour diminuer les impacts néfastes des catastrophes sur les populations du monde entier. Concrètement, cela peut consister à développer un plan d'urgence pour qu’une communauté soit mieux préparée à une catastrophe, à construire des abris pour que les personnes s'y réfugient, à sensibiliser les populations aux risques existants, à effectuer des exercices de simulation, à enseigner comment garantir des moyens de subsistances, etc.


Pourquoi la réduction des risques de catastrophe (RRC) est-elle si importante et pourquoi est-il si important d’y inclure les personnes handicapées ?

La plupart des personnes touchées par des catastrophes naturelles vivent dans des pays en développement. Ce n’est pas parce que les pays en développement sont plus exposés à ces risques, mais parce qu’ils sont moins équipés et moins préparés pour y faire face. La réduction des risques de catastrophe est extrêmement importante pour réduire l'impact de ces catastrophes sur le développement et la pauvreté.

Les personnes handicapées comptent parmi les plus affectées. Elles vivent souvent dans la pauvreté, ont un accès limité aux services, sont souvent moins bien considérées. Le handicap des personnes accentue l'impact de la catastrophe sur leur vie. En cas de catastrophe, les personnes handicapées assistent à la destruction de leur environnement, peuvent perdre la personne qui les aide dans leur quotidien ou leur fauteuil roulant. Il y a aussi des routes détruites, l'absence de moyens de transport, un mauvais accès à l’information ; tout cela a un énorme impact sur leur sécurité, leur autonomie, leur capacité, par exemple, à atteindre certains points de collecte de nourriture ou de distribution de médicaments, etc. Ceci affecte également les familles qui comptent parmi leurs membres un ou plusieurs handicapés. De plus, les catastrophes aggravent non seulement les handicaps, mais peuvent aussi en causer de nouveaux (blessure, malnutrition, maladie ou traumatisme) ou avoir, d’une manière plus générale, un impact sur la situation des personnes, si elles perdent leur bétail par exemple. Malgré leur vulnérabilité en cas de catastrophe, les programmes de réduction des risques ne prennent pas toujours en compte les personnes infirmes. De surcroît, lorsque la catastrophe survient, elles passent souvent inaperçues auprès des services d'intervention déployés.
 

Quelles sont les actions de Handicap InternationalI ? Dans quel sens Handicap International est-elle différente des autres organisations ?

Les activités de Handicap International dans ce domaine ont débuté en Amérique Centrale après le passage de l'ouragan Mitch en 2001. Depuis 2005, nous avons développé plusieurs expériences dans le sud et le sud-est de l'Asie. Actuellement, des projets de RRC inclusifs sont mis en œuvre par Handicap International I et ses partenaires dans 8 pays.

Dans son projet de RRC inclusif, Handicap International travaille avec  les personnes handicapées et leur famille, et en collaborant avec les communautés, les écoles, les centres de rééducation, les autorités locales et nationales, des ONG locales et internationales et des représentants de groupes vulnérables, entre autres. Nos activités sont variées et comprennent : le renforcement des capacités, la collecte et la diffusion des bonnes pratiques d’inclusion, l’assistance aux personnes infirmes et à leur famille pour la planification de la préparation du foyer, etc.

Handicap International est également engagée dans la promotion et la défense des droits afin de s'assurer que les personnes handicapées soient prises en compte et qu'elles participent aux politiques et initiatives en matière de gestion des risques. Notre organisation apporte son savoir-faire et son expérience pratique, notamment sa longue expérience de travail aux côtés des personnes handicapées, qui est aussi, et sûrement, sa plus grande valeur ajoutée.


Comment incluez-vous les personnes handicapées dans le cadre de la RRC ?

Handicap International s’assure que les personnes handicapées sont prises en compte et impliquées dans les initiatives de réduction des risques de catastrophe en sensibilisation les autres acteurs (les autorités, les organismes d'aide, ...) à l'importance de tenir compte des personnes handicapées et en encourageant les parties prenantes locales, nationales et internationales à inclure les personnes les plus vulnérables, en particulier les personnes handicapées, dans leurs programmes de réduction, de prévention, de préparation et d'aide humanitaire. Un soutien est également apporté aux groupes vulnérables, notamment aux personnes handicapées et à leurs familles, afin d’améliorer leur résilience face aux catastrophes (via des informations sur les risques et sur la façon dont ces connaissances peuvent s'appliquer dans leur vie quotidienne et au niveau de leurs moyens de subsistance, via une aide pour accéder à des services, etc.) et également, et je dirai même avant tout, de faciliter leur participation active dans la programmation et la mise en œuvre de la gestion des risques de catastrophe.

Bien sûr, s’assurer que les personnes handicapées soient considérées dans la RRC est loin d’être suffisant. Ce qui est important, c’est que leurs opinions soient entendues et prises en compte et qu’elles jouent un rôle actif et prennent des responsabilités lors des comités de gestion des catastrophes, dans des groupes de travail, etc. Les personnes handicapées peuvent apporter des contributions uniques qui garantiront que la RRC s'applique à tous. C’est la clé de toute RRC inclusive.


Quelles sont les actions d’Handicap International pour cette Journée internationale pour la prévention des catastrophes ?

Pour cette journée internationale pour la prévention des catastrophes, HI se joint à la communauté internationale pour souligner l'importance de la réduction des risques de catastrophe pour sauver des vies et renforcer la résilience de ceux qui vivent dans des régions exposées aux catastrophes naturelles. Le thème de cette année étant « vivre avec un handicap et des catastrophes naturelles », HI est fortement engagée avec ses partenaires pour célébrer les progrès accomplis par les initiatives de RRC et leur réalisation sur le terrain, et pour rappeler combien il est important que les groupes vulnérables, y compris les personnes infirmes, participent activement à la préparation, à la réduction et à la prévention des catastrophes. Cet accent international sur les personnes handicapées reconnaît quelques changements positifs dans la perception du handicap et de la RRC, notamment sur les raisons et les façons d'inclure ces personnes. Ces derniers points sont très encourageants pour nos équipes et nos partenaires sur le terrain ! Plus concrètement, les activités sont organisées autour de cette journée internationale en Asie du Sud, Asie du Sud-Est, Afrique de l’Est et de l’Ouest ainsi que aux Caraïbes. Ces activités se présentent sous différentes formes, des conférences nationales aux spectacles communautaires, émissions de radio, exercices de simulation, etc. HI participera également à des forums internationaux pour partager son expérience concernant le travail sur la RRC inclusive, à Bonn, Washington et Paris, et a également participé à un évènement de sensibilisation organisé par le SIPC des Nations Unies à New York le 10 octobre 2013.

Pour aller plus loin

Ukraine, 1000 jours après : les civils sont les premières victimes de la violence armée
© M.Monier / HI 2024
Droits Mines et autres armes Réadaptation Santé Urgence

Ukraine, 1000 jours après : les civils sont les premières victimes de la violence armée

Le 20 novembre marque les 1000 jours depuis l’escalade de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’impact de cette guerre sur les civils est catastrophique à plusieurs niveaux.

Une fois encore, Handicap International pleure la mort tragique de l’une ses employées à Gaza Urgence

Une fois encore, Handicap International pleure la mort tragique de l’une ses employées à Gaza

Handicap International pleure la mort de notre collègue Sabreen et de trois de ses enfants, le 2 novembre, à Jabalia où elle rendait visite à sa famille.

Au Nord-Kivu, aider Inaya à marcher malgré la malnutrition
© E. N’Sapu / HI
Réadaptation Urgence

Au Nord-Kivu, aider Inaya à marcher malgré la malnutrition

Quand Amani a fui les conflits avec sa fille Inaya, la malnutrition a entraîné des retards de développement chez la fillette. Avec l’aide de Handicap International, elle apprend aujourd’hui à les surmonter.